L’OBS – Depuis hier, le menuisier métallique Abdou Karim Ndoye pensionne à la prison centrale de Rebeuss. Ce, après avoir été déféré ce jour au parquet de Dakar par les hommes du commissaire Safiètou Mbaye, pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort. Des termes de la procédure judiciaire, il ressort pourtant que la victime Alioune Badara Guèye, célèbre dans son fief de la Gueule-Tapée sous le sobriquet de Salinko, et son bourreau Abdou Karim Ndoye se connaissaient parfaitement. Tout deux habitent d’ailleurs le même quartier.
De sources concordantes avisées, il ressort que le drame est survenu le 15 octobre dernier, vers 23 heures, jour de la célébration de la fête d’Achoura (Tamkharite). Il fait suite à une altercation entre les deux antagonistes qui, pour en découdre sans retenu, s’étaient armés. Une bagarre qui va coûter la vie à Salinko, qui a succombé des suites de ses blessures aux Urgences de l’hôpital général de Grand-Yoff. Dans ses conclusions, le médecin légiste de cet établissement sanitaire attestait que la mort de Alioune Badara Guèye est le fait «de plaies contuses suturées du cuir chevelu au niveau fronto pariétal et occipital avec hématome au regard et désunion de sutures fronto pariétales et hémorragie sous durale.» en plus clair, l’homme de l’art conclu que le décès fait suite à «un traumatisme crânien provoqué par des coups et blessures volontaires avec un ou des objets contondants».
Les limiers de la Médina ont, par la suite, mis la main sur le bourreau de Salinko, à savoir Abdou Karim Ndoye (27 ans), domicilié à la rue 63×52, Gueule Tapée. Mis devant les faits, Ndoye n’a pas daigné nier l’évidence. Mieux, il a confessé son crime, non sans expliciter les circonstances. A l’en croire, tout est parti d’une altercation qui l’a opposé à la victime, le jour de la fête de «Tamkharite». Ce jour, vers 23 heures, dit-il, il avait pris place au bas d’un immeuble situé à la rue 63×52 Gueule Tapée. C’est alors qu’il a aperçu Salinko à l’angle, lequel interpelait un groupe d’enfants revenant de la cérémonie festive de «Tadjabone». Ndoye affirme avoir vue Salinko confisquer les déguisements (perruques) des gamins, avant de chercher à les déposséder de leur argent. Suivant de près la scène, il soutient être sorti de sa réserve, lorsqu’il a vu Salinko poursuivre un gamin de 8 ans qui s’est retranché dans une maison voisine. Irrité par cette attitude, il dit s’être levé et a cherché à secourir le jeune garçon. Ce qui n’a pas plu à Salinko qui n’a pas tardé à le lui faire savoir. L’ayant rattrapé à l’angle d’une rue, Salinko l’a pris de court et sans sommation, argue-t-il, il lui a asséné un coup de poing sur sa joue droite. Il soutient avoir répliqué. Passé cet incident, Ndoye soutient avoir continué son bonhomme de chemin en compagnie dudit garçon. C’est alors, précise-t-il, que Salinko est revenu à la charge, armé, cette fois-ci, d’un couteau. Pour sa défense, Ndoye prétend s’être, à son tour, armé d’une pierre et l’a atteint sur sa tempe droite. Sous la violence du choc, Salinko est lourdement affalé sur le trottoir. Pour des raisons de sécurité, il indique s’être retranché chez lui.» Il confiera, en sus, qu’il n’avait nullement l’intention d’attenter à la vie du défunt… Une excuse qui ne l’a pas pour autant tiré d’affaire.
Abdoulaye DIEDHIOU