Le directeur régional Afrique d’Amnesty international, Alioune Tine, a souligné, samedi à Saint-Louis (nord), la nécessité de faire un inventaire des violations des droits de l’homme et des règles démocratiques sous le magistère de Yahya Jammeh en Gambie, afin d’en tirer les conséquences de droit.
« Nous attendons des nouvelles autorités, un travail d’inventaire de tout ce qui s’est passé en matière de violation des droits humains et des règles démocratiques sous le règne de Yahya Jammeh en Gambie », a-t-il déclaré lors d’un entretien avec l’APS.
« Par respect pour les personnes disparues, les victimes de détention arbitraire, de torture, cet inventaire doit aboutir à ce qu’on tire toutes conséquences de droit. C’est l’attente des organisations de défense de droits de l’homme », a-t-il fait valoir.
« Il appartiendra à la justice réformée de cette nouvelle Gambie de tirer les conséquences de droit de cet inventaire », a-t-il confié au correspondant de l’APS en marge d’un atelier consacré aux rapports entre acteurs politiques et société civile.
Le président gambien Yahya Jammeh a perdu l’élection présidentielle au profit de l’opposant Adama Barrow, au terme de 22 ans de règne à la tête de la Gambie. La publication des résultats par la commission électorale et leur acceptation par le président sortant ont vendredi provoqué des scènes de liesse dans le pays.
« C’est une agréable surprise pour l’Afrique et pour toute la planète, en particulier les défenseurs des droits humains que nous sommes. C’est paradoxal qu’un dictateur accepte de cette manière sa défaite, mais Jammeh n’avait pas le choix », a expliqué Alioune Tine.
Selon lui, la mobilisation exceptionnelle du peuple gambien et le leadership des responsables politiques de l’opposition, qui ont su taire leurs divergences, ont eu raison du régime de dictature de Yahya Jammeh. Le directeur régional Afrique d’Amnesty international a également invité les nouvelles autorités à faire de la restauration de l’image de la Gambie auprès du continent et du reste du monde, une priorité.
« Yahya Jammeh a sérieusement écorné l’image de la Gambie ces dernières années par sa méthode de gouvernance basée sur la dictature, la torture, la terreur et la violation systématique des droits de l’homme et des règles d’un Etat de droit », a-t-il soutenu en concluant.