L’affaire des talibés de Ndiagne commence à prendre des proportions inquiétantes dans la mesure où le procès de Serigne Cheikhouna Guèye s’est terminé hier mercredi en eau de boudin. Le tribunal de Louga a été saccagé et le personnel exfiltré. Du sang a même coulé car plusieurs personnes ont été blessées dont un Asp grièvement d’ailleurs. Du coup, c’est l’Etat qui est attaqué et ses institutions fragilisées. Si le tribunal se plie à la volonté des manifestants, le Droit ne sera pas dit. Et si le Droit est dit, l’unité nationale peut s’en retrouver hypothéquée. Une véritable impasse signée Serigne Cheikhouna Guèye.
C’est l’Etat du Sénégal qui est attaqué de plein fouet, quand des souteneurs du maître coranique, Serigne Cheikhouna Guèye, arrêté pour avoir enchainé des talibés, vandalisent le Tribunal de grande instance de Louga, réclamant ainsi la libération de leur collègue. L’enjeu aura été de taille puisque ces actes de vandalisme sont d’une extrême gravité dans un Etat où force doit rester à la loi. S’il est vrai que nul n’est censé ignorer la loi, il reste certain que les souteneurs du maître coranique semblent prêts à aller jusqu’au bout de leur logique. Cette affaire n’est guère à banaliser car elle risque de mettre le pays sens dessus-dessous. Et les signes et signaux sont déjà visibles. Le tribunal de Louga a été prestement saccagé, des membres du personnel dont un Aps grièvement blessé, les tables et les portes cassées, les vitres brisées. Le jury de l’instance judiciaire a été exfiltré car les souteneurs du marabout avaient la rage au cœur lorsque le procureur a requis 2ans de prison dont 2 mois ferme au principal prévenu. La confusion était à son comble nonobstant les missions de bons offices affichées par certains protagonistes de la situation. L’Etat est foncièrement fragilisé par ce puissant lobby des marabouts qui ruminent des rancœurs historiques liées à leur traitement déconsidérée par la toute puissance publique. S’y ajoute l’idée que des forces tapies dans l’ombre combattent insidieusement l’Islam par le biais des autorités du pays. L’Etat doit-il faire profil bas dans cette affaire au risque de perdre sa sacralité ? Doit-il aussi sévir au risque d’exposer le pays à des troubles politico-religieux. Ce qui reste sûr, c’est que les autorités de la République font face à un dilemme cornélien. Et le renvoi du procès de Serigne Cheikhouna Guèye le 4 décembre prochain risque d’être la goutte d’eau qui va déborder le vase d’un monde islamique sénégalais qui se sent piétiné. Gageons que les autorités judiciaires sauront séparer la graine judicaire de l’ivraie religieuse afin d’éviter de ternir davantage la sacralité de l’Etat en tant que tel.