Depuis les États-Unis, l’ancienne Première ministre du Sénégal, Aminata Touré, est sortie de son silence. Dans une interview accordée à L’Observateur, elle revient sans détour sur ses relations avec l’ancien président Macky Sall, sa posture politique actuelle, et les raisons profondes de sa rupture avec le régime qu’elle a pourtant contribué à bâtir.
A New York en sa qualité de Haut Représentant du chef de l’État, Aminata Touré n’a rien perdu de sa verve politique. Ces derniers mois, elle s’est démarquée par des prises de position fermes contre le président sortant Macky Sall. Pour certains observateurs, cette radicalité relèverait d’un règlement de comptes personnel. Elle, s’en défend avec vigueur.
« Pourquoi faudrait-il toujours attribuer des motivations personnelles à ceux qui défendent leurs principes avec fermeté ? », interroge-t-elle dans les colonnes de L’Observateur. « J’ai pleinement assumé mon passage dans l’ancien régime. Je l’ai quitté pour une raison de principe : la question du troisième mandat. À cela s’ajoutent les scandales financiers et les pratiques de mauvaise gouvernance que j’ai toujours dénoncés. »
Fidèle à sa formation politique de gauche, Aminata Touré affirme être restée cohérente avec ses convictions. Son désaccord avec Macky Sall, insiste-t-elle, dépasse largement les clivages personnels. « Mes divergences avec Macky Sall ne sont en rien personnelles. Elles portent sur la gouvernance du pays, marquée ces dernières années par une gestion calamiteuse et une répression sanglante. »
Elle évoque notamment les violences qui ont marqué les manifestations de l’opposition, parfois réprimées dans le sang. « Nous avons appelé à manifester pacifiquement, et des jeunes, de l’âge de nos propres enfants, ont perdu la vie. Ces martyrs de la démocratie méritent que justice leur soit rendue. On ne peut pas les oublier. »