« Au Sénégal, l’année scolaire 2014-2015 a été particulièrement éprouvante pour les lycéens qui ont assisté, impuissants, à une longue grève des enseignants. C’est dans ce contexte d’une formation perturbée, que plus de 70% de nos jeunes qui ont passé l’examen du baccalauréat ont subi un échec. Au regard de l’importance que revêt cet examen pour nos jeunes lycéens, nous n’avons pas pu résister au désir de les encourager et de leur dire, d’abord et avant toutes choses, que le meilleur est encore à venir pour eux.
Certes, l’avenir est incertain, voire hypothétique, mais rien ne justifie de baisser les bras pour sa construction. L’avenir n’est pas le fruit du hasard, mais de la volonté. Il requiert une prospective stratégique mais aussi participative. L’avenir ne se construit pas demain, mais aujourd’hui, selon qu’on choisit d’être un citoyen spectateur ou acteur de développement. Sa réalisation requiert une première condition : se fixer une vision du futur à travers une réponse aux questions fondamentales, à savoir : « Qui suis-je ? » « Qu’est ce que je veux faire de ma vie ? » « Comment y arriver ? » et surtout, « Que deviendrais-je alors ? » Ainsi, les incertitudes seront réduites et le champ des possibilités élargi par un désir bouillonnant d’autonomie, d’anticipation, de responsabilité, de concertation, de méthode mais surtout d’imagination. Autant de valeurs propices à la construction d’une forte identité citoyenne.
Face à l’échec, le lion indomptable doit rugir ! Un citoyen sénégalais ne recule pas, il se nourrit d’énergie patriotique et se laisse dompter par sa passion républicaine ! Comme disait Albert Einstein, « il n’y a pas d’échec, il n’y a que des abandons ». Or, un citoyen n’abandonne pas son pays. Mieux, il s’acharne contre le sous-développement et la mentalité qu’il irrigue. Trop de vies sont en jeu, trop de rêves menacés pour se laisser aller au fatalisme, pour laisser progresser la médiocrité dans notre pays. Ce serait inimaginable lorsqu’on est que trop conscient du réservoir d’intelligence, du potentiel d’excellence en chaque individu, en chaque lycéen. C’est ainsi seulement que notre génération pourra renverser les clivages navrants qui dispersent nos savoirs et espérer parvenir à un véritable essor de la créativité comme dans ces pays émergents où le culte de l’excellence a fini de faire ses preuves. N’ayez crainte! Une jonction passionnelle entre un besoin personnel de réussir et une conviction sincère qu’un citoyen africain peut jouer un rôle dans l’avenir de l’humanité saura disloquer toute forme d’incertitude pour laisser place à la victoire.
Chers frères, chères sœurs, un citoyen fait le bon choix en se disant que l’avenir est en lui-même, que demain commence maintenant et que l’ascenseur social le plus pérenne est bien le travail.
Certes, c’est pénible de rentrer chez soi et d’avoir à dire à ses parents qu’on a échoué, mais les personnes qui ont réussi sont ceux qui, dans les creux de la difficulté, ont su choisir à temps la résilience face à l’adversité. Chaque candidat recalé doit à sa famille mais surtout à son pays de se relever. Ne pas se relever, avec la ferme détermination de franchir toutes les étapes pour parvenir au développement, c’est abandonner son pays à un moment critique de sa trajectoire. Le culte de l’excellence trouve encore là tout son sens.
Peu importe la situation, le pessimisme n’est pas une option. Ni face à l’échec de son enfant, ni face à l’échec de son élève.
C’est pour cela qu’au moment des Assises de l’éducation, nous avons été optimistes face à l’engagement d’illustres experts qui se sont unis pour envisager des réformes. Et on voit nettement que quand les citoyens sénégalais s’unissent, ils parviennent toujours à des solutions. De la même manière qu’ils se sont unis autour de ces assises, c’est important que nous nous allions à ces jeunes pour leur redonner espoir.
Alors chers lycéens, au nom de ce pays qui a besoin de vous, au nom de vos parents qui ont investi en vous, au nom de votre avenir en jeu, je vous invite à considérer cet échec comme un faux pas et à vous dire que l’année prochaine non seulement vous allez réussir mais vous allez aider d’autres à réussir en s’inspirant de votre influence positive. Votre pays croit en vous, vos parents croient en vous, alors c’est à vous maintenant de croire en vous.
Bonne rentrée et puisse cette année scolaire être le fruit d’une aube d’explosion des talents pour un avenir prometteur. »
Amy Sarr Fall, Directrice Générale du groupe Intelligences.