Récemment, il y a une rumeur sur votre vie privée…
(Eclat de rires) Ben, cela m’a choquée. Cependant, j’ai su en même temps ce que les artistes vivaient. On ne se connaissait pas bien, du coup les rumeurs m’ont étonnée. C’est comme mon frère (Philipe Ndour). Certes on est de la même génération, mais bon il n’y a rien entre nous. Mon amoureux c’est «Diop le beau», il est gentil et donne de l’argent (rires) : oui c’est mon père. Je suis amoureuse de mon père.
A presque 15 ans, elle fait des duos avec des grands. Abiba Diop a chanté avec Youssou Ndour, Baaba Maal et aussi Waly Seck. Elle rêve grand dans la musique. Déjà, elle joue du Rnb, du reggae, du rap et divers genres. Couvée par un professeur très dévoué qui a su déceler son potentiel, Aby lui a ainsi soumis oralement une mélodie qu’il a reproduite à la guitare. C’est la naissance de la chanson Sama mother après plusieurs semaines de travail en cours de musique et au studio. Elle a pu réaliser cette chanson avec l’encouragement de toute sa famille, notamment avec le soutien de ses sœurs et frères, de son père mélomane qui n’a ménagé aucun effort pour faire clore les talents cachés de sa fille. En classe de 3ème, Aby ou Biba ne se fixe pas de frontière. Bref, la valeur d’une femme aussi n’attend point le nombre d’années.
Abiba, comment peut-on vous présenter ?
Abiba, c’est une adolescente de 14 ans, normale, à l’image de toutes les filles de son âge. Je suis née le 31 juillet 2001 et je suis élève à Yavuz Selim Sultan en 3ème, classe préparatoire du Bfem. De parents sénégalais et je vis avec mes frères et sœurs.
Comment avez-vous découvert votre côté artistique ?
Même si je ne connaissais pas les paroles, c’est à Saint-Louis, à Rao plus précisément, que je suis montée sur le podium d’un foyer. On avait demandé un volontaire et il n’y avait pas d’engouement. Je me suis dit pourquoi pas moi ? Et quand je suis montée, les gens ont ri, mais je chantais en faisant la sourde oreille… Et à la fin, ils ont apprécié et applaudi. Depuis lors, ce fut le début de : «Papa je chante, je chante, je chante.» Mes parents m’ont dit que je chantonnais étant jeune.
Quelle a été la réaction des parents ?
Au début, mon vieux était réticent. Il disait que j’étais trop jeune et que j’avais rien à mon actif. Pas de répertoire musical ni rien de ce genre, cela ne servirait à rien. Quand mon professeur de guitare et producteur du groupe «Jamo Band» m’a demandé si j’avais une mélodie en tête, je lui ai dit oui. Il m’a demandé de la jouer à la guitare. Une fois fait, il l’a reproduite à la machine et voilà on s’est lancé comme cela.
Quand avez-vous fait votre première prestation ?
C’était à Sen Petit Gallé, le 25 décembre 2015. Je n’oublierai jamais (rires). J’avais un tout petit peu le trac, car étant habituée à faire de la chorale à l’école. Le public ne pouvait pas consommer ma musique en ce moment parce qu’il ne la connaissait pas encore. C’était que du bonheur malgré que le public ne bouge pas trop du fait que j’étais une découverte.
Comment conciliez-vous études et musique ?
C’est très possible. Pourtant, la combinaison études-sport est faisable pourquoi pas celle-là ? Personnellement, cela ne gâte rien. Je crois vraiment aux deux. Et puis, chaque chose a son temps. Je donne le meilleur de moi.
Quelles sont vos sources d’inspiration ? Ecrivez-vous seule ou en co-écriture ?
A vrai dire, je suis ne pas tout le temps inspirée. Quand je suis vraiment heureuse, fofolle (sic) ça vient. Ma période d’effervescence est plus inspiratrice (éclat de rires). A partir de ce moment, je m’exile dans ma chambre. Je me mets à penser à la mélodie, au texte etc. Mon premier single a été écrit avec toute la famille afin que chacun s’y retrouve. Quand je suis à court d’idées, j’appelle ma maman (rires). Qui me demande à son tour d’être observatrice de mon environnement. Il m’arrive aussi d’écrire seule. Surtout quand ma source est mon interlocutrice. Oui il arrive qu’au cours d’une conversation que je sois inspirée par les propos d’autrui. Ensuite, je le transforme à ma manière.
A quand la sortie de votre album ?
Oh ! Un album demande énormément de choses : des textes, du temps, des instruments etc. J’y travaille et même si ce n’est pas évident de le combiner aux études. Durant mon temps libre, je fais de la musique, mais les études sont prioritaires. Surtout que je suis en classe d’examen. J’espère finaliser durant les grandes vacances, inchalla. Jusque-là, j’ai 5 morceaux à mon actif parce que je n’écrivais pas auparavant. C’est quand j’ai commencé à chanter que j’ai pris l’habitude d’écrire.
Est-ce que Abiba va se dévoiler dans l’album ?
Oui, Abiba va faire de l’acoustique, du rap, du reggae, entre autres. Je ne dirai pas que je suis juste «reggae woman», il y a aussi d’autres sonorités. Ma musique est internationale. Il arrive que des gens me disent que je vais finir par verser dans le mbalax. Mais bon, je ne renie pas ma musique traditionnelle. Je pourrai faire des duos avec des mbalax-men.
L’instrumental classique est très présent dans vos prestations. Pourquoi ce choix ?
J’aime bien ces instruments de par leurs sonorités exceptionnelles. Surtout la guitare que j’affectionne particulièrement. J’en joue même, mais à un niveau moyen. Et le piano est un instrument vraiment «ouah» avec une sonorité unique que je ne trouve pas dans les autres instruments. En ce moment, je me suis dit pourquoi ne pas mixer avec ceux traditionnels : xalam, calebasse (rires) ? C’est bien possible.
Comment arriverez-vous à être en harmonie avec des doyens tels que Youssou Ndour, Baba Maal ?
Vraiment sur ce coup, même moi je suis choquée. Je n’en reviens pas d’avoir chanté avec Youssou Ndour. On ne peut pas rêver mieux. Baaba Maal de même parce qu’ils sont des personnalités très connues dans le monde entier. Ils m’ont retrouvée dans mon domaine. Que cela soient Yéllé de Baaba (Maal) ou 7 second de Youssou (Ndour), je suis vraiment contente de les interpréter.
Comment s’est faite l’approche avec eux ?
Vraiment je n’en sais pas grand-chose. C’est mon staff qui s’en occupe. On m’a dit que Youssou a demandé à chanter avec moi et c’est arrivé avec l’aide de Bouba Ndour qui me soutient aussi.
Pourquoi le choix de 7 second ?
Le choix n’est pas personnel, mais je pense qu’il s’est dit que je serai à l’aise. Comme l’interprétation de Néné Cherry était en anglais, alors c’était mon domaine de prédilection. Et c’est là que je me suis mise dans la peau de Néné et me suis dit que You a fait un bon choix (rires). Je suis fière d’avoir pu réussir une interprétation faite auparavant par Néné Cherry et Viviane Chedid pour une débutante. Je rends vraiment grâce à Dieu, car ce n’est pas donné à tout le monde.
Comment gérez-vous tout cela ?
Je ne suis pas encore célèbre. Je suis juste Abibatou (rires). Parfois dans la rue quand les gens me regardent, je me demande toujours pourquoi. Je ne suis pas encore habituée aux regards. Je me demande toujours s’ils me reconnaissent de la télé ou si je suis moche ? Ces regards suscitent des interrogations en moi (rires). Dans le bus scolaire aussi quand il y a des gens qui me regardent, je me demande toujours s’il y a un problème. Cela montre que certains me reconnaissent. A la fin, il n’y a pas de problème. Je me sens à l’aise avec eux.
Comment s’est faite votre collaboration avec Waly Seck, Akhlou Brick Paradise ?
Avec Akhlou Brick, on s’est connu sur le lieu de tournage de ma vidéo (Sama mother). Je n’en revenais pas de les voir là-bas et surtout étant fan d’eux. On a échangé même si j’étais un peu jalouse qu’ils aient plus parlé à mes sœurs (rires). A la fin, j’ai été invitée à leur prestation à Sorano et j’étais vraiment ravie. Pour Waly, on s’est rencontré sur trois podiums, je crois. Aussi, j’ai «presté» à son évènement au Grand Théâtre et je pense que c’est de là-bas qu’il m’a connue. Ayant apprécié ma musique, il m’a invitée à son Bercy de 2016 et je suis contente. Et c’est sa manière aussi de m’appuyer.
Y-a-t-il d’autres artistes avec qui vous voulez jouer ?
Je veux bien faire des duos avec tous les grands artistes. Qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs. Cabanasse, Edmond Flow, Coumba Gawlo etc. Il y en a aussi qui m’ont demandé en featurin, mais je préfère que les gens me découvrent en solo pour voir si je les plais vraiment avant d’élargir les ouvertures.
Le fait que vous soyez trilingue devrait vous ouvrir de nouvelles portes…
Je ne veux pas seulement me faire connaître au Sénégal. C’est ma manière de m’ouvrir à divers artistes et horizons. Exporter ma musique est mon rêve (Ndlr : Abi parle aussi couramment espagnol, anglais en plus du français) pour que le monde entier me connaisse. Qu’il sache qui je suis vraiment.
Comment voyez-vous votre avenir ?
Je me vois loin et haut par la grâce de Dieu et les efforts consentis. Je maximise mes efforts en ce sens. Je travaille dur, car je sais que le succès se mérite. Il faut énormément bosser pour arriver au sommet. J’aspire à une réussite tant sur le plan musical qu’intellectuel.
Récemment, il y a une rumeur sur votre vie privée…
(Eclat de rires) Ben, cela m’a choquée. Cependant, j’ai su en même temps ce que les artistes vivaient. On ne se connaissait pas bien, du coup les rumeurs m’ont étonnée. C’est comme mon frère (Philipe Ndour). Certes on est de la même génération, mais bon il n’y a rien entre nous. Mon amoureux c’est «Diop le beau», il est gentil et donne de l’argent (rires) : oui c’est mon père. Je suis amoureuse de mon père.
Que retenez-vous jusqu’ici de votre carrière musicale ?
Principalement mes duos avec toutes ces références. Ensuite, une fois après une prestation, j’ai remarqué un jeune avec un bouquet de fleurs. Je croyais que c’était destiné au ministre qui était présent. Mais à ma grande surprise, le garçon s’est presque agenouillé et me l’a offert en disant qu’il était fan de moi (regard lointain). J’étais aux anges, je suis aussi romantique que les filles de mon âge (rires). Papa est aussi devenu plus présent quand j’ai commencé à faire de la musique. A cause de ses horaires surchargés, on ne se voyait pas trop. Maintenant dès que je l’appelle, il est là. Et je me dis que je ne vais jamais arrêter la musique pour que cette situation perdure.
Au-delà de la musique et des études, que faîtes-vous d’autre dans la vie ?
J’aime faire du sport : basket, roller. Je passe du temps avec quelques copines. Je me défoule aussi dans quelques centres de Dakar. Dernièrement, Une si longue lettre de Mariama Ba est mon coup de cœur. Du fait du reflet de nos réalités et de la bravoure de celle-ci, j’aime vraiment ce livre. J’aime aussi les films d’horreur à cause de la montée d’adrénaline. J’aime bien cette peur qu’ils provoquent en moi. Abiba incite aussi les jeunes de son âge à croire en eux et à leurs rêves et demandent aux parents d’épauler leur progéniture en leurs passions.
Carrière musicale de Abiba : Sous l’aile protectrice de «Papa»
«Soit tu réussis ce premier pas soit tu oublies la musique.» Ces mots sont les conseils d’un papa exigeant. Abiba est couvée dans ce nid familial construit par des éducateurs. On connaît leur rigueur. Mamadou Diop, Pdg de l’Iseg, décrit sa fille comme «une gamine comme toutes les autres, mais un peu exceptionnelle… C’est vraiment une amie adorable, proche des gens (rires) en famille et des invités.» Chez elle, elle transmet sa joie de vivre à tous. «Elle a cette joie de vivre et une facilité des relations. Déjà, elle est précoce comme fille. Ce qui nécessite un très grand encadrement et chapeau à la maman sur ce coup», se félicite le Papa. L’angoisse et l’inquiétude de voir une enfant de 14 ans au-devant de la scène interpellent aussi ses parents. «Penser aux dérives et mauvaises tentations qui peuvent arriver est notre peur comme tous les parents. Cependant, à voir son ambition, sa détermination, son sens de la responsabilité, sa personnalité, son éducation et sa grande capacité d’écoute, on reste confiant», dit-il.
Aujourd’hui, la carrière musicale est assortie de conditions : «Les études restent prioritaires», martèle encore son père qui a déjà une expérience dans ce monde musical. «J’ai eu à manager le groupe Daara J vers les années 95. Ils étaient des lycéens à l’époque que j’ai encadrés et qui sont devenus aujourd’hui des artistes internationaux», poursuit M. Diop.
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