Affaire des 46 milliards : Le scandale révélé par Dame Mbodji prend une nouvelle tournure

L’affaire, révélée par le nouveau directeur général de la Société de gestion des infrastructures publiques dans les pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose (SOGIP), Dame Mbodji, prend une tournure des plus inquiétantes selon Libération.

Premier directeur général nommé depuis l’avènement du duo Diomaye–Sonko, Dame Mbodji s’est signalé par son franc-parler. Récemment, il a levé le voile, sans langue de bois, sur une situation particulièrement préoccupante : la SOGIP continue de rembourser un prêt de 46 milliards de Fcfa contracté auprès d’une banque, initialement destiné à la construction de l’Université Amadou Makhtar Mbow à Diamniadio.

Une opération financière aux allures de scandale

À l’origine, un contrat de 59,88 milliards de Fcfa avait été signé le 3 avril 2015 entre l’État du Sénégal – via le ministère de l’Enseignement supérieur – et un groupement constitué de Yildrim Holding AS, Éti Béton et Touba Matériaux, à la suite d’un appel d’offres restreint.

Mais contre toute attente, c’est Marylis BTP, alors dirigée par l’actuel président de l’Assemblée nationale ivoirienne Adama Bictogo, qui fut mandatée pour solliciter et obtenir un financement auprès de Bank of Africa Capital Holding. Le 14 septembre 2016, une convention de crédit est signée entre l’État, la SOGIP, la BOA et Marylis BTP. La société en question devient bénéficiaire des 46 milliards de Fcfa, remboursables sur 82 mois.

Une clause de cette convention (Annexe 2) exigeait qu’un décret de garantie souveraine soit pris deux mois après le premier décaissement. Ce décret, n°217-487, sera signé le 6 avril 2017.

Des irrégularités en cascade

Selon le rapport de la Cour des comptes sur les finances publiques, cette garantie figure parmi des engagements de l’État à hauteur de 2265,45 milliards de Fcfa contractés sans autorisation parlementaire, non inscrits dans les lois de finances, ni dans les registres de la Direction de la Dette publique.

Par ailleurs, le montant emprunté (46 milliards) était inférieur au coût global du projet, et le taux d’intérêt de 6 % HT dépassait le plafond de 3 % fixé dans le règlement de la consultation. Plus troublant encore : aucune des entreprises du groupement adjudicataire ne figure dans la convention de crédit. C’est donc Marylis BTP, étrangère à l’accord initial, qui a bénéficié intégralement du prêt, devenant de facto exécutant du marché.

Un contrat résilié, une entreprise liquidée, mais une dette toujours en cours

Le 27 décembre 2017, soit quelques mois après la garantie étatique, le contrat de Marylis BTP a été résilié par l’État pour retards répétés sur le chantier. Pourtant, la totalité du prêt avait déjà été consommée par l’entreprise, qui sera par la suite liquidée, laissant de nombreux sous-traitants sans règlement.

Aujourd’hui encore, la SOGIP est contrainte de rembourser une dette contractée au profit d’une société disparue, qui n’a jamais mené à terme le chantier, lequel fut par la suite confié à Ron Yafette de DSC.

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