En Algérie, un nouveau film du réalisateur Bachir Derrais consacré à Larbi Ben M’Hidi, une figure emblématique de la révolution algérienne, risque de ne pas voir le jour. Le réalisateur a rendu publique une lettre qu’il a reçue le 2 septembre, de la commission de visionnage et de sélection du ministère des Moudjahidines, chargé de voir et de juger le contenu de son film. La lettre émet des réserves reprochant au film de ne pas assez montrer la lutte armée du peuple algérien, ni la souffrance et la torture, ce qui bloque la sortie du film en Algérie et éventuellement à l’international. Bachir Derrais, le réalisateur, dénonce ce blocage en Algérie.
C’est difficile pour le créateur. C’est pour cela que vous constatez aujourd’hui que la majorité des jeunes Algériens viennent en France pour demander les financements, ils vont ailleurs. Les derniers films, que ce soit de Sofia Djama, Karim Moussaoui, Merzak Allouache, ils sont obligés d’aller se débrouiller ailleurs pour faire des films, ce qui est un peu honteux pour un pays indépendant depuis un demi-siècle et qui a beaucoup d’argent. Cela ne devrait pas arriver. Parce qu’ils bloquent tout ! Mais confier le sort d’un film à une commission opaque qui travaille dans l’ombre, qui envoie des rapports qu’elle ne signe pas, qu’elle n’assume pas, c’est très dangereux pour leur création, c’est très dangereux ! C’est absurde, ce n’est pas normal. C’est-à-dire que sort de ce film dépend d’un agent administratif qui peut-être n’a jamais vu un film dans sa vie. Aujourd’hui, il y a un problème de décalage. Aujourd’hui, ceux qui gouvernent l’Algérie sont en retard par rapport au développement, à l’évolution de la société. Ils sont très très en retard. Aujourd’hui, la société algérienne, elle bouillonne, elle est ouverte. Il y a des nouvelles générations. Mais le pouvoir aujourd’hui fonctionne avec la mentalité des années 50, 60. Il y a une coupure aujourd’hui entre la société et ceux qui gouvernent. Il y a un décalage énorme.
source:rfi