Affaire de la sextape : le parquet souhaite que l’enquête aille jusqu’au bout

Jeudi, la cour d’appel de Paris statuera sur la validité de l’enquête et notamment sur le bien-fondé des agissements d’un policier. Nous avons pu lire le réquisitoire de l’avocat général.

Jeudi, un nouveau match débutera dans l’affaire dite de la sextape, pour laquelle l’attaquant du Real Madrid Karim Benzema (30 ans) reste mis en examen, plus de trois ans après la plainte de son ancien coéquipier en Bleu, Mathieu Valbuena (34 ans). C’est en effet ce jeudi que la cour d’appel de Paris réexaminera la validité de l’enquête et étudiera l’arrêt que la cour de cassation a pris le 11 juillet 2017. Cette dernière avait cassé et annulé la décision de la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris qui avait refusé en décembre 2016 de prononcer la nullité de la procédure.

Si la cour d’appel abonde dans le sens de la cour de cassation, et annule une partie du travail des forces de l’ordre, l’affaire pourrait ne pas aller jusqu’au procès. Mais selon nos informations, la partie risque de durer encore et encore et pas seulement parce que la décision sera mise en délibéré et non publiée jeudi. Nous avons pu parcourir les conclusions de Luc Fons, l’avocat général. À ses yeux, la demande de nullité n’est aucunement recevable.

Cette demande de nullité avait été déposée en mai 2016 par les avocats de Mustapha Zouaoui, Karim Benzema, Karim Zenati et Younes Houass, quatre protagonistes de cette histoire qui a commencé au printemps 2015, autour d’une vidéo qui met en scène l’ancien meneur de jeu de l’Olympique de Marseille. La vidéo était ensuite tombée entre les mains de personnes mal intentionnées, Mustapha Zouaoui et Axel Angot, deux hommes qui fréquentaient assidûment le milieu du foot marseillais.

Pour les avocats de Zouaoui, Benzema, Zenati et Houass, le noeud du problème est la manière avec laquelle la police a mené ses investigations. Ils visent en particulier les écoutes téléphoniques entre un policier, Yann Bessette, alias «Lukas», et Younes Houass. Ils estiment que, durant leurs nombreux échanges, le policier qui s’est fait passer pour un homme de confiance de Valbuena, aurait incité Houass à commettre une infraction, le poussant notamment à demander une rançon, chose que le mis en examen pour chantage n’a jamais faite. Ils soulignent aussi que c’est «Lukas» qui avait repris contact avec Houass alors qu’il n’avait plus de nouvelles depuis trois semaines.

Pour le procureur, l’enquête de la police ne souffre d’aucune contestation possible

Une grosse partie de l’enquête repose sur ces écoutes. Lors d’une interview accordée le 21 septembre au journal L’Equipe, Houass avait confié qu’il attendait avec impatience cette journée du 4 octobre, et avec une grande confiance la décision de la cour d’appel de Paris.

Si cette dernière abonde dans le sens de la cour de cassation, l’affaire pourrait se terminer et ne jamais aller jusqu’au procès. Mais pour le procureur, le travail du policier ne souffre d’aucune contestation possible : «L’intervention de « Lukas » aux fins d’établir la tentative de chantage commise jusqu’au 20 juin 2015 et d’en identifier les auteurs n’a pas à être remise en cause, peut-on lire dans le réquisitoire de l’avocat général. Elle a eu pour seul but de permettre la constatation d’une activité délictuelle et d’en arrêter la continuation.» Pour le Parquet, il n’y a donc eu aucune incitation car le délit existait déjà. «Lukas » est apparu le 20 juin 2015. C’est à cette date qu’il est entré en contact avec un des intermédiaires. Il faut rappeler que Valbuena avait déposé plainte le 8 juin 2015.

Que va-t-il se passer si la cour d’appel suit le réquisitoire du Parquet ? Il y a quelques semaines, l’un des conseils de Younes Houass, Maître Bolaki, avait proposé une version de la suite du feuilleton : «Si la cour d’appel ne confirme pas la nullité, on ira à nouveau devant la Cour de Cassation. Et si celle-ci nous donne raison, le tribunal sera cette fois obligé de suivre l’arrêt de la Cour.» Ce n’est donc sans doute pas encore demain qu’on pourra ranger dans un placard le lourd dossier de l’affaire de «la sextape de Mathieu Valbuena». Celui qui avait écarté Karim Benzema de l’équipe de France avant l’Euro 2016.

Guillaume Dufy
L’Equipe

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici