Il était de coutume que la nouvelle mariée subisse l’épreuve du « Labanne » et du « Khakhar ». Des fondamentaux qui préparent la femme physiquement et moralement avant de rejoindre le domicile conjugal. Aujourd’hui, ces pratiques sont rangées aux oubliettes et ont perdu leur vocation d’antan. Le Témoin a cherché à comprendre.
Il fut une époque où la virginité occupait une place importante au sein de la société sénégalaise. Elle était si valorisée qu’au lendemain de la première union charnelle des deux conjoints, qu’il était une obligation institutionnelle de battre le tam-tam, quand la nouvelle mariée se révélait vierge. Et le mari tout heureux, offrait un somptueux cadeau à son épouse pour la remercier de s’être préservée jusqu’au mariage. Le pagne blanc de la jeune femme, maculé de sang virginal, était ainsi exhibé publiquement le lendemain de la nuit des noces. C’est cette fameuse cérémonie, qui accompagnait la nuit de noces, que l’on appelle le « labanne ». Mais, de plus en plus, cette pratique tend à disparaître.
De même que le « khakhar » qui, aujourd’hui, lorsqu’on évoque le mot, les gens pensent aussitôt à insanités, incorrection, méchanceté gratuite. Cette pratique ancestrale a, depuis très longtemps, perdu sa vocation première d’éduquer la nouvelle mariée et, surtout, de lui donner les clés de son nouveau milieu social. On armait la jeune mariée à travers le rire et la caricature à bien s’imprégner des réalités de la communauté qui l’accueille en son sein. Toutes les pratiques que réprouvait la société, étaient dénoncées en public. Ainsi, dès son arrivée, la nouvelle mariée savait à quoi s‘en tenir.
Actuellement, ces pratiques ne sont plus à la mode. Beaucoup de Sénégalais pensent que ces pratiques sont dépassées. Nous sommes à l’ère de la mondialisation et le « Labanne » et le « Khakhar » constituent maintenant de l’avis de certains des signes de barbarie.
Selon Dieynaba Diallo, nouvellement mariée, le « Labanne » est une pratique très vulgaire. « Il n’y a aucun respect ni intimité entre les nouveaux mariés ». À l’en croire, ces pratiques n’apportent rien dans la vie du couple. Abondant dans le même sens, Mame Fama soutient que cela n’est plus d’actualité. Pour elle, si une femme est vierge ou pas, c’est entre elle et son mari, qui l’a choisie parmi tant d’autres filles pour l’épouser. Car pour elle, la valeur d’une femme ne réside pas en ce qu’elle soit vierge, l’essentiel pour la demoiselle, c’est d’avoir un bon cœur, bien prendre soin de son mari et lui être fidèle durant toute la vie.
Quant à la jeune Ramatoulaye Daiw, tout en reconnaissant l’intérêt de préserver ces pratiques, elle s’interroge tout de même de leur utilité à l’ère où des personnes peuvent se reconstruire l’hymen. Et dans ce cas, dit-elle, la pratique du « Labanne » perdrait tout son contenu.
Ablaye Ndaw, lui, pense que c’est la mondialisation des cultures qui est à l’origine de l’abandon de ces pratiques. « Maintenant, ce ont les jeunes mariés qui décident du lieu ou de l’endroit où la lune de miel doit être célébrée. Parfois même, la fille peut avoir honte d’être soumise à ces scènes de « Labanne », même si elle est vierge », se désole-t-il.