Attrait devant la barre du tribunal correctionnel de Dakar pour association de malfaiteurs, faux en écriture de commerce, faux et usage de faux, détournement de deniers publics et complicité d’escroquerie, Yaya Bodian a nié les faits retenus contre lui.
« Je ne reconnais pas les faits », a-t-il déclaré à la barre avant d’indiquer qu’il a agi sur instructions de son directeur, Mbaye Touré. Ce dernier lui avait ordonné de lui trouver des factures. Il dit s’être alors rapproché de Mme Fatou Touré pour trouver des pièces justificatives. « C’était juste pour la forme. Il n’y avait pas de livraison de produit. Elle a accepté et chaque mois, elle me signait des factures tout en sachant que ce n’était pas des produits qui seront livrés, mais que c’était pour justifier les dépenses », dit-il.
« C’est un mécanisme qui a été proposé par un percepteur. Il nous avait dit que l’on savait tous que ce sont des fonds politiques et nous a suggérés de verser des factures pour couvrir ces décaissements. Il lui fallait ces factures pour justifier ces décaissements puisque le support de ces dépenses était une caisse d’avance », note-t-il.
Le comptable ajoute qu’une telle pratique a toujours été en vigueur avant l’arrivée de Khalifa Sall. « Cela datait d’avant l’arrivée du maire Khalifa Sall. Même avant lui c’était toujours comme ça », soutient le comptable.
À la question du juge de savoir pourquoi le choix du Gie en question, il a répondu qu’il savait que Mme Traoré avait les entêtes d’un Gie. « Je me suis rapproché d’elle pour lui demander de m’en prêter. Elle a accédé à ma demande. C’était juste pour régler un problème comptable. Mais comme c’était devenu récurent, elle m’a donné les références du président du Gie et on a continué. Je faisais ça juste pour aider mon supérieur hiérarchique. Les fournisseurs établissaient les factures », se dédouane-t-il.
Sur interrogatoire du juge, il reconnait que le Gie n’a jamais été payé. « Il n’a jamais reçu livraison. Je l’ai fait à l’insu d’Ibrahima Traoré (le président du Gie). J’ai fait 24 factures pour tous ces montants-là qu’Ibrahima Traoré n’a jamais vu. C’était juste pour régler un problème comptable », dit-il.