Abou Lô se livre. Dans cet entretien accordé à L’Observateur sous forme de protocole d’interview, le responsable politique de l’Apr et ancien ministre de la Communication commente son passage à la tête de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) et étale ses différentes réalisations. Le Président du Conseil d’administration de l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) revient, également, sur ses activités politiques, notamment au niveau de Matam où il milite, le compagnonnage entre le Président Macky Sall et ses alliés etc. Entretien.
Le président du Conseil d’administration de l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD) brise le silence. Et c’est pour donner sa part de vérité sur le différend qui oppose l’Etat du Sénégal au constructeur Saudi Bin Ladin Group (Sbg). Dans cet entretien accordé à EnQuête, Abou Lo estime que les réclamations du groupe saoudien ne sont pas fondées. Toutefois, il appelle aux négociations avec Sbg et refuse de se prononcer sur une date de livraison de l’ouvrage aéroportuaire. « L’Etat du Sénégal, à travers AIBD, a signé un contrat avec la société Saudi Bin Ladin Group. (…) Il y a eu quatre avenants jusqu’ici. Et je dois signaler que les trois avenants ont été signés respectivement au mois de décembre 2008, au mois de juillet 2010 et au mois de juin 2011, donc avant que le président Macky Sall n’arrive au pouvoir. Ces avenants ont été paraphés dans le but d’inclure certaines modifications des travaux. Après, il y a eu un quatrième avenant qui a été signé au mois de juillet 2013. C’est à dire un an après l’accession de l’actuel régime au pouvoir. Dans cet avenant, l’Etat du Sénégal ne devrait pas payer de l’argent. C’était un avenant qui avait été fait parce qu’on avait exclu des avenants précédents les travaux d’un village du nom de Mbadatt qui devrait être déplacé. Ces travaux devraient être intégrés dans un autre avenant qui ferait l’objet d’un cinquième avenant. Toutes les sommes qui ont été dépensées jusqu’au troisième avenant ont été faites avant le régime actuel. Il est important de préciser que depuis que Macky Sall est au pouvoir, l’Etat du Sénégal n’a encore payé aucun avenant, n’a décaissé aucun sou en dehors de ce qui a été signé dans le contrat initial et dans les trois derniers avenants. Les travaux du village de Mbadatt devraient être intégrés dans un cinquième avenant. Mais dans cet avenant, il est mentionné une réclamation de Saudi Bin Laden group. Le constructeur demande des pénalités de retard, des modifications de certaines dispositions du contrat. C’est une réclamation qui s’élève à 96 millions d’euros, environ 63,840 milliards de F Cfa», révèle-t-il.
Aussi, la Direction de l’AIBD ne compte-t-elle pas donner une suite favorable à cette requête de Saudi Bin Laden, assure Abou Lô. « La direction de l’AIBD et son Conseil d’administration sont très clairs. Nous avons rejeté cette demande. Nous disons que tout ce qui a été réclamé par Saudi Bin Laden n’est pas fondé. La faute leur incombe. D’après les calculs de nos experts et techniciens, les seules réclamations que nous devons payer s’élèvent à l’ordre de 200 000 euros (environ 131 millions de F Cfa, Ndlr). Ceci est dû seulement aux pénalités de retard dans les paiements qu’AIBD devrait à Sbg. Lors de nos négociations avec Sbg au mois de décembre 2013, nous avons été très clairs. Nous avions dit que nous ne reconnaissions pas la réclamation. Nous avons donné notre avis et nous l’avons exposé à nos autorités ».
Naturellement Sbg persiste maintenant, pour ne pas bloquer les travaux, ajoute Abou Lo « nous avons fait une proposition concrète. Il s’agit de faire une démarcation entre les réclamations et les travaux. Nous avons demandé au constructeur de continuer l’exécution des travaux et après, nous allons discuter de la réclamation. Du point de vue technique, la position de l’AIBD est claire : cette réclamation ne peut pas être acceptée. Nous avons soumis notre avis aux autorités, c’est aux autorités de prendre leur décision. Voilà le fondement juridique de tout ce bruit que vous entendez ».
Sur le un taux d’exécution des travaux il est de 85% dira Abou Lo qui sur la livraison de l’AIBD annonce ne pas pouvoir donner de date « je ne peux pas avancer de date parce que avancer une date, c’est supposer avoir un état du chantier bien précis. Aujourd’hui, les travaux sont arrêtés. Quelle hypothèse pouvons-nous faire pour dire que les travaux seront terminés à telle date. Ce qui est plus important est qu’on trouve une solution pour continuer les travaux. Si aujourd’hui, les travaux sont arrêtés, nous sommes dans une impasse, comment peut-on avancer des dates dans ce cas de figure ? »