ACTIVITÉS TERRORISTES PRÉSUMÉES : Imam Alioune Badara Ndao parle… » Moi, Alioune Badara Ndao… »

Le 14 février prochain l’imam Alioune Badara Ndao et ses 31 coaccusés seront jugés devant la Chambre criminelle de Dakar pour des faits de terrorisme présumé, entre autres. Pour la première fois, Libération livre les déclarations faites par l’imam devant le Doyen des juges.

9 mai 2016, il est 9 heures 40 minutes lorsque Imam Alioune Badara Ndao fait face au doyen des juges Samba Sall en présence de ses conseils Mes Massokhna Kane, Babacar Ndiaye, Moussa Sarr et Ababacar Cissé.
« Je suis né le 5 juin 1960 à Ndanane dans l’actuel arrondissement de Sibassor dans le département de Kaolack. Je suis musulman. En 1967 j’ai été au daara de Coki à l’âge de sept ans pour y apprendre le Coran. J’y ai prolongé mon séjour jusqu’en 1973 pour aider mon maître dans l’enseignement des plus jeunes. Après Coki, je suis allé au daara de Serigne Mor Mbaye Cissé à Diourbel pour apprendre à écrire le Coran sans le regarder. Cette méthode est appelée « Bekhi ». Après deux ans je suis parvenu à mes fins en 1975.Je suis par la suite resté chez moi à Ndalane auprès de mon père qui a été également un maître dans l’enseignement religieux musulman. Ainsi il m’a appris beaucoup de choses dans la littérature et la grammaire.
En 1979, à son décès, je me suis orienté vers d’autres foyers islamiques d’enseignement comme la localité de Santhie Diamal non loin de Diamal dans l’actuel département de Mbirkilane. J’y suis resté jusqu’en 1980 avant de partir vers une autre localité dénommée Maka Gouye dans le département de Kaffrine non loin de Nganda pour aider un condisciple dans l’installation d’une école coranique.
En 1982, je suis parti vers une autre localité environnante du nom de Kathiot pour apprendre l’art et la poésie En 1984 je me suis présenté à un concours à Dakar pour le recrutement de prédicateurs. Ce concours était ouvert à sept pays. J’ai réussi au concours organisé par la Ligue islamique mondiale et l’école s’appelle institut des études coraniques dont le siège est à Nouaktchott en Mauritanie.
La formation a duré deux ans et en 1987 j’ai installé mon école coranique à Ndalane, mon village natal, pendant deux ans. J’étais obligé de transférer mon école à Kaolack parce que les charges financières étaient devenues insupportables. Je me suis d’abord installé à Ndorong, devenue Touba Ndorong jusqu’en 2000 avant d’être attributaire d’une parcelle à Touba Ndorong Extension où j’ai installé le daara depuis lors. Lorsque l’école commençait à accueillir de plus en plus de pensionnaires et devenue étroite, les autorités administratives m’ont attribué d’autres surfaces.
L’école comporte un internat et un semi-internat ouvert au voisinage. Il y a également un troisième volet appelé franco arabe. Mais s’agissant des enseignements il n’y a pas de différence entre ces différentes entités, les pensionnaires sont tous dans la même classe et reçoivent la même formation », affirme d’entrée l’imam Alioune Badara Ndao.
Relancé par un de ses conseils, il poursuit : « En 2011 j’ai viabilisé une parcelle de 50 sur 50 qui m’était attribué depuis 2004 mais l’inspection d’académie y a montré un intérêt au point que cette parcelle est maintenant au nom de l’Etat pour permettre à l’inspection d’académie d’en faire une école franco arabe moderne, c’est à dire qui fonctionne selon les normes définie par l’Etat et sous la supervision et la direction de l’inspection d’académie. Les enseignants sont formés et payés par l’Etat du Sénégal.
Le centre abrite également une mosquée et j’en suis l’imam aussi bien pour les cinq prières que pour la prière du vendredi mais en cas d’empêchement je suis remplacé par les autres. J’avais également d’autres projets tendant à réformer ou améliorer le semi externat pour en faire un internat complet en ce sens que les pensionnaires seront occupés dans les champs lorsqu’ils n’ont pas cours et vont vivre du produit des récoltes au lieu de mendier mais mon arrestation a freiné ce projet. Le champ se trouve à Gamboul Matar sur la route de Kaolack ». C’est le moment choisi par le juge pour s’intéresser aux activités de l’imam, en dehors des enseignements coraniques. »Je fais aussi de l’élevage de moutons et de volailles », renseigne l’imam appelé ensuite à s’expliquer sur les structures ou organismes de toutes sortes dont il serait membre.
« Je suis le secrétaire général de la ligue des imams et prédicateurs du Sénégal, Section Kaolack. Je suis également le président de la coordination régionale des associations des daaras. Je ne milite dans aucun parti politique. Je n’ai voté qu’une seule fois dans ma vie en 1993 lors de la Présidentielle mais les membres de ma famille votent jusqu’à présent et sont libres de voter pour qui ils veulent ». Le décor était posé pour entrer dans le fond du dossier.

» Moi, Alioune Badara Ndao… »

Le magistrat instructeur fonce dans le tas et demande à l’imam Ndao s’il connaissait Saliou Ndiaye alias Salekh, Coumba Niang, Amie ou Aminata Sall, Alioune Badara Fall, Marième Sow, Daouda Dieng, Matar Diokhané, Moussa Aw, Omar Yaffa, Ismaëla Ndiaye, Latyr Niang, Ibrahima Hann, Moustapha Diatta, Mohamed Ndiaye alias Abou Youssouf, Boubacar Decoll Ndiaye, Lamine Coulibaly alias Abou Jaavar, Mor Mbaye Dème, Alpha Diallo, Mamadou Moustapha Mbaye, Oumar Keita et Mouhamadou Seck écroués en même temps que lui dans le cadre de la procédure.
L’imam renseigne :  » J’en connais quelques-uns. Il s’agit de Saliou Ndiaye, Ibrahima Hann, Matar Diokhané, Amie ou Aminata Sall et Coumba Niang mais je ne connais pas les autres sauf lorsque nous avons été détenus ensemble. Pour Saliou Ndiaye nous sommes voisins à Kaolack au quartier Touba Ndorong Extension. Ses jeunes frères sont des pensionnaires de mon école mais chaque fois qu’il est à Kaolack il fait les cinq prières à la mosquée. Il lui arrive de m’appeler pour m’annoncer des envois de toutes sortes. Il en est ainsi par exemple lorsqu’il m’envoie de l’argent pour le règlement des frais de scolarité de ses frères qui sont au nombre de trois à raison de 2500 FCFA par mois chacun.
De même il m’appelle lorsqu’il m’envoie des colis venant de mes partenaires à travers les véhicules de transport en commun. Je connais très bien Ibrahima Hann qui habite Kabatoki. Je connais également les membres de sa famille pour qui j’anime des conférences. Je dirige également toutes leurs leurs cérémonies familiales. Ibrahima Hann prie tous les vendredis à la mosquée que je dirige et reste toujours à la mosquée après la prière du vendredi lorsqu’un événement s’y tient.
Dans le cas contraire il prie et rentre chez lui. J’ai connu Amy Sall ces derniers temps et si mes souvenirs sont bons elle est venue une fois chez moi mais je n’ai jamais été chez elle. Je connais également son père qui s’appelle Oumar Sall, habitant Thiaré près de Diakhao. Je n’ai jamais cherché à comprendre l’objet de sa visite puisqu’elle reste toujours au niveau du périmètre réservé aux femmes et je me disais qu’elle rendait peut-être visite à son enfant pensionnaire de l’école. Coumba Niang est aussi une des épouses de Matar Diokhané. Elle est venue deux fois chez moi à Kaolack.
La première fois elle était venue me demander des conseils pour savoir si elle devait se rendre au Niger pour voir Matar Diokhané qui venait d’être arrêté. En effet elle m’a dit avoir reçu une information faisant état de l’arrestation de Matar Diokhané. Je lui ai dit de ne pas s’y rendre pour des raisons de sécurité surtout en tant que femme. Elle est rentrée mais deux jours après elle est revenue et a insisté pour que j’entre en communication avec Matar Diokhané. N’ayant pas son numéro je me suis rabattu sur une de mes connaissances pour avoir le numéro de la Croix rouge du Niger. La personne qui m’a répondu a insisté sur la venue de Coumba Niang avec une forte somme d’argent pour obtenir la libération de Matar Diokhané. J’ai dit à mon interlocuteur que dans la mesure où le Sénégal avait une ambassade au Niger c’est l’ambassadeur qui devait s’en occuper et j’ai dit la même chose à Coumba Niang pour la dissuader d’aller au Niger. J’ai même dit à Coumba Niang qu’elle n’avait pas d’argent pour se permettre de voyager jusqu’au Niger mais elle m’a révélé que Matar leur avait laissé de l’argent mais j’ignore le montant. À cette occasion, elle m’a dit avoir remis sur ordre de Matar la somme de 15 millions de FCFA à Ibrahima Diallo ».

« Quand Coumba Niang m’a parlé de l’arrestation de Matar Diokhané… »

Quid de Matar Diokhané ?  » J’ai connu Matar Diokhané lorsqu’il s’est présenté à moi comme étant élève au lycée commercial El Hadj Abdoulaye Niass de Kaolack et qu’il voulait achever la phase de mémorisation du Coran. Je lui ai fait savoir que personnellement je n’avais pas le temps mais je l’ai orienté vers Omar Guèye qui secondait Omar Sall dans une école voisine. Je peux même dire que nos deux écoles sont jumelées parce qu’il nous arrive d’échanger des élèves. Cette année dont je ne me souviens plus de la date, Matar était parvenu à ses fins à savoir la mémorisation du Coran. Il est parti et je l’ai perdu de vue jusqu’en 2010 date à laquelle date à laquelle j’ai reçu une information comme quoi Matar était en Mauritanie et il avait acquis le savoir dans le domaine islamique.
Cette information m’a été donnée par certains de mes élèves qui faisaient souvent la navette entre le Sénégal et la Mauritanie.
En 2014, Matar m’a appelé au téléphone pour me dire qu’il avait écrit un livre et souhaitait ma correction. Je lui ai donné mon adresse mail mais il ne parvenait pas à me le faire parvenir par mail parce que le message venait sans la pièce jointe et la pièce jointe c’était le livre. Finalement il s’est engagé à me l’emmener physiquement. Il m’appelait à partir d’un numéro du Sénégal et il s’est déplacé jusqu’à Kaolack mais nous ne sommes pas vus parce que j’étais dans une conférence. Il a remis le livre à mon second au daara du nom de Abdoulaye Ndao . J’ai lu le contenu du livre qui était divisé en trois parties : la première traite de l’allégeance, la deuxième partie pose la question de savoir si l’ignorance est une excuse pour le musulman et la troisième partie traite du Jihad sous toutes ces formes à savoir le Jihad physique, financier et par le savoir. Matar est venu chez moi une autre fois pour me confier son enfant âgé d’environ sept ans pour apprendre le Coran. D’ailleurs cet enfant est considéré comme un cas social à l’instar de certains autres cas pour lesquels les parents n’apportent pas leurs contributions financières ».

» Le livre de Matar Diokhané sur le Jihad… »

L’imam Ndao précise :  » C’est le Jihad physique qui intègre le combat sur le terrain pour la cause de l’islam et ce dernier recours n’est prévu que pour riposter à une attaque injuste et lorsqu’on en a les moyens et ces moyens sont les moyens de l’Etat qui doit au préalable en avoir lui aussi les capacités. J’ai oublié de vous dire que j’ai finalement reçu par mail la version électronique du livre mais je n’ai pas revu Matar et les gendarmes ont trouvé le manuscrit entre mes mains ».
À la question du juge à savoir s’il avait épousé les idées de Matar Diokhané sur cet aspect du Jihad physique, l’imam Ndao se veut catégorique : « Je n’ai pas eu l’occasion de le revoir mais si c’était le cas je lui conseillerais de changer sa position concernant le Jihad physique puisque selon lui tout musulman doit s’impliquer pour participer au Jihad mené dans d’autres pays. Je pense que sa position est surtout due à sa jeunesse, à un manque de maturité et à un manque d’informations sur les réelles motivations qui sous-tendent le Jihad des autres ».
Sans lâcher prise, le magistrat fait remarquer à l’imam qu’il soutient ne pas connaître Moustapha Diatta, écroué dans le cadre de la même procédure, alors que ce dernier a déclaré lui avoir rendu visite une fois à Kaolack dans le courant de l’année 2015 accompagné de son ami Balla Sow et qu’au préalable en 2013 ils se sont rencontrés à Tambacounda.  » Il peut avoir raison puisque j’anime beaucoup de conférences à l’issue desquelles les gens me rencontrent et que je ne m’en souvienne plus. Je suis un leader d’opinion et donc un homme public », plaide l’imam Ndao qui nie connaître Abou Hamza Ndiaye, l’auteur de la publication incendiaire sur Facebook qui a déclenché l’enquête.
Par contre, l’imam soutient connaître Ibrahima Diallo suspecté d’avoir reçu des fonds pour aller prospecter en Casamance un site devant servir de lieu d’entraînement des jihadistes. Mais l’imam est clair :  » Il est venu à mon daara à trois reprises dans le courant de l’année 2015. Pour la première fois il venait au nom de Matar Diokhané pour récupérer le manuscrit du livre et je lui a remis. La deuxième fois il est venu pour chercher un poste d’enseignant et la troisième fois il est venu et j’en ai profité pour lui dire qu’un poste était vacant mais je ne parvenais pas à le joindre au téléphone. Toutefois, il a eu à me dire qu’il fut pensionnaire de mon école lorsqu’il était très jeune mais je ne m’en souviens pas. Je ne me souviens pas avoir parlé de problèmes d’argent avec Ibrahima Diallo ».

« Je pense que la position de Matar Diokhané est surtout due à sa jeunesse, à un manque de maturité et à un manque d’informations »

Pourtant à l’enquête préliminaire Coumba Niang a déclaré que l’imam Ndao lui avait promis d’appeler Ibrahima Diallo alias Abou Oumar pour lui demander de veiller sur les 15 millions de FCFA qui lui étaient remis.  » Cela n’est pas conforme à la vérité. J’avais bien dit à cette dame de bien veiller sur les biens à elle confiés par son mari ».
Cette page fermée, le magistrat exhibe les pièces saisies par les gendarmes lors de la perquisition. Parmi les objets figurent beaucoup d’écrits sur le cancer Bon Haram et l’Etat islamique.
» Un seul document à été trouvé chez moi concernant Boko Haram. Il s’agit du journal Le Monde et puisqu’en tant que conférencier je suis souvent interpellé sur Boko haram ; à partir d’Internet, j’ai tiré ces pages du journal Le Monde qui parlent de Nono Haram dans le but d’avoir des réponses aux différentes interpellations. La même motivation m’a poussé à faire la même chose concernant l’Etat islamique.
En effet les responsables de cette organisation ont créé des sites internet. Il me faut connaître leur organisation pour répondre aux interpellations du public ». Et que dit l’imam sur les livres axés sur le Jihad ?  »
Dans le cadre de la préparation de mes conférences sur le Jihad ma démarche est d’abord de me ressourcer pour faire des investigations pour avoir le maximum d’informations sur le sujet ou sur le thème. C’est pour cela que ces documents ont été retrouvés chez moi. Je reconnais avoir lu les documents à moi envoyés par Matar Diokhané à mon adresse mail et relatif à son livre. Comme je vous l’ai dit tantôt, c’était pour correction.
Cependant, je n’ai jamais pris connaissance du courrier électronique à moi adressé à la même adresse par Saliou Ndiaye et qui ferait l’éloge d’Ousama Ben Laden qualifié d’homme géant d’une part et d’autre part qui porterait sur les orientations générales de l’action jihadiste écrit par Al Jahawary. D’ailleurs je ne pense pas que Saliou Ndiaye puisse m’orienter vers cette direction puisqu’il n’a pas de niveau. Je reconnais que des documents vidéos ont été tirés de mon ordinateur.
Ces documents parlent entre autres de la secte Boko Haram, de l’Etat islamique, de la défense aérienne, de l’unicité de Dieu, de l’exécution des mécréants, de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest faisant référence aux propagandes islamiques avec du matériel de guerre. Je n’ai pas besoin de l’ensemble de ces vidéos mais je me suis seulement intéressé aux actes ignobles et odieux commis au nom de l’islam pour pouvoir les dénoncer. Les gens me posent souvent la question de savoir si les auteurs de ces actes odieux, ignobles, inhumains sont vraiment des musulmans. Ma conviction est que de tels actes ne peuvent être commis par un musulman ».

« Pourquoi j’avais des vidéos sur l’exécution des mécréants, sur Daesh et sur Boko Haram »

Dans ce cas, le juge s’étonne alors des proches de l’imam jugées proches de théories de l’Etat islamique. » C’est un problème de compréhension lorsque certains pensent que mes prêches sont favorables à l’Etat islamique. Dans mes prêches, j’essaie toujours de faire le tour de la question en montrant les bons points et les mauvais points ».
Le magistrat marque son étonnement : « quels sont les bons points de l’Etat islamique ? ». Réponse : « À l’origine les intentions des précurseurs de l’Etat islamique étaient de travailler pour la cause de l’islam. Malheureusement, il y a une force secrète difficilement visible dont le but est d’œuvrer pour la diabolisation de l’islam en vue de s’accaparer de ses ressources ». Le juge assène : « En parlant publiquement des bons points de l’Etat islamique lors de vos conférences, n’êtes-vous pas en train de faire l’apologie du terrorisme ? ». « Je ne pense pas faire l’apologie du terrorisme dans la mesure où je m’empêche toujours de répondre pour fustiger les actes ignobles commis au nom de l’islam », répond Alioune Ndao qui signale au passage qu’il ne connait pas le daara de Matar Diokhané qui se trouverait à Bambilor.
Le juge ouvre un autre chapitre et demande à l’imam quelle a été sa réaction lorsque des jeunes se sont attaqués à une mosquée dite Ibadou à Diourbel.
D’autant que pour les enquêteurs c’est à partir de ce moment que le réseau de Matar Diokhané a commencé à se mettre en place.
« L’imam de cette mosquée, Abdou Karim Ndour, m’avait saisi téléphoniquement lorsque cette mosquée avait été incendiée par des jeunes. Le conseil que je lui ai donné était d’aviser les autorités policières. Personnellement j’ai envoyé un groupe de six jeunes de mon école en leur donnant comme consigne de ne pas se mettre en groupe pour accéder à la mosquée ; ce qu’ils ont fait en entrant un à un à Diourbel et prendre position au niveau du lieu de culte pour dissuader toute personne qui serait tenté de l’attaquer. Heureusement que je craignais n’a pas eu lieu.
En plus j’ai dirigé une délégation composée de l’imam ratib de Kaolack, Souleymane Kane, de Serigne Moustapha Mbacké, pour la confrérie mouride, de Serigne Seth Dramé représentant les daaras, Serigne Omar Sall et moi-même pour aller à Diourbel rencontrer Serigne Mountakha Mbacké, mais malheureusement il était à Touba et nous avons été reçus finalement par Serigne Soulèye Gaye », affirme l’imam. Le magistrat lui rétorque : « D’après l’enquête préliminaire votre démarche était guidée par le souci de faire face à la menace que représentaient les confréries au Sénégal. Qu’en est-il exactement ? ».

« Je ne sais même pas à quoi rassemble un téléphone satellitaire »

Ndao se défend bec et ongles : « Ce n’est pas exact puisque la délégation était composée de personnalités issue des confréries. Je ne suis pas hostile aux confréries dans la mesure où mon père était un « moukhadam » tidiane.
Personnellement, j’ai voulu être un rassembleur de tous les musulmans sans distinction de confrérie, c’est pourquoi au décès de mon père lorsque certains ont voulu m’introniser j’ai décliné l’offre pour leur faire part de mes intentions de rassembleur. D’ailleurs, cette idée de rassemblement est la finalité originelle de toutes les « tarikhas » à commencer par Cheikhna Cheikh Ahmed Tidiane. Je n’ai même pas de carte d’adhésion des Ibadous et pourtant les gens pensent que je suis Ibadou, alors qu’il n’en est rien. Je ne suis pas contre la visite des tombes par les musulmans puisque c’est un ordre divin.
D’ailleurs je le fais moi même pour celle de mon père et celle de toute autre tombe. Ce qui est interdit c’est implorer les morts (…) Je n’ai jamais reçu de fonds de Matar Diokhané. Je le prenais comme un nécessiteux, c’est la raison pour laquelle j’avais considéré son enfant comme un cas social dans mon école. La dernière fois que j’ai vu Ibrahima Diallo c’était chez moi en 2015 et il me disait qu’il était en route pour la Gambie ».

Sur le projet de Matar Diokhané d’installer un camp jihadiste en Casamance, l’imam jure :  » C’est au niveau de l’enquête préliminaire que j’ai été informé de cela pour la première fois. Je n’ai jamais reçu chez moi de Sénégalais revenant du Niger. Lors de la perquisition des gendarmes aucun téléphone satellitaire n’a été trouvé sur les lieux. Je ne sais même pas ce que c’est un téléphone satellitaire. De même aucune somme d’argent n’a été saisie sur moi si ce n’est 27.300 FCFA ».

DAKARACTU

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