Ils ont été nombreux à s’étonner lorsqu’ils ont vu Mamadou Oumar Bocoum et Ibrahima Touré, les deux anciens percepteurs, retournés tranquillement chez eux, après leur audition par le juge d’instruction, le 8 mars dernier, au moment où le maire de Dakar, Khalifa Sall et cinq de ses collaborateurs sont, eux, placés sous mandat de dépôt dans le cadre de la caisse de la mairie de Dakar. Placés sous contrôle judiciaire, Bocoum et Touré sont pourtant inculpés pour « association de malfaiteurs, complicité de détournement de deniers publics et complicité d’escroquerie portant sur des deniers publics » au même titre que les autres.
Jurisprudence Aziz Diop
Cette libération est d’autant plus troublante que, pour les mêmes faits, Abdou Aziz Diop, l’ancien directeur du cabinet du ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Oumar Sarr, a passé 22 mois en prison. Poursuivis pour « escroquerie portant sur les deniers publics, faux et usage de faux en écritures privées et complicité d’escroquerie, détournement de deniers publics, faux en écritures privées, complicité de faux en écritures privées et tentative d’escroquerie » sur quelque 2 milliards 586 millions Cfa dans le cadre du marché des produits phytosanitaires, l’ex patron des cadres libéraux et ses coïnculpés dont Aida Mbodji seront relaxés le 28 mai 2015.
Justice à deux vitesses
Pourquoi cette rigueur de la loi n’a pas été appliquée sur Bocoum et Touré? Pourquoi Khalifa Sall dont les responsabilités constituent une garantie suffisante n’a pas pu bénéficier d’un contrôle judiciaire? En tout cas, certains voient derrière la libération de Bocoum une » main politique ». En effet, nos sources rappellent que le percepteur à la ville de Dakar est à la tête d’un mouvement de soutien dénommé « Kanel émergent » qui soutient les actions du président de la République Macky Sall. D’ailleurs, cette thèse avait été soutenue par Me Clédor Ly, avocat de Khalifa Sall, selon qui, « l’appartenance politique » de Bocoum et de Touré « leur auraient tirés d’affaire »
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