Grâce à la Banque africaine de développement (Bad), l’Afrique est partie pour corriger son faible taux d’accès à l’électricité (deux personnes sur trois sont privées de courant). À l’horizon 2025, elle prévoit de connecter 205 millions d’Africains de plus; 130 millions sur le réseau et 75 millions hors réseau.
Pour atteindre cet objectif, priorité de son mandat, le nouveau président de la Bad, le Nigérian Akinwumi Adesina, a nommé le Sénégalais Amadou Hott au poste de vice-président en charge de l’énergie. Misant sur son expérience bâtie au fil d’une carrière qui l’a mené de Bnp Paribas au Fonds souverain d’investissements stratégiques du Sénégal (Fonsis) en passant par United Bank for Africa, Dangote ou encore le Millenium challenge corporation.
Hott dispose d’une enveloppe de 12 milliards de dollars (7205 milliards de francs Cfa) pour financer, entre 2016 et 2020, les projets d’énergie destinés au continent. Pour la première année, 1,7 milliard de dollars ont été investis. Il faudra relever fortement le niveau du budget pour absorber l’ensemble des fonds.
« En 2017, nous espérons porter nos engagements à au moins 2 milliards de dollars, confie Amadou Hott dans un entretien paru sur le site de Jeune Afrique. Il faudra donc augmenter significativement ce budget durant les années suivantes pour atteindre notre objectif avant la fin de 2020. »
« Les États ne peuvent pas continuer à subventionner l’énergie »
Dans cette perspective, l’ancien directeur du Fonsis souligne que « le maître mot est la préparation ».
Il détaille : « Il faut d’abord accompagner les États pour définir des plans de développement énergétiques clairs, qui établissent les avantages comparatifs de chaque pays, leurs besoins, déterminer les régions à connecter via le réseau et celles qui le seront via des systèmes off-grid (hors réseau). Il faut aussi que les tarifs reflètent mieux les coûts de production et d’exploitation des sociétés d’énergie. Les États ne peuvent pas continuer éternellement à subventionner ce secteur. »
Selon Amadou Hott, les conditions sont réunies pour décharger les États du fardeau des subventions sans faire porter aux consommateurs celui des coûts prohibitifs de l’énergie.
« D’abord, le coût de production a beaucoup baissé dernièrement, notamment celui des énergies renouvelables et particulièrement des panneaux solaires, signale-t-il. Deuxièmement, le coût de financement de l’énergie verte s’est réduit, car on peut lever de l’argent à taux concessionnel, notamment auprès du Fonds vert, tandis que la compétition entre les développeurs permet d’infléchir leurs exigences de rentabilité. Concernant les centrales thermiques, en particulier celles qui fonctionnent au fioul lourd (Hfo) en Afrique, la diminution du prix du pétrole a aussi fait baisser le coût de production. Tout cela doit induire une réduction du prix payé par le consommateur. »
Réduire le prix des kits solaires
Sans compter qu’il y a le solaire. « Notre objectif est de connecter 75 millions de foyers à l’électricité (tirée du soleil) d’ici à dix ans en travaillant avec tous les acteurs, notamment avec les autres bailleurs de fonds, annonce Amadou Hott. Nous avons reçu 150 acteurs du solaire off-grid à Abidjan le 28 mars pour voir comment nous pouvons augmenter drastiquement la connectivité off-grid en Afrique. »
Le vice-président de la Bad d’ajouter : « Il faut consacrer des plans (directeurs) au off6gridm soutenir les entreprises en les aidant, par exemple, à se couvrir contre les risques de change, ou encore réduire le prix d’acquisition des kits grâce à des incitations fiscales sur l’importation du matériel. Nous réfléchissons à un plan d’accompagnement pays par pays qui inclura des financements commerciaux, concessionnels et semi-concessionnels, des interventions auprès de l’État, et la prise en compte des besoins des populations. »