AFFAIRE DES TERRES DE NDINGLER: Bassirou Diomaye Faye détruit Babacar Ngom

« La création de champions nationaux aptes à aller à la conquête de la sous-région, de l’Afrique voire du monde est un pilier fort de mon engagement en politique. Le patriotisme économique est à mes yeux sacré. Mais j’abhorre l’injustice au plus haut point. Je déteste voir les supposés plus forts écraser les plus faibles.

Ne tuons pas nos champions nationaux. Mais ne laissons nos champions nationaux muter en vampires sans foi ni loi ou en capitalistes cyniques et dépourvus de l’éthique minimale des affaires.

A Ndingler intervient un couple de bienfaiteurs (Roland Rince et Gisou Rince) par le truchement de leur association « Cœurs et mains liés ». Des blancs pure souche, de nationalité française. Quand ils sont arrivés dans ce village auquel l’Etat n’a presque rien donné, tout le monde a su qu’ils avaient l’âme humaine et sensible. J’ignore leur confession mais ils ont agi en croyants.

La liste de leurs réalisations au profit des habitants est éloquente et le bail se poursuit :
 Construction de 4 salles + clôture entière de l’école ;
 Construction de logements pour les Enseignants ;
 Construction d’une case de santé ;
 Dotation d’une ambulance ;
 Dotation du moulin à mil pour réduire la pénibilité des travaux des femmes ;
 Construction du local qui abrite le moulin à mil ;
 Construction d’une case des tout-petits ;
 Construction d’une boutique pour le village + marchandises de départ d’une d’environ de huit-cent mille (800.000) francs ;
 Construction d’un foyer des jeunes ;
 Formation d’une cohorte de jeunes dans les domaines suivants : santé, électricité et couture ;
 Forage de quatre (04) puits ;
 Achats de chèvres pour certains villageois dans le cadres des dons circulaires qu’ils ont initiés ;
 Prise en charge de frais médicaux pour certains villageois etc.

Il y a un (01) an, Roland Rince est décédé. Et madame Rince s’est fait le devoir de perpétuer l’œuvre de l’association qu’elle partageait avec son mari. Pourtant, ils n’ont pris aucun centimètre carré aux paysans de Ndingler. Aucun !

A ceux qui disent que Babacar Ngom est un modèle de réussite, je dis, sans savoir sur quoi cette réussite est bâtie, que je partage votre opinion. La success story telle que racontée parle pour lui… Mais aucune réussite ne donne droit à nulle personne le droit d’extorquer, d’affamer et finalement de tuer les plus pauvres.

Les agissements violents à Ndingler m’ont ôté toute l’estime que j’ai pu avoir pour l’homme. Je le trouve cynique. Je le trouve inhumain. Au-delà de l’entrepreneur intrépide sous les dehors duquel il apparait, l’affaire de Ndingler a mis à nu, son vrai visage.

Lorsque, poursuivi par la clameur Akilee, il fut contraint par les membres du club des investisseurs de publier une lettre d’excuses au peuple sénégalais, voilà ce qu’il eût dit : « Le vendredi est pour les jours de la semaine ce qu’est le Ramadan parmi les autres mois de l’année, ai-je appris d’un Saint Homme.
Ce vendredi 22 mai 2020 est le dernier de ce mois béni qui, dans quelques jours, in chaa Allah, nous offrira l’heureuse opportunité d’unir nos cœurs dans la paix de la Korité.
Le mois béni du Ramadan, et spécialement le jour de l’Aïd, est toujours une occasion de nous tourner vers Allah (SWT), Lumière des Cieux et de la Terre, pour implorer Sa Miséricorde et clamer Ses Bienfaits. Il est le Maître de l’Univers et du Temps.
Aussi, réfugié auprès de Lui, je saisis l’occasion pour demander pardon aux membres de ma famille, à mes amis, à mes collaborateurs, à mes interlocuteurs de chaque jour, à mes compagnons de route dans la vie sociale et dans les affaires et à tous mes compatriotes.
La main sur le cœur, je vous dis à toutes et tous « Bal lenn ma akh » !

J’ai, en lisant cette lettre à l’époque été pris par le devoir (mais l’affaire Ndingler était trop sérieuse pour être noyée par le scandale Akilee) de lui rappeler que le mois du ramadan est certes un mois de pardon. Mais c’est aussi le mois de la miséricorde.
Quand il demandait pardon à l’occasion de ce mois béni, il ne manifestait parallèlement aucune pitié, aucune miséricorde pour de pauvres paysans abandonnés à eux-mêmes qui ne doivent leur salut, en partie, qu’à l’action humanitaire et désintéressée d’un couple de bienfaiteurs toubabs bons teints.

La relative légalité alléguée par certains ne saurait cacher le cynisme qui a irrigué la démarche d’accaparement des terres. Ce n’est pas une question de loi sur le domaine national ou que sais-je encore. Ce qui s’est passé à Ndingler est un vol. Point barre.

Quand, sachant que la délibération de la commune de Sindia a empiété sur les champs des cultivateurs de Ndingler, Babacar Ngom est allé voir les villageois pour leurs promettre monts et merveilles dans le seul but de les spolier de leurs terres, la réponse de ces paysans viscéralement attachés à la terre a été un non sans équivoque. Et les 2.000.000 de nos pauvres francs vicieusement dégainés n’ont pas réussi à les faire plier. Di-gni-té !

En ce moment-là aucun droit de propriété n’était né à son profit. Ni décret, ni bail, ni titre foncier n’existaient. Mais malgré le refus, à lui, opposé, il s’est servi de sa proximité avec le Président de la République et d’une certaine bureaucratie pour les spolier honteusement. Il reste, par sa cupidité, le seul fautif dans cette histoire. Il sera l’unique responsable de tout ce qui arrivera.
Ces gens que j’ai écoutés me raconter leur rage et leur amertume sont déterminés. Ils ne comptent pas mourir de faim et regarder leur progéniture mourir de faim, dans l’anonymat total. Ils préfèreraient mourir dans leurs champs, en martyrs et garder leur dignité jusqu’à leur dernier souffle.

Et pourtant il s’y est rendu et a vu l’écart abyssal entre le niveau de vie des villageois et son confort bourgeois mérité. Quel cynisme !
Entamer une procédure administrative visant à spolier 40 familles de pauvres paysans, sachant qu’ils n’en seront guère informés et ensuite venir leur opposer un droit de propriété né de cette procédure, il faut être au sommet de la pyramide de l’immoralité et de la cupidité pour le faire. Babacar Ngom-Sédima l’aura réussi. Au nom des poussins ».
Bassirou Diomaye Faye

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