Affaire Ndiaga Diouf – Me El Hadji Diouf : “C’est le procès de la honte”

Avocat de Barthélémy Dias et de ses deux présumés complices, Me El Hadj Diouf a pris pour cible le procureur. Non content de s’être attaqué à son réquisitoire trop «répressif» (10 ans ferme pour Barth et 5 ans pour ses présumés complices), il a estimé que le Procureur a tout fait sauf parler de droit pénal qui est d’interprétation restrictive.

«J’ai honte. Et c’est le procès de la honte. Comment peut-on charger un député, un maire sur la base d’un acharnement. C’est un procès de règlement de comptes. Aujourd’hui où est l’autorité de Yahya Jammeh, d’Abdoulaye Wade, d’Abdou Diouf ?», s’est interrogé Me Diouf avant d’ajouter que «seule l’autorité de Dieu ne se termine jamais. “Ça fait plus de 27 ans que j’ai prêté serment, mais pour la première fois que je vois un procureur dire : “j’ai une preuve. Mais, je me garde de vous donner le nom de la personne qui est allée au Brésil pour acheter cette arme”. De qui se moque-t-on ? Cette affaire est sérieuse et on veut compromettre la carrière d’un maire, d’un député sur la base de la lâcheté. Quand on ne peut pas dire la vérité on se tait”, peste Me El Hadji Diouf.

Dans sa plaidoirie, la défense n’a pas manqué d’égratigner Tanor et Cie. «Comment un Etat peut avoir peur d’un individu pour que des Pick-up aillent faire la sale besogne. M. le juge, vous ne dépendez pas de Tanor Dieng qui est l’ami du Président de la République, l’ami du ministre de la Justice, qui est l’ami du Procureur. Macky Sall ne peut pas me sauver devant Allah. Quand le Procureur invente, c’est grave. Le Procureur a fait fausse route. Il n’y a aucune cohérence dans ses réquisitions. Il s’amuse avec la vie d’une personne. Nous plaidons la relaxe pure et simple. Celui qui doit apporter la preuve a fait dans le bavardage pour liquider quelqu’un. C’est honteux, c’est méchant, c’est “haram” (illicite). Dans ce dossier, on a choisi la contrevérité comme mode de raisonnement. D’ailleurs, Barth a usé de la légitime défense. Les nervis n’étaient pas venus pour s’amuser. Il faut le relaxer du délit de coups mortels», conclut Me El Hadj Diouf.

«On veut compromettre la carrière d’un maire, d’un député»

A son tour, Me Adama Fall a défendu les prévenus, assaillants de la mairie de Mermoz. «Est-ce qu’il y a des attestations d’huissier montrant qu’il y a eu des dégradations causées par Samba Diouf alias Ndiol. La peine de 2 ans requise par le parquet nécessite un examen approfondi des faits. Je vous prie de les renvoyer des fins de la poursuite sans peine ni dépens», a plaidé Me Fall.

Quant à Me Moustapha Dieng, il a estimé qu’il n’y a «aucun élément d’incrimination” dans le dossier. “On veut nous faire croire que le simple fait de communiquer pour assurer l’organisation de la sécurité d’un meeting peut constituer un délit. Je ne suis pas l’avocat de Barth, mais ce procès est le procès du doute. Je vous demande de relaxer les prévenus parce qu’il y a aucun élément qui permettrait d’entrer en voie de condamnation».

Me El Mamadou Ndiaye, pour sa part, a jugé «sévère» la peine requise par le procureur. «Il n’y a rien de solide dans ce dossier qui permet d’entrer en voie de condamnation. Car, l’arme utilisée par Barth n’a pas tué Ndiaga Diouf». Sa conviction est que le procureur n’a pas apporté de preuves, mais a plutôt fait des règlements de compte. «S’il y avait une robe beige-marron, ce serait le procureur qui la porterait», soutient Me Ndiaye. Il estime que le dossier Barthélémy Dias et Cie est «une affaire purement politique dans laquelle le ministère public et le Président de la République ont été cités. Par conséquent, la justice ne doit pas être le bras armé de l’exécutif».

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