La distribution controversée de 108 millions de francs CFA aux « ex-détenus » par le ministère des Solidarités et de la famille suscite des interrogations au sein de l’Assemblée nationale du Sénégal. Le député du groupe « Takku Wallu Senegaal », Abdou Mbow, a officiellement demandé des éclaircissements au ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, par le biais d’une question écrite, rapporte le site Le Quotidien.
Abdou Mbow pointe des irrégularités entourant les procédures de crédit, notamment celles mises en place par le gouvernement à travers des décrets d’avance. Dans une déclaration diffusée hier, l’élu souligne qu’un arrêté ministériel daté du 30 juillet 2024 avait établi les règles d’organisation pour un comité chargé d’octroyer une assistance aux ex-détenus. Cependant, dès le lendemain, le 31 juillet 2024, un décret d’avance permettait l’accès à un crédit de 848 070 280 F CFA.
Le député remet en question l’utilisation de ces fonds et interroge le ministre sur la véracité de l’affectation de cette somme pour indemniser les victimes des violences pré-électorales. Mbour exprime ses doutes, soulignant que le recensement des bénéficiaires n’était pas complet au moment de la prise de décision, ce qui remet en question l’urgence justifiée par le décret d’avance.
En outre, Abdou Mbow incite le ministre Diba à considérer l’article 23 de la Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF) 2020-07, qui précise que « des crédits supplémentaires peuvent être ouverts par décret d’avance en cas d’urgence ou de nécessité d’intérêt national ». Il rappelle que la majorité parlementaire a déjà avancé sur de similaires décrets d’avance lors de discussions budgétaires sans que le contenu ne soit détaillé.
Par ailleurs, le député interroge aussi le ministre sur le financement des élections législatives, dénonçant un prétendu recours à un décret d’avance sans ratification conforme à l’article 23 de la LOLF. Selon lui, cela constituerait une entorse à la procédure légale.
Ces préoccupations, relayées par le site Le Quotidien, illustrent un malaise grandissant quant à la gestion transparente des fonds publics et à l’usage des décrets d’avance dans le cadre des affaires d’État.