Adji Sarr : « j’ai pleuré toute la nuit quand Sonko a gagné Ziguinchor » et affirme avoir fait plusieurs tentatives de suicide

Un peu plus d’un an après sa plainte contre Ousmane Sonko pour « viols répétés avec violence » sur sa personne, il n’y a toujours pas de procès en vue dans cette affaire. Adji Sarr, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a accordé un entretien au journal en ligne, Le Monde dans lequel, elle affirme traverser des moments très durs qui l’ont poussée à tenter de se suicider 5 fois. Elle révèle également avoir pleuré toute la nuit du 23 janvier dernier, après avoir appris la victoire de Ousmane Sonko aux élections locales de Ziguinchor. Aujourd’hui, elle a pour projet de quitter le Sénégal et de devenir une grande figure engagée du féminisme. Extraits choisis de l’article du journal en ligne Le Monde, consacré à la fille qui est à l’origine de l’affaire qui a coûté la vie à 14 Sénégalais en mars dernier

Adji Sarr ne cache pas sa colère envers l’Etat et les associations féministes. « Ici, les féministes n’osent pas défier les hommes puissants et choisissent leurs combats en fonction des personnes incriminées. Pourquoi ne m’ont-elles pas soutenue ? » Contactées, les organisations historiques affirment vouloir « laisser la justice faire son travail ».

Sans ressources et sans diplôme, orpheline de mère et non reconnue à la naissance par son père, Adji Sarr affirme survivre grâce aux dons d’une association, qui refuse de révéler son nom « pour des raisons de sécurité ». « Les gens pensent que j’ai été payée par l’Etat pour accuser Sonko. Pourtant, je n’ai même pas de quoi m’acheter des culottes », enrage-t-elle.

« Cinq tentatives de suicide »
La jeune femme dit souffrir de stress post-traumatique consécutif aux viols présumés et affirme avoir fait plusieurs tentatives de suicide. Elle assure vivre recluse avec une tante maternelle. Pour des raisons de sécurité, toute sortie doit être mûrement organisée en amont. Elle ne s’y risque plus.

Elle décrit un quotidien rythmé par de courtes siestes agitées, l’écriture d’un livre et la prière : « Dieu est mon seul espoir. Je ne crois pas en la justice de mon pays, car celle-ci et l’Etat craignent Sonko. C’est un homme de terreur. »

« J’ai pleuré toute la nuit quand j’ai appris la victoire de Sonko à Ziguinchor »
Recroquevillée sur son fauteuil, elle dépeint la peur qui s’est amplifiée depuis qu’Ousmane Sonko a pris la mairie de Ziguinchor. « J’ai pleuré toute la nuit quand je l’ai appris. Si des gens ont élu un homme accusé de viols, ils voteront pour qu’il soit président un
jour », s’insurge-t-elle.

« Je veux quitter le Sénégal et devenir une féministe engagée »
Adji Sarr espère désormais quitter le Sénégal, où elle ne peut « même plus sortir sur son balcon », pour rejoindre un pays où elle pourra se reconstruire. Cette affaire l’a rendue « très forte », assure-t-elle. « Je veux devenir une féministe engagée pour défendre les victimes comme moi, qu’on ne croit pas. »

En novembre 2021, elle est sortie d’un long silence pour soutenir, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Ndèye Fatima Dione, Miss Sénégal 2020, qui avait affirmé avoir été victime de viol. « J’espère que, cette fois-ci, l’Etat va prendre ses responsabilités pour protéger ses filles. »

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