L’affaire Amadou Lamine Diagne, du nom de cet ancien agent de l’administration pénitentiaire maintenu au service enrôlement de la Cour d’Appel de Dakar, n’a pas encore révélé tous ses secrets. Et pour cause.
Les audiences fictives ayant permis de libérer ou d’alléger les peines de détenus n’étaient que la face visible de l’iceberg. Les enquêteurs ont établi qu’Amadou Lamine Diagne gérait un autre « buisness » : le transfert d’autres détenus vers le Cap Manuel où les conditions de détention sont réputées moins rigides.
En usant des mêmes procédés mafieux et contre paiements, Amadou Lamine Diagne a ainsi pu « transférer » vers le Cap Manuel ou d’autres prisons des détenus qui n’avaient même pas purgé la moitié de leurs peines.
Interrogé sur ce point alors qu’il était entendu par la Section de Recherches sous le régime de la garde à vue, Amadou Lamine Diagne a esquivé, arguant que cette prérogative relève de l’administration pénitentiaire.
Tout au plus, il a reconnu l’organisation des « audiences fictives ». A ce propos d’ailleurs, il a tenu à laver à grande eau les magistrats de la Cour d’Appel où il exerçait. Il a juré qu’aucun juge exerçant à la Cour d’Appel n’a été au courant de son trafic mafieux.
Une entreprise criminelle, selon Libération qui aurait perduré si la gendarmerie n’avait pas frappé au cœur de ce réseau. Car, grâce à sa position, Diagne disposait des signatures de toute sa hiérarchie qu’il avait scannées. Le journal ajoute même que ces audiences fictives ont même permis la libération du Congolais, Mariem K., de l’Espagnol Jorge C.A et du Camerounais Messina P.R. Ce nombre vient s’ajouter aux 12 Nigérians déjà cités et de plusieurs Sénégalais.