Les aveux destructeurs d’Oumar Samb
Lors d’une sortie ayant précédé son arrestation, Seydina Fall alias Boughazaly présentait Oumar Samb comme son ami. «Un ami» et camarade politique qui, en plus d’avoir contribué à son arrestation en flagrant délit, s’est confessé face aux gendarmes selon les informations exclusives par dans Libération quotidien de ce lundi 2 décembre 2019.
De toutes les personnes arrêtées, dans le cadre de l’affaire des billets noirs, Seydina Fall dit Boughazaly disait ne connaître qu’Oumar Samb. Même si, lors de son audition sous le régime de la garde à vue, il finira par dire aux gendarmes qu’il avait un lien avec le ressortissant burkinabé, Moussa Ouédrago. Comme nous le révélions, c’est Oumar Samb, cueilli à Ouakam en même temps que Mallé Diagne, Khalifa Ababacar Dia et Ousmane Dione dit «Nguess » après l’interception de Mamadou Diop dans un hôtel de la place, qui, depuis le bureau du patron de la Sr, a appelé, le 14 novembre 2019, Boughazaly pour lui faire part de la commande d’un ami qui avait besoin de billets noirs avant qu’un rendez-vous ne soit fixé devant la Brioche dorée de Ngor. La suite est connue : Boughazaly sera arrêté en flagrant délit par un agent infiltré, qui s’était présenté comme le fameux client dont parlait Oumar Samb. Ce, pendant qu’une équipe de la Sr, qui était en planque, cernait la voiture de l’ancien député pour sécuriser les preuves.
Oumar Samb passe à table et déballe tout.
La veille de cette opération, lorsque des éléments la Sr sont venus le chercher, Oumar Samb savait que les carottes étaient cuites. Mais comment ce doyen, né en 1960, a-t-il pu se retrouver dans cette galère ?
Economiste de formation, Oumar Samb a aussi une autre casquette : il est responsable politique et président du mouvement « Diarign sa rew ». «J’ai connu Seydina Fall dit Boughazaly en tant qu’homme politique. On s’est rencontré à plusieurs reprises lors de manifestations politiques. C’est dans ce cadre qu’il a eu à me parler des billets noirs qu’il détenait. Il m’a même dit que c’est avec l’argent issu de ce trafic qu’il finançait ses campagnes », a-t-il confié, lors de son interrogatoire sous le régime de la garde-à-vue.
«Boughazaly m’a dit… ».
Oumar Samb de poursuivre sa confession : «Il a ajouté avoir beaucoup de paquets dans son bureau qu’il veut échanger en Fcfa ». Pourtant, face aux enquêteurs qui lui notifieront qu’il est interrogé en position de garde à vue ce 20 novembre 2019 dès 17 heures, Boughazaly a balayé d’un revers de la main cette accusation : «Je n’ai pas de billets noirs dans mon bureau ».
N’empêche, Oumar Samb ne s’est pas arrêté à ces confidences. Il a même détaillé comment il est entré dans la business, en achetant des billets noirs à Boughazaly, face aux difficultés que traversait son entreprise : «Un jour, Boughazaly m’a invité à son domicile, à Guédiawaye, à la Cité Alioune Sow. Sachant que j’avais des problèmes financiers, il m’a proposé des billets noirs qu’il détient et qui, une fois lavés, pour m’aider à sortir de mes difficultés (…). J’ai proposé à Boughazaly de me vendre un paquet de billets noirs d’une valeur d’un million de dollars à un million de Fcfa. Lorsque j’ai récupéré les billets, je suis allé sur internet et j’ai vu beaucoup d’internautes dire qu’ils étaient capables de laver les billets noirs. J’ai finalement rencontré un Nigérian qui a réussi à laver les billets que Boughazaly m’avait remis. Cela m’a rassuré et après j’ai revendu les billets à Mamadou Diop que Khalifa Dia m’a présenté. C’est dans ces circonstances que j’ai été arrêté ».
Avant de présenter ses «excuses » et de solliciter la clémence de la justice, Oumar Samb, lâchera une autre bombe : «Boughazaly disait qu’il détenait des milliards en billets noirs. Il se vantait souvent de la bonne qualité de sa marchandise ».
Moussa Ouédraogo et son «tonton député ».
C’est d’ailleurs Oumar Samb qui a présenté Moussa Ouédraogo à Seydina Fall. Installé au Sénégal depuis six ans, et marié à une Sénégalaise, ce ressortissant burkinabé a rajouté une couche aux aveux de Samb : «(…) Lorsque Samb m’a présenté à monsieur le député, il y’a de cela trois mois, ce dernier m’a reçu dans sa voiture où il m’a montré beaucoup de billets noirs qu’il m’a proposés de laver. Après avoir fait la comparaison avec de vrais billets, je lui ai dit que les siens n’étaient pas de bonne qualité. Après deux rencontres au cours de laquelle j’ai renoncé à ses propositions, il m’a remis 7 billets de 10.000 Fcfa et quatre de 100 dollars à tester avant de me donner rendez-vous à l’Assemblée nationale. Je l’appelais tonton député. J’avais l’intention de travailler avec tonton député si le lavage marchait ». Ambiance…
Avec Libération Sénégal Online