Affaire libyenne : Sarkozy ment en disant qu’il n’était pas à Paris le 26 janvier 2007

Soyez précis », n’a cessé de commander Nicolas Sarkozy à son intervieweur Gilles Bouleau. Tout au long de son exercice de contre-offensive médiatique au lendemain de sa mise en examen, jeudi 22 mars sur le plateau du 20h de TF1, l’ex-chef de l’Etat a joué le « parole contre parole ». La sienne, plutôt que celle de la « bande d’assassins » du clan de « l’illuminé » Kadhafi. La sienne encore, plutôt que celle du « sinistre » et « sulfureux » Ziad Takieddine, un de ses principaux accusateurs (lui-même mis en examen) dans l’affaire libyenne.

Un homme « déséquilibré », un « escroc » « biberonné à l’argent de Kadhafi » : l’intermédiaire franco-libanais, longtemps proche des milieux balladuriens et sarkozystes, en a pris pour son grade. Pour autant, Nicolas Sarkozy dit le connaître à peine, et a martelé qu’il ne l’avait rencontré que deux fois, en 2002 et 2003.
Sauf que Ziad Takieddine, lui, assure lui avoir remis en mains propres une valise d’argent liquide « autour du 27 janvier » 2007 à Paris, alors que Sarkozy était ministre de l’Intérieur. « J’ai été conduit de la grille Beauvau jusqu’à son appartement en passant par le chemin déjà décrit », affirme-t-il aux enquêteurs. Sarkozy, qui était alors en pleine campagne présidentielle, déroule son alibi :
« J’ai la preuve que le 27 janvier je n’étais pas à Paris. J’étais en Avignon. Le 28 janvier je n’étais pas à Paris, j’étais en Avignon. Que le 26 janvier, je n’étais pas à Paris, j’étais en Poitou-Charentes. Et que le 25 janvier dans l’après-midi je n’étais pas à Paris, j’étais à Saint-Quentin. »

Il célébrait la mémoire de l’abbé Pierre
Tout cela est vrai… à quelques heures près. Le 26 janvier dans l’après-midi, Nicolas Sarkozy était bien en meeting à Vivonne en région Poitou-Charentes. Mais le matin, comme l’a repéré le site Buzzfeed dès jeudi soir, il était à Paris. Comme en attestent les archives des dépêches et des photos de l’AFP, le futur président de la République s’est alors rendu au cœur de la capitale pour assister, en la cathédrale Notre-Dame, à la cérémonie d’hommage à l’abbé Pierre, décédé quatre jours plus tôt.

Comme le rapporte la dépêche AFP de l’époque, le ministre de l’Intérieur a d’ailleurs « essuyé des sifflets sur le parvis de la cathédrale ». Pour la discrétion, c’est raté.
Auprès de Buzzfeed, son entourage admet que l’ex-chef de l’Etat a parlé trop vite :
« Ce qu’il a voulu dire, c’est qu’il n’était pas à son bureau. Son agenda l’atteste. »
Soyez précis, Monsieur Sarkozy.
L’OBS

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