Pour celles et ceux qui encore doutaient si la justice ira jusqu’au bout dans l’affaire Khalifa Sall, c’est fini le temps du doute. Hier 07 Mars 2017 à la suite de son audition par le juge d’instruction, Kalifa Sall est mis en mandat dépôt. Parents et partisants politiques sont dans le désarroi. Ils crient à l’injustice et s’interrogent. Pourquoi lui ? Pourquoi pas un autre ? Pourquoi au jour d’hui ? Pourquoi pas hier ou demain ? Le gouvernement à travers le Secrétaire d’Etat chargé de la communication s’explique et se justifie.
Selon les spécialistes, la gestion de la caisse d’avance est réglementée. C’est-à-dire que ce « fonds » mis à la discrétion du Maire doit d’être géré selon les règles de comptabilités. Ce que Khalifa Sall Maire de Dakar semble n’avoir pas respecté. Avec sa caisse d’avance, le Maire est en droit d’aider les personnes vulnérables qui ont du mal à joindre les deux bouts, les personnes malades atteintes de maladies couteuses telles que le cancer, la maladie rénale chronique, et les cardiopathies et à répondre à des urgences d’un autre genre relativement à sa commune.
Au fait, il est reproché à Khalifa Sall Maire de Dakar de n’avoir pas pu fournir les justificatifs par rapport à l’utilisation de ce « fonds » de la caisse d’avance mis à sa disposition. Dans ce cas, devant la loi, selon les juristes, il est coupable.
Par ailleurs, dans sa défense personnelle par media interposé, qui n’a rien à voir avec celle de ses avocats face aux accusations portées sur lui Khalifa Sall n’a pas convaincu plus d’un en évoquant l’histoire de la gestion de la caisse d’avance de la commune de Dakar et en refusant de donner la liste nominative des bénéficiaires.
Selon lui, depuis l’indépendance du Sénégal en1960, les dépenses relatives à la caisse d’avance de la commune de Dakar n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque justification. Pour lui et pour la plus part de ses partisans, il s’agit de fonds politiques laissés à la discrétion du Maire pour aider les personnes vulnérables et répondre à des situations d’urgence qui peuvent être de nature diverse.
Qui de la caisse d’avance, qui des fonds politiques ou fonds spéciaux c’est selon l’interlocuteur, on est en droit légitimement et logiquement de se poser la question de quoi s’agit-il exactement ? La réponse à cette question est fournie par le truchement des comptes rendus de la presse par plusieurs acteurs : le procureur de la république maitre des poursuites au nom de la société sénégalaise et Khalifa Sall, partisans politiques et avocats qui crient au complot politique.
Par ailleurs, la sortie médiatique du procureur de la république sur cette affaire Khalifa Sall traduit un souci d’information de l’opinion publique de plus en plus affirmé du secteur de la justice. Ce qui est une bonne chose. Toutefois, on peut ne pas être d’accord avec lui sur sa manière de parler ou sur ce qu’il dit mais cette nouvelle approche de communication du procureur de la république déclinée sous forme de conférence de presse est à encourager et à saluer.
Cependant, à mon humble avis, le gouvernement doit revoir sa politique de communication sur cette affaire Khalifa Sall en arrêtant Yaxam Mbaye. Dans sa soit disant communication, il en a créé plus de problèmes qu’il avait intention de régler par démarche de communication. Au final, il mélange tout. Si le procureur s’est exprimé sur le sujet en indiquant ce qu’on reproche à Khalifa Sall, ça se comprend, il est acteur de la justice et c’est le maitre des poursuites au nom de la société sénégalaise. Mais lorsqu’intervient un acteur politique en la personne de Yaxam Mbaye Secrétaire d’Etat chargé de communication pour expliquer une affaire de justice, on ne comprend pas. Que tente-t-il de justifier ? Y ‘a t’il quelque chose à justifier ? Il n’est pas le procureur. Il n’est pas le juge d’instruction. Ce n’est pas parce qu’il est Secrétaire d’Etat chargé de communication qu’il doit s’exprimer sur tous les sujets notamment sur ce sujet. Il n’est obligé pas de parler .Parfois, il vaut mieux se taire que de parler. Car un fou qui sait se taire passe pour homme sage.
Si économiquement on doit aller de l’avant, réaliser des progrès par l’innovation pour arriver à l’émergence, il en va de même que l’on doit consentir des efforts pour revoir la nature des rapports que nos institutions judiciaires ont avec les justiciables. Pas uniquement les institutions judiciaires. Toutes les institutions de la république. Le droit à l’information est érigé en valeur constitutionnelle depuis la Constitution de 2001. Le Maire comme le procureur de la république se doit d’informer l’opinion publique quand c’est nécessaire. L’un au nom de la population qui l’a élu et l’autre au nom de la république. Sur ce, doit-on s’attendre dans le futur que le procureur de la république, maitre des poursuites s’exprime régulièrement à l’instar de ce qui se passe en France ?
Bref ! c’est un secret polichinelle de dire que les Maires donnent des appuis financiers à la veille de la tabaski aux personnes pauvres en vue de les permettre de passer une bonne fête comme tout le monde, des bourses de formation ou d’études à des élèves et étudiants ,prennent en charge des personnes atteintes de maladies onéreuses. Eh bien ! Pour réaliser tout cela où est-ce que les Maires trouvent l’argent ? Est-ce dans la caisse d’avance ou ailleurs ? Sur la base de quels critères les demandeurs d’aides sont choisis ? Qui a droit à une aide ? Qui n’en a pas droit ? Quelles sont les pièces à fournir prouvant ce droit à l’aide de la commune?
En effet, le véritable problème, ce me semble, auquel on est confronté en tant que société africaine particulièrement sénégalaise est celui de ne pas réussir l’intégration harmonieuse de nos valeurs culturelles et religieuses dans nos textes législatifs et règlementaires d’inspiration profondément occidentale.
Au nom des valeurs culturelles dont il est attaché notamment le « soutoura », Khalifa Sall a refusé de publier la liste nominative des personnes ayant bénéficiées du « fonds » de la caisse d’avance. Ce qui est une preuve de courage, de sens élevé de la dignité humaine et de loyauté vis-à-vis de ses convictions culturelles et religieuses. Sur ce, on est en phase. Au nom de la transparence doit-on tout dire ? Doit-on tout montrer ? Aussi, l’ancien Président de la république Me Abdoulaye Wade avait donné en guise de cadeau d’adieu une mallette d’argent au représentant de la banque mondiale venu lui dire qu’il quittait le Sénégal. Ce dernier avait rejeté poliment l’offre parce que la politique de la banque mondiale interdit à ses agents de prendre ce genre de cadeau mais aussi, il est possible de dire également c’est parce que culturellement, il est différent de Me Abdoulaye Wade qui est un digne fils du Sénégal. Généreux et imbu des valeurs culturelles sénégalaises.
Combien de personnes ont bénéficié des fonds politiques de l’ancien Chef de l’Etat. Me Abdoulaye Wade ? Dieu sait qu’ils sont nombreux et issus de toutes les catégories socio-professionnelles. Cependant, on n’a jamais entendu quelqu’un dire avoir refusé son offre. Personne ! Personne ne lui a retourné ce qu’il lui a donné, excepté, il semble feu Khalife général des Mourides Serigne Saliou Mbacké. Et pourtant ce geste de l’ancien Président Me Abdoulaye Wade avait une signification culturelle incompréhensible des occidentaux et de personnes de culture occidentale.
Le Sénégal est une exception de stabilité politique en Afrique malgré les soubresauts parfois douloureux qu’il a connu dans le passé. C’est un havre de paix où il est agréable de vivre. Cette situation lui a procuré beaucoup de faveurs qui ont contribué à son essor économique. Cette stabilité tient de la qualité de notre justice et de la qualité de notre peuple. Pour aller vers l’émergence, nous avons besoin de stabilité politique durable. En toutes circonstances, quand quelqu’un te dira « dura lex sed lex » répond lui « summun jus summa injuria » Que Dieu bénisse le Sénégal !