u Sénégal, beaucoup de commentaires ce lundi 28 septembre après une déclaration du ministre du Développement communautaire et de l’Equité sociale. Mansour Faye, par ailleurs beau-frère du président, était chargé de l’achat et de la distribution de l’aide alimentaire d’urgence pendant la pandémie de Covid-19. Une aide de 69 milliards de francs CFA (plus de 105 millions d’euros). Mis en cause pour mauvaise gestion, il affirme qu’il ne répondra pas à une éventuelle convocation de l’Ofnac, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption.
« Tout s’est déroulé dans les règles de l’art », assure le ministre. « Les contrats ont été signés en bonne et due forme, il n’y a aucun conflit d’intérêts ». Mansour Faye a défendu dimanche sur la radio RFM la gestion de l’aide alimentaire d’urgence.
L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption a pourtant reçu deux plaintes sur le manque de transparence autour du processus, notamment l’attribution des marchés de transport : l’une du mouvement FRAPP/France Dégage, l’autre du président du parti d’opposition FDS, le docteur Babacar Diop.
Mais Mansour Faye n’a pas l’intention de rendre des comptes. « Ces plaintes-là, je les ai suivies à travers les médias. Je n’ai pas été convoqué. Si l’Ofnac me convoque, je n’irais pas. Parce que l’Ofnac n’a pas vocation, n’a pas compétence pour convoquer un ministre. Si des responsables du ministère sont convoqués, il n’y a aucun problème, mais moi, en tant que ministre, je ne répondrai pas une convocation de l’Ofnac. »
L’Ofnac de son côté nous renvoie à la loi portant création de l’office. Le texte indique qu’il peut entendre « toute personne » présumée avoir pris part à des faits de fraude ou corruption dans le cadre de ses enquêtes. Cette position renforce donc la suspicion dans l’opinion. Mais le ministre Mansour Faye n’entend pas non plus se justifier auprès du Comité de suivi du fonds Force Covid-19, mis en place pour évaluer les aides accordées aux entreprises et ménages touchés par la pandémie. « C’est un comité de suivi », explique-t-il, « pas un comité d’audit ».
RFI
Le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (FRAPP) et Forces Démocratiques Du Sénégal (FDS) sont très remontés contre Mansour Faye, suite à sa sortie au cours il a fait savoir qu’il ne répondra pas de sa gestion des vivres distribués durant la pandémie du Coronavirus. Ces deux entités exigent la démission du beau-frère du Chef de l’État de sa fonction de ministre.
“Si l’Ofnac me convoque, je n’irai pas. L’Ofnac n’a pas vocation à convoquer un ministre. Ça ne fait pas partie de ses compétences. En tant que ministre, je ne répondrai pas“. Ces propos du ministre Mansour Faye à l’émission «Grand Jury » de la Rfm sont une pullule qui a du mal à passer pour le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (FRAPP) et Forces Démocratiques Du Sénégal (FDS).
Dans un communiqué conjoint, ces deux entités s’insurgent contre cette attitude de “défiance des institutions de la République par un ministre“. “Après la suspension illégale du mandat de l’ex-directrice de l’OFNAC, Nafi Ngom Keita, pour avoir ouvert une enquête sur la scandaleuse affaire de Petro Tim compromettant la crédibilité de Macky Sall et de son frère Aliou Sall, c’est au tour de Mansour Faye, beau frère de Macky Sall, de prouver qu’au Sénégal, appartenir à la famille Faye Sall est un gage d’immunité“, se désolent les camarades de Guy Marius Sagna et de Babacar Diop. Qui rappellent que “le Président Macky Sall avait dit à ses collaborateurs: « La (Crei) c’est pour les autres, mais l’(Ofnac) c’est pour nous».
Mais, fustigent-ils, “Mansour Faye vient de démontrer que l’OFNAC, c’est pour les autres et non pour la belle famille” .
Ainsi, pour le Frapp et les FDS, “ce refus de rendre compte de sa gestion est en vérité, un aveu de culpabilité“. ” Il ne fait aucun doute que l’aide alimentaire qui devait soulager des populations durement éprouvées par la crise sanitaire, a plutôt servi à enrichir davantage une bande de rentiers parrainée par la famille présidentielle“, lit-on dans le communiqué.
“Comment un ministre peut-il octroyer illégalement le marché du convoyage des vivres à un député dont l’entreprise n’est pas en règle avec le fisc, et refuser de rendre compte de sa gestion?“, s’interrogent les signataires. Qui estiment que “s‘abriter derrière son manteau de beau-frère du Chef de l’Etat pour se soustraire de son obligation de reddition des comptes, principe élémentaire de bonne gouvernance, relève de la lâcheté“.
Face à ce refus de Mansour Faye de déférer à la l’Ofnac où ils ont déposé une plainte contre lui, le FRAPP et FDS mettent en garde le président de la République “contre toute forme de pression sur l’OFNAC en vue de torpiller l’enquête ouverte sur la gestion des vivres destinées aux populations vulnérables”.
Mieux, ils estiment qu’ “un ministre de la République empêtré jusqu’au coup dans un scandale aussi gigantesque et qui défie ouvertement les organes de contrôle de l’Etat n’a pas sa place au Conseil des ministres“.
Autrement, ils exigent la démission de Mansour Faye de sa fonction de ministre du Développement communautaire et de l’équité territoriale en attendant la fin de l’enquête.
Pour finir, le FRAPP et FDS annoncent qu’ils “prendront toutes les initiatives utiles, en rapport avec tous les Sénégalais soucieux de transparence et de bonne gouvernance, pour que tous les délinquants financiers qui ont détourné l’aide destinée aux populations vulnérables soient punis pour leurs délits“.
Igfm