Le drame de sa famille avait ému tout le Sénégal. Les circonstances de la mort des 5 enfants Diaz ont choqué le monde entier. Et les politiques venus en masse, aux premières heures du drame, avaient promis de soutenir les Diaz à se relever. A avoir une nouvelle vie. Mais, après le drame, dès lors que les caméras sont parties, les Diaz ont été abandonnés. Et Ousseynou Diaz, élargi de prison depuis juin dernier, ne retrouve plus ses traces dans la société. Les seuls repères qu’il a gardés sont remplis par les douloureux souvenirs de Astou Diaz, Fama Diaz, Mama Nabou Diaz, Bébé Ndéye Diaz et Gorgui Kader Diaz…Et ça, c’est dur à vivre avec.
Libre depuis juin dernier, l’élargissement de Ousseynou Diaz -de la prison de Thiès- qui devait symboliser la fin de son calvaire, ne fait pas le bonheur de Kerbala. Comme cette ville martyre irakienne où la famille du prophète Muhamaad (SWS) a été décimée, l’homonyme de l’un des imams les nobles de l’islam est détruit. Ruiné et abandonné. Et Kerbala veut se remettre sur pieds, travailler comme tout le monde. Et se sentir utile à la société. Son pays. Ce sera la meilleure des thérapies qu’il aura besoin pour se reconstruire.
Si, entouré par ses anciens camarades détenus, il avait trouvé un semblant de quiétude aux premières heures du drame, le retour du père éploré, chez lui, a ravivé de douloureux souvenirs. Désormais seul, Ousseynou Diaz s’est retrouvé dans une société qu’il a du mal à reconnaître. Ses amis le fuient. Et ceux qui lui promettent un emploi ne tiennent pas parole quand il les appelle. Cette étrangeté a commencé chez lui, d’abord.
Dans cette modeste demeure devenue, désormais, célèbre, les bruyants pas de Astou Diaz et la joie communicative de Gorgui Kader Diaz, le petit Baaye Fall, ne résonnent plus. Leurs gênants bruits qui, jadis, révoltaient les adultes manquent aujourd’hui, terriblement, aux Diaz. « Je m’en veux de n’avoir pas été là. Si je n’avais pas choisi la facilité, en montant sur cette moto, je serai avec mes enfants. Et, jamais, ils ne seraient morts dans cet incendie« , a soupiré le père entre deux sanglots.
Et le fait que les images de l’incendie soient encore si présentes aux yeux de Kerbala rend la situation, encore, plus insupportable. Il a tout perdu. Trois années derrière les barreaux pour une banale histoire de trafics de chanvre indien; histoire dans laquelle il a été blanchie dès le début de l’instruction sans changer la position des juges de le maintenir en détention préventive.
« Je revenais de chez une tante et j’ai eu le malheur de prendre, en autostop, un motocycliste qui venait vers Dakar. Je ne savais pas qu’il transportait de la drogue. Et nous nous sommes fait arrêter par la gendarmerie. Le propriétaire de la marchandise, dès le début, a clairement dit que je n’étais pas mêlé à cette histoire. Et a raconté ce qui s’était passé. Mais, on m’a mis en prison pendant 3 ans pour rien » a déclaré Ousseynou Diaz.
Désormais seule, avec 5 enfants à charge, son épouse, Ndoumbé Dièye, a cherché à s’en sortir. Puisque les autorités municipales et comme étatiques ont failli à leur mission de prévention et d’assistance, l’épouse a cherché d’autres solutions pour ne pas mourir de faim avec ses enfants.
C’est, en son absence, pendant qu’elle menait « son combat » pour la survie que ses enfants ont perdu la vie. Surpris par de grosses fumées toxiques, les 5 enfants Diaz n’ont eu aucune chance. Ils ne se sont jamais réveillés.
Dans cet entretien exclusif accordé à Kewoulo.info, le père des « 5 enfants morts par inhalation de fumées toxiques dues à un incendie » à l’unité 16 des Parcelles Assainies, parle de son combat pour la rédemption. Kerbala a besoin d’aide.
Il est abandonné par tous. Les pouvoir publics, qui doivent apporter soutien et réconfort aux plus vulnérables d’entre nous, n’ont rien fait pour les Diaz. Et il aimerait bien que l’Etat ou la fondation vient à leur secours. A lui comme à Ndoumbé. Parce que Ousseynou Diaz que nous avons reçu dans nos locaux est un homme perdu, vulnérable.
Même s’il n’en parle pas dans cet entretien et esquive le sujet de sa situation matrimoniale -par dignité-, kewoulo.info, au cours de nos investigation, a appris qu’il est arrivé, à deux reprises, que Karbala a passé la nuit sur le carré des tombes de ses enfants dans le cimetière de Yoff.
Afin que nul ne l’ignore, il est temps que l’Etat du Sénégal se penche sur le cas de ce jeune homme -né en 1981- et qui a vécu le pire drame jamais survenu au Sénégal. Il n’a plus rien à perdre. Et notre société, elle, a tout à gagner, en lui tendant une perche.
kewoulo.info