Affaire du bateau de 3, 9 milliards : Les contours du scandale de l’engrais

L’audition de l’homme d’affaires Aziz Ndiaye et de son frère Massata qui était prévue ce jeudi, par le juge du 2e cabinet dans le cadre de l’instruction de l’histoire de détournement d’une cargaison d’engrais, estimée à 3, 9 milliards F CFA a été finalement reportée. Cette affaire ne fait pas partie de la reddition de compte lancée par le nouveau régime. C’est un contentieux privé qui oppose la Directrice de la société Transcontinental Transit dite TCT, Ndèye Nancy Niang et l’homme d’affaires truc Rahul Chandra. 

Arrêtée pour association de malfaiteurs, contrebande, abus de confiance, escroquerie, vol, faux et usage de faux en écritures privées de banque, Nancy Niang avait cité plusieurs opérateurs économiques. Seneweb revient sur les contours du scandale de l’engrais.      

La nébuleuse remonte en 2020. Le 18 mars 2020, la société Ree-Energy Fze basée aux Emirats Arabes Unis dirigée par le Turc Rahul Chandra et la société sénégalaise Amine Group établie à Dakar, 78 Rue Moussé Diop, représentée par Nancy Niang, avaient signé un contrat de vente de 35.000 tonnes d’engrais (urée) en provenance d’Oman. Après un an, un contentieux a éclaté entre les partenaires.

Dans une plainte, datée du 12 avril 2021, l’avocat Cheikh Ahmadou Ndiaye avait saisi le procureur de la République du tribunal de Grande Instance de Dakar contre Ndèye Nancy Niang, es-nom es-qualité de la société Transcontinental Transit dite TCT, pour abus de confiance, conformément à l’article 383 du Code pénal. Dans sa plainte enregistrée le 15 avril 2021 au parquet, l’avocat agissant au nom du Turc Rahul Chandra, cite Nancy Niang comme représentante légale de la société Transcontinental Transit et de la société Amine Group pour les faits suivants : la société Re-Energy Fze basée aux Emirats Arabes Unis dirigée par Rahul Chandra a conclu un contrat de vente et d’achat d’urée, le 18 mars 2020, avec la société Amine Group, basée à Dakar, représentée par Madame Nancy Niang pour la vente de 35 342 945 tonnes métriques d’urée granulaire pour un montant total de 6 151 586 778 F CFA, payable au plus tard le 20 mars 2020 à livrer au Port Autonome de Dakar.

Toutefois, la société Transcontinental transit TCT, représentée elle aussi par la dame Ndèye Nancy Niang, avait été désignée comme agent des autorités maritimes et douanières par Amine Group.  Mais selon l’accusation, Nancy Niang a pris le contrôle de la marchandise sans paiement du Port de Dakar. Elle la stocke dans deux de ses entrepôts au Cices et à Rufisque. Elle a refusé de retourner la marchandise et a ignoré de nombreux rappels de paiement de RE-Energy. Alors, pour une résolution amiable dans les meilleurs délais, Re-Energy a convenu, selon la lettre plainte, de signer un autre accord, le 25 août 2020, sous la contrainte de 28.000 tonnes et a été contrainte de laisser 7342,945 tonnes entraînant une perte de 1 279 586 778 F CFA. Et d’après les nouveaux termes du contrat, les conditions suivantes ont été convenues : «Re-Energy a accepté de recevoir un paiement de 28.000 tonnes contre 35 353 947 F CFA. Ensuite, Re-Energy a donné mandat à Nancy Niang de procéder à la vente de 12.000 tonnes sur 2800 MT d’urée pour un montant de 2 milliards 146 millions F CFA au plus tard le 30 décembre 2020. Enfin, le solde de 1600 tonnes d’urée vendues à Stals Group et paiement direct à Re-Energy ». Mais l’avocat dans sa plainte a déploré le fait que Ndèye Nancy Niang n’a honoré aucune partie de l’accord.

Délais, versements et virements non respectés…

Seulement après plusieurs sommations, elle a accepté d’effectuer le paiement des 12.000 tonnes au plus tard le 30 janvier 2021. Mieux, en raison de son refus de vendre l’urée au Groupe Stals où le paiement allait directement à la société Re-Energy, un nouvel accord avait été signé le 26 janvier 2021, sous la contrainte. En ce sens, Re-Energy avait donné un autre mandat à la société TCT pour procéder à la vente de 10.000 tonnes d’urée d’une valeur de 1,3 milliard FCFA payable au plus tard le 31 mars 2021.

Sauf que Niang n’a respecté aucun engagement des contrats signés. Les multiples relances par courrier électronique faites par la société Re-Energy n’ont reçu aucune suite à l’exception de deux courriers en date du 1er octobre 2020, dans laquelle Nancy Niang confirme la livraison de 12.000 MT à son client. Et celui-ci daté du 28 octobre 2020 dans laquelle elle confirme le paiement intégral de la somme dans le délai d’une semaine. Dans ce fait, une mise en demeure lui a été servie à la date du 27 novembre 2020. Mais, elle est restée infructueuse.

Sur le tonnage convenu de 22.000 tonnes métriques qui lui a été donné pour une valeur de 3 milliards 446 millions F CFA, Nancy Niang n’a rendu que la somme de 435 890 104 F CFA. De plus, le stock a diminué d’une quantité de 5500 tonnes équivalant à la somme de 957 millions FCFA. Pire, aucune justification n’a été rapportée par rapport au manquement invoqué.

Selon toujours la lettre de plainte, Nancy Niang avait la garde du stock remis à la société TCT et avait tout le pouvoir d’effectuer des opérations de vente au nom et pour le compte de la société Re-Energy avec autorisation préalable de 22.000 tonnes métriques seulement. Pourtant, depuis le 4 avril 2020, Nancy Niang a refusé de faire des comptes rendus à sa mandante.

Nancy mouille son collaborateur…

Une autre mise en demeure en date du 18 mars 2021 lui a été servie. Celle-ci est restée également sans effet. En réponse à celle-ci, Nancy Niang a adressé une lettre à sa mandante. Dans celle-ci, elle invoque des vols commis par un certain Mamadou Lamine Ngom et tente ainsi de se dédouaner du manquement enregistré. Ce dernier serait aussi actionnaire à Amine Group, mais seule Nancy Niang a signé le contrat entre la société sénégalaise et Re-Energy.

Mamadou Lamine Ngom qui était poursuivi dans une autre procédure pour une dette d’un milliard F CFA avait pris la fuite. Or, dans sa plainte, la société Re-Energy ne vise que la société TCT et Amine Group où la dame Ndèye Nancy Niang est actionnaire. Elle a la pleine garde des marchandises. Les entrepôts sous douane lui appartenaient. Toute quantité retirée des entrepôts est de sa responsabilité. En tant qu’agent, elle est également responsable du dédouanement. Sans dédouanement ni paiement, aucune marchandise ne peut être vendue ou prise dans un entrepôt de stockage.

Pour la plaignante, il est constant que dans cette histoire, Ndèye Nancy Niang a reçu de sa part un lot de marchandises avec pour mandat de le vendre et de réserver le prix. Seulement, après mise en demeure, elle ne s’est point exécutée.  Son attitude est constitutive d’abus de confiance au regard de l’article 383 du code pénal.

Le procureur de la République a procédé par soit-transmis, confié l’enquête à la Sûreté urbaine de Dakar. Au terme de l’enquête, Ndèye Nancy Niang a été déférée au parquet de Dakar pour les délits d’association de malfaiteurs, contrebande, abus de confiance, escroquerie, vol, faux et usage de faux en écritures privées de banque. Elle a été finalement placée sous mandat de dépôt en mars 2022 par le juge du 2e cabinet qui a ouvert une information judiciaire.

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