Abdourahmane Guèye. Si son nom ne vous dit pas quelque chose, sachez que c’est le seul témoin sénégalais et la victime du régime de Habré. L’homme, âgé de 69 ans, a comparu devant les Chambres africaines extraordinaires pour donner sa part de vérité. Entre autres propos, celui qui s’est présenté comme un homme d’affaires qui voulait faire fructifier son commerce, a eu la malchance de fouler le sol tchadien.
Pourtant, il a beau essayer de justifier sa présence sur les lieux, mais en vain. «Je venais de Bangui, ce sont les militaires français qui m’ont contacté, parce que je vendais des pierres précieuses et de l’or», a expliqué le témoin à la Cour.
Une fois arrêté, Abdourahmane Guèye a été emprisonné à la prison de la Direction de la Documentation et la Sécurité (DDS) pendant des mois. Sur place, il a rencontré Feu Demba Gaye, un Sénégalais mort en priso,n des suites de dysenterie. Selon le témoin, les agents de la DDS les ont arrêtés, son compatriote et lui, au motif qu’ils étaient des espions de l’ex-Président lybien Mouhamar Khadafi.
A ce sujet, le témoin dira : «je n’ai jamais été en Libye, je n’y ai même pas un ami ou une connaissance». Sa vie carcérale a été pénible, des conditions de détention à la nourriture, tout laissait à désirer, si l’on se fie à ses déclarations. Cependant l’homme d’affaires se veut clair : «j n’ai jamais été victime de tortures en prison, c’est la nourriture seulement qui me posait problème et c’est un miracle que je sois survécu», a-t-il confié au juge Gustave Gverdao Kam.
Une grande première, si l’on sait que, depuis l’ouverture de ce procès, tous les témoins, qui ont défilé à la barre, ont révélé avoir été victimes de tortures des plus atroces. Sa libération, Abdourahmane Guèye ne l’a due qu’au Président de l’époque Abdou Diouf et au khalife général des “Mourides” Feu Serigne Abdou Lahad Mbacké. S’agissant du décès de son compatriote Demba Gaye, l’homme d’affaires ne peut pas donner d’explications le concernant, sauf celles qui lui ont été rapportées, en faisant état de sa mort par dysenterie.
Abdourhamane Guèye de dire : «des personnes meurent dans cette prison. Quand on tombait malades, il n’y avait pas de médicaments. Un jour, on est venu m’annoncer le décès de Demba…», dit-il, s’en arrêtant là.
Ndèye Awa BEYE (Actusen.com)