Le 1er avril 2017 passé, Fatou Traoré devait savourer une retraite paisible après 29 ans de service à la mairie de Dakar. Mais la secrétaire de direction à la Direction administrative et financière de la ville de Dakar s’est retrouvée empêtrée dans l’affaire dite la caisse d’avance.
C’est elle qui a fourni à son patron, Mbaye Touré, l’entête du Gie famial, Keur Tabbar, pour fabriquer de fausses factures et permettre ainsi le décaissement mensuel de 30 millions de FCfa remis en mains propres à Khalifa Sall. Son frère, Ibrahima Traoré, président du Gie, a expliqué toute sa surprise au juge comme nous vous le révélions. Ce 17 mars 2017 aussi, Fatou Traoré ne se débine pas. Au contraire, elle assume le faux.
Lorsque le doyen des juges lui demande, les yeux dans les yeux, si le Gie avait livré du mil ou du riz à la mairie de Dakar, elle avoue : «Non, jamais ». Le magistrat instructeur enchaîne : « Comment pouvez-vous nous expliquer les factures portant l’entête du Gie Tabbar contenant des articles et désignations de 15 tonnes de riz et de 15 tonnes de mil pour le compte de la ville de Dakar ? » La concernée confesse : « Il y a un comptable chargé du traitement des documents justificatifs de la caisse d’avance de la ville de Dakar. Il s’appelle Yaya Bodian. Un jour, ce dernier est venu me demander de lui prêter l’entête du Gie de mon frère sans autre précision pour justifier la caisse d’avance. J’ai accédé à sa de- mande. Yaya Bodian ne savait même pas que j’étais membre du Gie. Je n’avais même pas avisé mon frère Ibrahima Traoré qui est le président du Gie. Au début, j’attendais qu’il remplisse les factures qu’il me présentait et j’y apposais le cachet du Gie après les avoir signées mais par la suite je lui ai remis le cachet même si je ne sa- vais pas ce qu’il faisait. »
Pourtant, quelques heures plus tard, Yaya Bodian conteste cette version des faits devant le doyen des juges. « J’ai dit à Fatou Traoré que c’est Mbaye Touré qui m’a chargé de lui demander de lui prêter les entêtes du Gie de son frère pour la justification des dépenses de la caisse d’avance. Je remplis- sais les factures en y mettant du riz et du mil », avoue-t-il. Le chef du bureau du budget de la ville de Dakar ajoute : « Ensuite, je les présentais à Fatou Traoré pour signature et apposition du cachet du Gie. Par la suite, elle m’a remis le cachet et, mensuelle- ment, j’établissais les factures que je signais moi-même. Non, il n’y a jamais eu de livraison de mil ou de riz. Je n’étais pas conscient d’être en train de commettre du faux. »
Cheikh Mbacké Guissé -Libération