Le devoir de rectification
Le devoir de rectification est un principe déontologique qui pèse sur tout journaliste qui délivre une information qui s’est révélée inexacte.
Ce lundi, dans le cadre de mon Jangatt sur la Tfm, j’ai évoqué le cas de l’enseignant Ibrahima Mbodji, condamné pour viol en 2019 à 2 ans de prison par le Tribunal de grande instance de Kaolack. J’ajoutais que le juge de première instance avait estimé qu’il avait refusé de se soumettre à un test Adn et en avait déduit que c’est la preuve tacite de sa culpabilité.
La vérité est qu’après son arrestation en 2018, c’est Ibrahima Mbodji lui-même qui avait sollicité un test Adn pour prouver son innocence. Il avait ensuite bénéficié d’une liberté provisoire.
Le jour du procès, il n’avait pu amener le document attestant qu’il a effectué le test Adn, test qui était censé le disculper. Le juge avait donc conclu qu’il était coupable, l’avait condamné à 2 ans de prison ferme et avait décerné mandat de dépôt contre lui.
Ibrahima Mbodji avait alors interjeté appel et avait expliqué au juge du 2e degré que ce n’était pas lui qui avait refusé de se soumettre au test, mais bien la famille de la fille.
D’ailleurs, il avait adressé une correspondance au Dr Sy, qui avait été désigné pour faire le test. Voici la teneur de la lettre :
« Bonjour docteur Sy !
Je vous rappelle mon dossier toujours pendante devant la justice (expertise médicale pour affaire concernant : Moi Amadou Ibrahima Mbodj et R. D.)
Votre structure a été désignée par le tribunal de grande instance de Kaolack après délibéré, depuis octobre 2018 sous ma demande. Mais cela n’a pas pu se faire malgré mes multiples assauts dans vos locaux. Votre réponse a été toujours négative, car selon vous, les prélèvements ne pourront se faire sans le consentement des deux parties. Et vous n’avez aucun moyen de pression pour contraindre R. D. à venir.
Après 1 an 4 mois de liberté provisoire, l’affaire est rappelée à la barre. N’ayant pas eu les preuves de mon innocence, j’ai été jugé et condamné à 2 ans de prison ferme.
Ensuite, j’ai interjeté un appel en réitérant ma demande de test d’ADN. Malheureusement pour moi, les audiences ont été annulées à cause de la maladie de COVID 19. Et lorsque j’ai purgé 8 mois d’incarcération, une deuxième chance m’a été encore offerte par la cour d’appel de Kaolack.
C’est en prison que j’ai effectué le déplacement à mes propres charges. J’ai été accompagné par des gardes pénitentiaires et quelques membres de ma famille jusqu’à ladite structure. Menottes à la main, j’ai effectué mes prélèvements à coût de 350 000 f. C’était en Mai 2019. Ce faisant, la partie civile avait encore refusé de déférer à la convocation comme à l’accoutumée. C’est ainsi qu’une deuxième liberté m’a été accordé. Mais depuis lors, toujours pas de suite. Audiences renvoyées à cause d’absence de résultats de TESTS ADN et dans aucune de ces audiences, la partie civile n’a été présente.
Monsieur le docteur ! Mon avenir, celui de mes enfants, la réputation de ma famille sont entre vos mains. Je vous prie docteur de diligenter ce dossier dans les délais, les meilleurs».
J’ai pu trouver le numéro de M.Mbodj et l’ai appelé. Et naturellement, je me suis excusé auprès de lui et de sa famille pour avoir évoqué son cas en des termes qui ne sont pas totalement conformes à la vérité.
Je ne me limite pas à cela. Puisque j’avais porté cette information au public, mon devoir est de la rectifier et d’expliquer exactement comment cela s’est passé.
Conclusion : cette «jurisprudence» évoquée en analysant le refus par Ousmane Sonko de se soumettre à un test Adn, n’en est pas une.
Mes sincères excuses.