Adama Barrow réclame plus de soldats sénégalais, avertit les rebelles du Mfdc, confirme la traque et roule vers un «wax waxeet» sur son mandat

Adama Barrow réclame plus de soldats sénégalais, avertit les rebelles du Mfdc, confirme la traque et roule vers un «wax waxeet» sur son mandat

En visite en France, le Président Adama Barrow a accordé à Rfi une interview dans laquelle il reconnait que Yaya Jammeh a encore des amis et de l’influence dans le pays. Dès lors, il demande que les forces de la Cedeao restent encore et que le Sénégal lui envoie plus de soldats. S’agissant d’éventuelles poursuites contre Yaya Jammeh, il affirme que personne n’est au dessus de la loi, y compris l’ancien Président. Adama Barrow souligne par ailleurs que les rebelles du Mfdc n’auront aucun soutien de son régime, car déstabiliser le Sénégal, c’est déstabiliser la Gambie. Interpellé sur sa promesse de faire 3 ans au milieu des 5 ans constitutionnels, Barrow a fait dans le clair-obscur.

Adama Barrow réclame plus de soldats sénégalais, avertit les rebelles du Mfdc, confirme la traque et roule vers un «wax waxeet» sur son mandat

Cinq cents soldats de la Cedeao sont actuellement en Gambie pour assurer la sécurité des nouvelles autorités. Leur mission devrait se terminer dans deux mois, mais pour le Président Barrow, «c’est très tôt» que ces troupes étrangères partent. «Nous voulons qu’ils restent aussi longtemps que ce sera nécessaire», précise-t-il. Non seulement il veut que ces soldats restent encore, mais il a aussi sollicité l’arrivée d’autres soldats sénégalais. «Cinq cents, ce n’est pas beaucoup. C’est pourquoi nous avons signé le traité de sécurité avec le Sénégal. Nous demandons au Sénégal de nous envoyer plus de soldats, des milliers de soldats, pour assurer notre sécurité».
A la question de savoir s’il redoute un coup d’Etat des nostalgiques de Yaya Jammeh, le nouvel homme fort de Banjul n’y va pas par quatre chemins pour reconnaître que son prédécesseur a encore des partisans et de l’influence dans le pays, et qu’il faudrait réformer l’armée pour assurer la sécurité du nouveau régime. «22 ans, c’est long. Il a encore de l’influence. Il a des amis en Gambie. Nous avons besoin des Sénégalais pour stabiliser la situation et pour que nous puissions réformer et former nos forces armées. C’est très important. Et nous ne pourrons pas le faire si la sécurité est insuffisante», explique-t-il. Toutefois, il souligne que «tous les arsenaux militaires sont sous le contrôle de la Cedeao». S’il n’est pas encore au palais présidentiel, c’est parce que l’ancienne demeure de Jammeh «a besoin d’être rénovée». Il promet que dès que les travaux de rénovation vont finir, il va rejoindre le palais présidentiel.

«Personne ne soutiendra la rébellion sous mon régime»

Que les rebelles du Mfdc se le tiennent pour dit. Ils ne pourront plus compter sur la Gambie dans leur lutte contre l’Etat du Sénégal. Adama Barrow l’a clairement affirmé. «Personne ne soutiendra la rébellion dans aucun pays sous mon régime. (…). Nous voulons la paix au Sénégal. Nous sommes voisins. Nous sommes un pays. Tout ce qui se passe au Sénégal affecte la Gambie. Tout ce qui se passe en Gambie affecte le Sénégal. Nous nous engageons donc à assurer la paix en Casamance. La paix en Casamance est fondamentale. C’est important et je pense que nous sommes prêts à participer à ce processus».

«La construction du pont ne prendra pas plus de deux ans, je crois»

En outre, Adama Barrow est revenu sur la nécessité de la construction du pont entre les deux pays. «Le pont ? Sa construction se poursuit, parce que nous croyons que c’est très important. La communication, c’est très important pour le développement. C’est donc très important pour nous de construire ce pont. C’est important pour le Sénégal. C’est important pour la Gambie. Le travail se poursuit. Nous comprenons son importance. Donc, certainement très bientôt, il sera terminé. Ça ne prendra pas plus de deux ans, je crois», explique-t-il.

Tout le monde répondra de ses actes y compris Yaya Jammeh

Pour le Président Barrow, il ne saurait être question d’absoudre les anciens tenants du pouvoir coupables de crimes ou délits. «Justice sera faite. La loi s’applique à tous. Personne n’est au-dessus des lois. Nous avons rétabli l’Etat de droit. Et il vaut pour ceux qui ont commis ces crimes. Cela ne fait que commencer», martèle-il. Interpellé sur le cas personnel de Yaya Jammeh, il réaffirme ses propos : «je vous ai dit que personne n’est au-dessus de la loi. C’est pareil pour tout le monde. Nous ne voulons pas d’une ‘’Ferme des Animaux’’ où certains animaux sont mieux traités que d’autres».
Le Président Barrow s’est aussi prononcé sur l’assassinat du journaliste Deyda Aïdara en 2004. Et c’est pour affirmer que ceux qui sont autour de ce crime seront démasqués «bientôt». Il révèle que son gouvernement, qui veut faire toute la lumière sur cette affaire, a même demandé l’aide des Américains, dont «l’expertise dans le domaine du renseignement» sera utile dans le traitement de ce dossier.

Promesse de faire 3 ans au lieu de 5 ans : Barrow vers un «wax waxeet» ?

Le Président Adama Barrow, avec toute sa coalition, s’était engagé pour un mandat transitoire de trois ans en cas de victoire. Mais, cette promesse sera-t-elle tenue ? L’intéressé, interpellé sur la question, a fait dans le clair-obscur. «J’ai parlé de trois ans. Mon mandat constitutionnel est de cinq ans. Nous avons du travail à faire. Nous verrons bien dans trois ans si nous avons accompli ce que nous voulions faire ou non», soutient-il. Les Gambiens apprécieront, eux qui savourent encore les délices de l’alternance démocratique.

Mbaye THIANDOUM

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