Le Sénégal fait face à la première nation africaine du moment, l’Algérie. qu’attendez-vous de cette rencontre ?
C’est un match de prestige mais surtout un match de préparation, un match amical. Ces matchs doivent nous permettre de préparer les échéances qui nous attendent. Choisir ces matchs-là, c’est contribuer au développement de notre équipe. Il ne s’agit pas pour nous de nous comparer à l’Algérie. C’est tout simplement un match de plus pour notre progression. Et on a à coeur de faire un bon match et de le gagner.
Le match promet d’être difficile après la défaite de l’Algérie contre la Guinée…
Cela restera un match de préparation. Après, je n’ai pas d’idée sur comment l’entraîneur (Christian Gourcuff) a préparé son équipe. Ce qui est sûr c’est qu’il a pu changer
son équipe. Il a quelques blessés aussi. Dans ce genre de matchs, au-delà de la victoire, c’est surtout essayer de faire une revue d’effectif et donner du temps de jeu aux garçons qui n’en ont pas, changer un petit peu la façon de jouer et les schémas tactiques. En perdant aussi contre la Guinée, nous savons que cela rendra encore plus difficile notre tâche. Mais, c’est ce qu’on attend de ces matchs-là. Je pense que cette opposition va nous servir quoiqu’il en soit.
Sorti d’une défaite contre l’Afrique du Sud, le Sénégal tombe sur l’Algérie. on peut dire que vous avez le goût du risque…
Le goût du risque, je pense que je ne suis pas dans cette logique de gérer le minimum. Je suis dans la logique de faire progresser mon équipe, faire avancer mon équipe, de mettre en place notre identité de jeu, notre style. Je sais que ce match-là intéresse beaucoup de gens. Il ne faut pas qu’on se laisse divertir. La seule envie que j’ai, c’est de faire en sorte que notre style se mette en place, notre identité se mette en place, que notre jeu progresse sur les plans technique, tactique, mental. Je crois qu’aujourd’hui c’est la seule chose qui est importante pour moi.
Comment appréhendez-vous l’arrivée de Saliou Ciss que vous avez eu aux Jo de Londres. Est-ce pour apporter une réelle concurrence dans le couloir gauche ?
Une équipe de football, c’est la concurrence. L’équipe nationale ne peut pas y échapper. La concurrence est partout. Elle est au niveau des gardiens, dans l’axe central, sur les côtés, au milieu, elle est devant. Je pense que cette concurrence doit pousser les garçons à continuer d’élever leur niveau de jeu. Concurrence oui mais elle doit être saine. Ce que je vois depuis dix jours me rassure. Mais effectivement, l’équipe nationale c’est aussi cela, de la concurrence.
Younousse Sankharé est venu pour concurrencer la paire Gana Guèye-Kouyaté. Comment analysez-vous cette arrivée ?
Je suis satisfait de l’arrivée de Sankharé. Il fait un très bon début de saison. C’est un très bon joueur, il est juste techniquement. Il est capable de nous apporter de la percussion, de la fluidité. Mais, je suis aussi satisfait du boulot que Cheikhou Kouyaté, Idrissa Gana Guèye et Cheikh Ndoye font. Je pense que ce sont des garçons qui ont eu à faire leurs preuves. Aujourd’hui, l’arrivée de Sankharé ne peut que les pousser à élever leur niveau de jeu. Au-delà de la concurrence, c’est surtout qu’il (Sankharé) puisse s’intégrer dans un groupe. J’espère qu’il s’intégrera bien et que, petit à petit, il nous apportera vraiment ce qu’on attend de lui.
Avec Aliou Cissé l’équipe a encaissé 4 buts en 5 matchs contre le Ghana, Le Havre, le Burundi et l’Afrique du Sud. L’équilibre a-t-il été trouvé ou il y a des choses à revoir ?
Oui il y a des choses à revoir. Je dirai qu’on a marqué 7 buts et encaissé 4. Je crois qu’au niveau offensif ce n’est pas mal. Même si je pense qu’avec l’armada que j’ai devant, nous devrions être capables de marquer plus de buts et surtout éviter d’en prendre autant. 4 buts, moi je trouve que c’est beaucoup. Cette équipe-là, dans l’identité qu’on veut mettre en place, doit être capable de défendre pour bien attaquer. On doit être encore meilleur sur notre base défensive. Maintenant, il ne s’agit pas que des défenseurs parce que défendre est une affaire de tout le monde. Les premiers défenseurs sont les attaquants. Les premiers attaquants sont les défenseurs. Si on prend autant de buts, c’est peut-être parce que, devant, les garçons ne font pas ce qu’il faut pour éviter la progression de l’équipe adverse. C’est tout cela qu’on est en train de travailler. Petit à petit, on est en train de voir comment notre bloc peut être beaucoup plus haut, beaucoup plus compact dans la verticalité comme dans la largeur. Mais tout cela c’est au fur et à mesure du temps, des matchs qu’on est en train de jouer. Petit à petit, cette équipe progressera et aura une identité réelle.
Parlons du positionnement de Sadio Mané qu’on aime bien voir derrière l’attaque que sur les côtés…
Sadio Mané est un grand joueur. Il est capable de jouer derrière l’attaquant. Si vous vous rappelez aux JO, alors que j’étais avec Karim Séga Diouf, on l’avait fait jouer derrière l’attaquant. C’est toujours intéressant d’avoir un joueur comme Sadio Mané, capable de jouer à droite et sur le côté gauche. Je pense que Sadio doit être pour l’équipe un joueur capable de nous apporter partout où il joue. Vu les qualités qu’il a, je pense que ce soit à droite, à gauche ou au milieu, cela ne doit rien changer de son impact et surtout de sa force pour que l’équipe progresse et aille de l’avant. Pour moi, ce n’est pas un débat parce qu’à Southampton, Koeman l’utilise parfois derrière l’attaquant, parfois à droite, parfois à gauche. Maintenant, c’est au garçon de prendre conscience de ce que j’attends de lui, de ce que le peuple sénégalais attend de lui, de ce que ses coéquipiers attendent de lui et qu’il se mette au niveau.
Est-ce que Aliou Cissé est à la recherche des solutions offensives ?
Dans un bloc souvent compact il y a trois solutions : il y a une possibilité de contourner le bloc, il y a une possibilité de rentrer à l’intérieur de ce bloc-là, il y a une possibilité de passer au-dessus de ce bloc-là. C’est vrai que dans notre jeu, nous sommes capables, par moments, de contourner le bloc adverse ; nous sommes capables aussi de passer à l’intérieur même si, effectivement, il nous reste à progresser dans ce domaine. Cela veut dire essayer de passer le bloc adverse par l’intérieur du jeu. A défaut, nous avons des garçons qui sont capables de nous garder le ballon quand on décide de passer au-dessus du bloc adverse. Des garçons comme Mame Biram Diouf, dos aux buts, c’est costaud. Des garçons comme Diafra Sakho, comme Moussa Konaté, sur ces jeux longs qu’on est en train de faire et qu’on essaie de les chercher, ils devraient être capables encore plus de garder le ballon et attendre notre deuxième rideau. Continuons à travailler. Nous commençons à avoir aussi beaucoup plus de qualités à l’entrejeu. Un jour viendra où on sera capable de passer à l’intérieur du jeu pour aller à l’extérieur. On sera capables de contourner l’équipe adverse et on sera capable aussi de passer audessus du bloc adverse.
Après cinq matchs, dans quels domaines l’équipe est encore perfectible ?
Je pense que nous pouvons marquer plus de buts. On se crée des occasions mais on ne marque pas assez de buts. J’aimerais voir cette équipe-là marquer plus de buts. J’aimerais aussi qu’on ait le même football. On peut être dans une équipe et ne pas avoir le même football. Je demande aux garçons de faire les mêmes choses, de les faire en même temps et de les faire en groupe. Dès lors, ils vont commencer à penser en groupe, à faire le même football, je pense qu’on sera de plus en plus meilleur dans nos chaussures.
Pourquoi Aliou Cissé ne fait pas de conférence de presse ?
Mais Aliou Cissé communique. C’est cela qui est important (rires). Est-ce que ce sont les conférences de presse qui sont importantes ?
La presse sénégalaise vous reproche de ne pas tenir de conférence de presse lors de la publication d’une liste. Que leur répondez-vous ?
Ce n’est pas la majeure partie des Sénégalais. C’est différent. Comme je vois l’ai dit, moi je ne suis pas figé là-dessus. Mais pour l’instant c’est ma façon de communiquer. C’est comme cela que je veux communiquer. à l’avenir, les choses vont peut-être changer.