La romancière Aminata Sow Fall a déploré, ce jeudi 12 octobre, à Kaolack, le fait que de plus en plus, au Sénégal, mis à part les élèves, même les professeurs, qui sont sensés transmettre la culture aux apprenants, ne lisent plus. L’écrivaine était au Saloum dans le cadre d’une rencontre littéraire organisée par l’Alliance Française de Kaolack (AFK), en vue de la promotion de son dernier ouvrage « L’empire du mensonge », publié en cette année 2017.
« La culture est la nourriture la plus noble, elle nous élève au dessus des petits instincts matériels. Ce sont les politiques d’ajustement structurel qui ont imposé à nos pouvoirs publics un quasi abandon du financement et du suivi des secteurs clés comme la culture et l’éducation, c’est ce jour, qu’ils nous ont privé de notre conscience. », a-t-elle estimé.
Interpellée sur le faible niveau des élèves sénégalais, l’auteur de « La Grève des Battu » et du célèbre roman « Le Revenant » a indexé, sans détour, l’abandon de la lecture.
« Au Sénégal, il est urgent d’encourager la lecture, car elle forme les esprits et modèle les âmes. On me dit toujours que les enfants ne lisent plus, mais, même les professeurs ne lisent plus. Le livre doit être plus accessible. », martèle-t-elle.
Comme pour étayer son affirmation, en bonne romancière, elle raconte une anecdote pas du tout anodine.
« Figurez-vous qu’un étudiant en Master 2 Littérature m’a demandé l’autre jour: « Mme, quels sont les différents niveaux de langue qui existent ? » Inquiète, je lui ai demandé s’il ne l’avait vu au cours, il me rétorque non, là je me demande, qu’est ce qu’on enseigne dans nos écoles? ».
Après des décennies de dévotion à la littérature et la publication de dizaines de romans et d’essais couronnés par de nombreux prix et distinctions, Mme Aminata Sow Fall a mis en place le Centre Africain d’Animation et d’Échange Culturel qui se veut un creuset d’échanges et s’active autour de l’édition des jeunes écrivains.
Aminata Sow Fall est par ailleurs une éditrice.