Affaire financement de campagne : voici les preuves que Kadhafi a bel et bien remis de l’argent à Sarkozy

L’affaire de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 par le guide Lybien, Mouhamar Kadhafi est loin de connaitre sa fin. Mediapart qui a toujours été convaincu de la véracité des faits vient d’ouvrir un autre chapitre. En effet, le site vient de faire parler l’homme de main de Kadhafi qui aurait remis les valises d’argent à un ministre de M. Sarkozy. Il s’agit de l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine. Il explique dans un entretien comment, entre 2006 et 2007, il aurait transporté 5 millions d’euros en liquide, du régime libyen au bureau même de Claude Guéant, alors directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy à l’Intérieur, rapporte le site du journal français lesinrocks.com.

“J’ai découvert des choses qui ne méritent plus d’êtres cachées”, explique Ziad Takieddine dans un entretien filmé par Mediapart (recueilli le 18 octobre puis filmé le 12 novembre) et diffusé le 15 novembre 2016. Dans cette vidéo de 16 minutes, l’homme d’affaire franco-libanais, explique qu’il souhaite “raconter exactement les faits de l’intérieur.” A savoir, comment il aurait servi d’intermédiaire entre la France et la Libye, entre 2006 et 2007, en transportant 5 millions d’euros, divisés en 3 valises d’argent liquide, du régime libyen à la place Beauvau à Paris, lorsque Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur.

Trois valises pour un montant total de 5 millions d’euros

Trois valises donc – deux de 1,5 million d’euros et une de 2 millions – qui auraient transité d’Abdallah Senoussi, l’un des chefs des services secrets libyens jusqu’au au bureau de Claude Guéant, alors directeur de cabinet de M Sarkozy. La première valise ainsi transportée remonterait à novembre 2006.

“Un jour, M. Senoussi me demande si je peux être celui qui transporte ces sommes à Claude Guéant, de l’intérieur. À ce moment-là, je dis ‘si c’est bon, c’est bon’. Mais comment faire rentrer ça en France? Il me dit : ‘Le ministère de l’Intérieur sera informé et donc tu rentres, il n’y a pas de problème’, explique M. Takieddine.

Arrivée en France, il se rend directement place Beauvau, sur l’indication de Claude Guéant lui-même. Sur place, il entre directement et se rend au bureau de M. Guéant.

‘Il sort de derrière son bureau. On parle un tout petit peu. Il voit où j’ai laissé la valise. Et voilà‘. Takieddine laisse la valise dans le bureau : “À côté de l’armoire là, je la laisse. À lui de se débrouiller. Je n’ai pas à savoir où il va la mettre…”

“La prochaine fois vous venez chez moi direct !”

Une deuxième transaction suivant le mode opératoire aurait eu lieu, cette fois pour un montant qui avoisinerait les 2 millions d’euros. Mais il y aurait eu un léger changement au moment de l’arrivée de M. Takieddine à Beauvau :

“Je devais me diriger vers M. Guéant et là on me dit qu’il faut qu’on me dirige ailleurs. Et là je vois M. Guéant qui nous amène chez M. Sarkozy. Qui est dans un bureau. Donc je dépose la valise, le truc… Guéant le prend. Et je vois Sarkozy et il me dit : ‘La prochaine fois vous venez chez moi direct !’”

Lors de la troisième remise, qui aurait eu lieu en janvier 2007, Takieddine affirme s’être rendu, avec en sa possession une valise qui contiendrait 1,5 million d’euros, directement dans l’appartement privé du ministre Sarkozy, à Beauvau. Les deux hommes ne parlent pas de la valise, à aucun moment, mais évoquent le cas des infirmières bulgares retenues en Libye.

“L’appétit financier” de Sarko

Cet enregistrement, accablant pour Nicolas Sarkozy arrive au pire moment pour lui, à moins d’une semaine du premier tour de la primaire de la droite et du centre en vue de la présidentielle de 2017. Pour rappel, comme l’explique Mediapart, le 9 mai 2012, “Takieddine avait déjà déclaré aux juges ‘tout à fait crédibles’ les ‘informations révélées par la presse au sujet du financement de la campagne de M. Nicolas Sarkozy de 2007 à hauteur de 50 millions d’euros’. Un an plus tard, le 18 décembre 2013, il avait expliqué sur procès-verbal qu’à l’issue de la première visite de Nicolas Sarkozy, en 2005 à Tripoli, Abdallah Senoussi lui avait fait part de l’appétit financier de Nicolas Sarkozy dans la perspective de l’élection de 2007.” Le 20 septembre 2012, M. Senoussi, interrogé par la Cour pénale internationale avait déjà raconté cette histoire aux éléments qui corroborent l’histoire de M. Takieddine aujourd’hui.

Sollicité par Mediapart, Claude Guéant a affimé n’avoir “jamais reçu d’espèces du gouvernement libyen, non plus de de quiconque d’autre du reste. Je n’en ai pas davantage vu passer. Le prétendre est un mensonger et diffamatoire.” L’entourage de M. Sarkozy n’a lui pas souhaité répondre.

Comme l’explique Mediapart : “Les listings des déplacements de Ziad Takieddine, désormais entre les mains de la justice, confirment ses nombreux allers et retours Paris-Tripoli entre novembre 2006 et janvier 2007 : les 16-17 et 27 novembre 2006, le 6 décembre 2006, les 15 et 26-28 janvier 2007. Sous réserve des vérifications que ne manqueront pas de faire les enquêteurs, ces voyages rendent matériellement possibles les transferts de fonds évoqués par Takieddine.

Le chapeau et le titre sont de la rédaction

Source : www.lesinrocks.com

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