Le chef de l’Etat félicite les maires sénégalais pour leur élan unitaire qui a permis à l’édile de Dakar de rempiler à la tête de Cglu-A. L’entourage de Khalifa Sall précise que les maires Apr n’ont joué aucun rôle dans cette réélection. Vraisemblablement, c’est le duel Macky-Khalifa qui se joue jusqu’en Afrique du Sud.
La réélection de Khalifa Sall à la tête de Cités ou gouvernements locaux unis d’Afrique (Cglua) cache une guerre souterraine entre le maire de Dakar et le président de la République. A distance, puisque le sommet Africités s’est tenu en Afrique du Sud, le parti au pouvoir et l’entourage du maire de Dakar se livrent à une bataille médiatique depuis quelques jours. En effet, des maires apéristes n’avaient pas approuvé la candidature du Socialiste qui, selon eux, n’était pas celle du Sénégal. Finalement, souligne-t-on, c’est le président de la Chambre des élus de l’Apr, Mor Ngom, qui a convaincu ses pairs du devoir de soutenir Khalifa Sall qui a été reconduit mercredi. Jusqu’ici aucune réaction de l’entourage du maire de Dakar. C’est -coïncidence ou pas- après que le chef de l’Etat a reçu à Johannesburg, l’Association des maires du Sénégal dont il a félicité les membres pour leur «élan unitaire» qui a abouti au choix de Khalifa Sall que l’entourage de celui-ci a publié un communiqué. A noter que Khalifa Sall n’a pas assisté à cette rencontre.
«Les maires de l’Apr tentent de tromper l’opinion»
Son conseiller politique, Moussa Taye, dit : «Après avoir tenté en vain de faire échec à la candidature de Khalifa Ababacar Sall, maire de la Ville de Dakar, la délégation des maires de l’Apr tente maintenant de tromper l’opinion en faisant croire qu’elle a joué un rôle déterminant dans sa réélection à la tête de Cglu Afrique.» En réalité, précise-t-il, «par ignorance des textes de Cglu Afrique, la délégation des maires de l’Apr a d’abord prétendu que Khalifa Ababacar Sall ne pouvait pas être candidat parce qu’il n’était pas le candidat du Sénégal». Or, rectifie M. Taye, «la candidature du maire de la Ville de Dakar était déjà portée par les collectivités locales et territoriales des régions de l’Afrique de l’Ouest, du Nord, du Centre et de l’Est». Ce proche de Khalifa Sall explique, en effet, que la candidature du maire de Dakar «découle d’un long processus, entamé depuis plusieurs mois». Il en déduit que c’est parce que les maires Apr ont senti que «leur démarche était vouée à l’échec» qu’ils ont fait «profil bas devant la détermination des soutiens à la candidature» du maire de Dakar. Les élus du parti présidentiel ont, selon lui, «voulu sauver les meubles en se ralliant à la dernière minute à sa candidature» et, «par mauvaise foi», «en faisant croire qu’ils ont joué un rôle majeur dans sa réélection à la tête de Cglu Afrique».
Alors, pour Moussa Taye, il se trouve qu’ «aucun d’entre eux n’est membre du collège électoral» de l’organisation et «ne dispose du droit de vote». Il poursuit : «Le collège électoral de Cglu Afrique est composé de 45 membres élus dans chacune des cinq régions du continent, à raison de 9 membres par région. Khalifa Ababacar Sall est le seul Sénégalais membre de ce collège électoral et, à ce titre, il est le seul Sénégalais à disposer du droit de vote.» En définitive, conclut Moussa Taye, «la réélection du maire de la Ville de Dakar n’est pas la victoire d’un parti ni d’un camp ; elle fait honneur à notre pays, aux collectivités locales sénégalaises dans leur ensemble, à tous les élus locaux du Sénégal et aux populations de la Ville de Dakar».
Cette réaction à forte dose du camp de Khalifa Sall a des relents de réplique aux hommes de Macky Sall. Elle insinue une récupération politique de la part du parti au pouvoir.