Il y a un an jour de la tamkharit, je me trouvais illégalement en otage en prison. Je déclenchais une grève de la faim qui déroutait l’état. Le soir, ayant réussi mon coup, et me trouvant face au couscous que mes parents m’avaient amené, mes codétenus formaient un bouclier pour que j’en mange. Cette solidarité carcérale m’avait émue.
L’administration pénitentiaire avait eu beau tenter de minimiser ma grève de la faim, c’était trop peu, trop tard. Mon stratagème avait marché. Les médias du monde entier en avaient parlé. L’effet fut puissant jusqu’à pousser le khalife des mourides, dans un acte spirituel et de grandeur, à m’envoyer son fils aîné afin que j’arrête ma grève. Abdoulaye Wade, l’ancien président, en fit de même. Dans le pays, la volonté du régime crapuleux de me maintenir incommunicado avait échoué. De Macky SALL jusqu’à son faussaire de ministre de la justice, ils faisaient dans leurs culottes.
Nelson Mandela a raison. Seule la chair du prisonnier est enfermée. Pas ses idées. Les miennes ont fait trembler jusqu’à son effondrement virtuel la prison de Rebeuss. Elles ont ridiculisé l’appareil judiciaire et politique sénégalais, illégitime et branlant…
Loin du Sénégal, je n’ai pas eu droit cette année à du couscous mais celui de l’an dernier et les douleurs qu’il a infligées à mes geôliers continue de me nourrir.
Adama Gaye Le Caire 30 août 2020
Ps: Chaque jour pendant ma détention je sortais une nouvelle idée qui désarçonnait le pouvoir inculte de Macky SALL l’illégitime.