Je sais que ta décision n’a pas été facile. Je sais aussi que tu as eu à la mûrir, soupeser et peser, consulter ta famille, tes proches, tes amis, sympathisants pour venir à cette dure conclusion : qu’il est temps que tu prennes ton destin politique en main.
Je te connais assez bien pour t’avoir côtoyé pendant plus de cinq ans dans le bureau que nous partagions ensemble au 3éme étage de l’Assemblée Nationale ( bureau C1). Quand tu as dignement quitté ton poste de Président de la commission Comptabilité après une rude et âpre bataille sur la transparence du budget du parlement. Deux véhicules, 1.000 litres de carburant, une ligne téléphonique et tous les avantages liés à ce poste.
Tu as préféré te battre pour les principes et les valeurs auxquels tu crois afin que la rupture soit une réalité. Je me rappelle encore le sourire avec lequel tu as traversé le hall du parlement, tes dossiers sous les bras, pour venir me retrouver à Grand Dakar (le surnom que j’ai donné à notre bâtiment) pour continuer à porter les doléances du peuple sénégalais. Tu n’as jamais négocié tes convictions.
Je suis témoin de beaucoup de choses et nous avons vécu ensemble les sacrifices que le sacerdoce d’être un représentant du peuple requiert au sens propre du terme si l’on a le sens et la conscience de l’homme politique qui se lève chaque matin et s’expose aux critiques de tout un chacun.
Cette décision, j’en suis convaincu, tu l’as puisé au plus profond de toi après avoir eu à défier tes incertitudes et les meilleurs souvenirs que tu as eu à passer avec ton parti REWMI. Je peux aussi témoigner de la fidélité et du respect que tu as toujours fait montre envers ton leader Idrissa Seck.
En cinq ans, tu avais l’occasion de t’ouvrir des voies plus aisées et remplir ton compte bancaire, en cinq ans tu as su maîtriser tes besoins personnels et tu les a dominé pour conserver ta dignité.
Aujourd’hui que ta décision est prise, et je sais que tu as la capacité de l’assumer dans sa plénitude, tu t’ouvres de nouvelles perspectives. Aucun chemin n’est facile, mais gardes toujours à l’esprit que tu dois être à l’écoute du peuple, pour le peuple et avec le peuple.
La jeunesse d’aujourd’hui a l’opportunité de voir en toi un leader pétri de qualités, d’humanisme et de modestie. Notre pays, notre continent a besoin de se réinventer à travers un système éducatif plus intelligent, une formation professionnelle plus adaptée, une transformation agricole plus inclusive et une répartition des ressources plus juste.
Les défis sont là mon jeune frère, et aujourd’hui comme hier tu as mon soutien moral, physique, intellectuel, parce que ta réussite sera celle de toute une génération qui s’est battue pour que notre cher pays soit sur la voie du développement.
Ton cher ami, et grand frère,
Cheikhou Oumar Sy