Yekini a été royalement accueilli à Joal-Fadiouth ce samedi et il est revenu dans un long entretien avec le quotidien spécialisé dans la lutte sénégalaise, Sunu lamb.Dans cette interview, l’ancien roi des arènes entretient le clair-obscur. Il dit qu’il ne peut se prononcer sur un arrêt ou une poursuite de sa carrière sans l’aval de ses proches, mais au coeur du débat, il se projette toujours après la fin de sa carrière. Si proche, si lointaine.
Yekini rassembleur, à l’écoute des lutteurs: la fin est proche?
Non, c’est nous qui devons sauver l’arène. Si je dis que je tends la main aux lutteurs, ce n’est pas pour qu’ils viennent me trouver. C’est juste qu’ils redoublent d’efforts afin qu’ils fassent de leur mieux. Je n’ai pas le temps, mais chacun joue sa partition pour que la lutte aille de l’avant. Quand j’ai commencé à lutter, beaucoup de jeunes ici présents n’étaient pas encore nés. J’ai fait 24 ans dans l’arène et je n’aime pas perdre. C’est connu de tous, la fin d’une carrière est très difficile. Même si je dois lutter encore, je devrais en parler avec les miens. Les écouter pour avoir leur avis sur la question. Aujourd’hui, il n’est pas question de partir ou de rester.
Ambroise Sarr: Yekini devait arrêter avant son combat contre Balla Gaye 2
Il a raison (Ambroise Sarr). Il peut bien me dire certaines choses. Ce n’est pas maintenant que j’ai parlé de retraite. Si cela ne dépendait que de moi, j’aurais quitté depuis très longtemps. Ambroise me connait bien, c’est un grand frère. Il a le droit de donner son opinion. J’en suis très content. Quand on aime quelqu’un, on doit pouvoir lui dire ce qu’on en pense. Je fais beaucoup attention à ce qu’il dit.
Modou Lô et Reug-Reug: “Lamb dafa siiss”
Je suis plus attaché à eux qu’ils ne le sont pour moi. Modou Lô et Reug-Reug sont venus de façon spontanée. ils me considèrent comme leur grand frère. Ils ont traduit ma fatigue en bonheur. Et ce qui m’a fait le plus plaisir, les populations ont montré qu’elles les estimaient. Après 24 ans, qu’on le veuille ou non, c’est fini ou presque. En sport de combat, il y a des limites. On peut avoir des divergences avec certains, mais quand on atteint un certain âge, il faut rassembler. Voilà pourquoi, je ne répondrais plus à certaines interpellations.
Reconversion: Entrer à la présidence
Il ne faut jamais dire jamais. Mais pour faire quelque chose, il faut le sentir. Je ne reculerai pas sur tout ce que je pense être capable de faire pour ma localité. Si je dois m’investir pour la commune, je le ferais. Même si je ne veux pas. Si je dois faire de la politique, je dois entrer à la présidence, comme tout le monde. Là où tout se décide et où se trouvent les autorités.
Relève: un champion ne se fabrique pas
Pour être champion, il faut avoir du talent et se bonifier. En insistant sur ses qualités et en se délestant de ses défauts. Quand je venais à Ndakaru, ils ne m’ont pas peut-être appris la lutte. Mais je ne connaissais pas la lutte avec frappe. Alors, j’avais besoin de gens pour m’orienter et suis allé chercher d’autres coachs pour me parfaire. Il faut que les Sérères redoublent d’efforts. La lutte sans frappe n’est pas dominée aujourd’hui par les Sérères alors qu’il n’ y avait pas photo. Reug-Reug n’est pas Sérère, mais il a le talent. En sus, il faut le “Diom et le Fouleu”. La réussite dans le sport n’a pas de secret. Il faut travailler.
Regrets: carrière très difficile
Je n’en ai peut-être pas. Mais être lutteur demande beaucoup de sacrifices. Un ami d’enfance peut se fâcher parce que tu as une voiture, une maison. il ne peut l’accepter. c’est fréquent chez les Sénégalais, en particulier chez les Sérères. l’idéal aurait été de continuer avec ses amis d’enfance, mais il y a souvent la jalousie qui gâche tout. J’ai fait une carrière très difficile. Je veux que mes fils et neveux fassent d’autres sports que la lutte.
Promotion: organisations de combats
Quand je vais arrêter la lutte, je vais organiser de grands combats comme tout le monde. C’est pour cela que j’ai créé ma propre structure.
Cng: non, mais…
Je n’y pense pas, cela ne fait pas partie de mes plans. Mais je ne dirais pas non. Je pense plutôt encadrer les jeunes et être promoteur.
Mystique: tout est secret
Quand je venais dans l’arène, d’autres s’étaient occupés de moi. c’est certainement ce que je vais faire pour un autre, ou pour d’autres. C’est top secret.