Affaire Boughazali et Cie : Les révélations fracassantes de l’enquête

Placé en garde à vue hier, Seydina Fall dit Boughazaly a encore défendu, devant les gendarmes, la thèse du sac qu’il aurait confisqué à un ami qui lui devait de l’argent. Les éléments de l’enquête de la Sr taillent en pièce cette légende et, à plusieurs reprises, Boughazaly a eu du mal à répondre à certaines questions (…). Libération révèle en exclusivité les contours de cette mafia organisée au sein de laquelle s’activait l’ancien parlementaire mais aussi un restaurateur qui fourguait des faux billets à ses… pauvres clients.

Placé en garde à vue hier et déféré aujourd’hui devant le Procureur de la République, Seydina Fall Boughazaly a servi aux gendarmes la même version soutenue dans la presse. A savoir que Pape Malick Sy dit Kalz lui devait de l’argent après la vente d’un terrain situé au Lac Rose. Il aurait confisqué le sac de ce dernier pour se faire payer. Toujours dans sa narration des faits, l’ancien député soutient que le jour de son arrestation, Malick Samb, un ami de Kalz, l’a appelé pour qu’une connaissance vienne récupérer le sac en échange d’une «avance». C’est lors de cet échange qu’il a été arrêté par la Section de Recherches (Sr).

A vrai dire, dans cette affaire, les vaillants gendarmes de la Sr ont recherché et obtenu le flagrant délit. Et hier, lors de son interrogatoire, Seydina Fall a eu à plusieurs reprises des trous de mémoire. En effet, Malick Samb et cinq autre suspects ont été les premiers à tomber dans le cadre de l’enquête. Un lot important de billets noirs a été saisi sur eux. Il se trouve que Malick Samb a avoué aux gendarmes que son fournisseur n’était personne d’autre que Seydina Fall alias Boughazaly. Mieux, il a décidé de coopérer avec les gendarmes en appelant Boughazaly pour lui dire qu’un client avait besoin en urgence de billets noirs et de…mercure pour les laver. Après échanges, Boughazaly lui propose 46 millions de Fcfa en billets noirs (euros et dollars) à 3 millions de Fcfa. Ils s’accordent et Samb indique au responsable de l’Alliance pour la République (Apr) que le client amènera la somme convenue.

Boughazaly ne se doute pas en ce moment que le fameux client était un gendarme infiltré. Face à l’enquêteur, Boughazaly ouvre la malle arrière de sa voiture pour livrer le sac contenant la «marchandise» et du…mercure. L’élément infiltré décline ses fonctions, une équipe civile de la Sr, qui suivait discrètement l’échange, sort sa planque et Boughazly est embarqué. Mieux, lors de la perquisition effectuée chez l’ancien parlementaire et en sa présence, les gendarmes découvriront un autre lot de billets noirs et du mercure à la pelle.

Il y a plus grave encore : le patron d’un restaurant figure dans le lot des complices présumés de Boughazaly qui ont été arrêté. Le rôle de ce dernier était de fourguer des faux billets aux clients, qui ne se doutaient de rien, en leur rendant la monnaie après paiement de leur commande. Libération reviendra, comme promis, en détails sur cette rocambolesque affaire dans laquelle tout mouille Seydina Fall.

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