La guerre en Ukraine risque de faire clouer au sol les avions. La lettre du directeur de la Smcady au directeur général de l’Aibd est une alerte qui pourrait menacer le planning des compagnies aériennes au Sénégal. Bés bi a appris que la Smcady, qui a annoncé qu’à partir du 20 avril, les opérations d’avitaillement ne pourront plus se poursuivre, avait déjà averti les autorités.
La guerre en Ukraine rattrape les compagnies aériennes. Tout juste sorties de la crise du Covid-19, elles vont devoir faire face à une nouvelle crise : celle du carburant. Dimanche, invité du Jt de 20h de la Rts, Ma Anta Guèye, conseiller technique au ministère du Pétrole et des énergies avait tenté, apparemment, d’anticiper 4
sur la communication avec quelques envolées rassurantes. « À la date d’aujourd’hui, il y a deux produits qui font l’objet de supputations, c’est essentiellement le jet et un peu le gasoil », avait-il déclaré. Mais c’était plus grave que ça. Dans une note adressée vendredi dernier à Doudou Ka, directeur général de l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd), la Société de manutention de carburants aviation (Smcady) avait annoncé le 15 avril dernier « l’indisponibilité de deux semaines de carburant aviation (Kérosène) ».
Momar Kébé, directeur de la Smcady, « pour des raisons d’indisponibilité de carburant aviation (kérosène) à l’Aibd, les opérations d’avitaillement des aéronefs ne pourront plus se poursuivre ». Par conséquent, les avions, qui transitent à Dakar, devront faire leurs opérations d’avitaillement dans les pays de la sous-région qui ne sont pas encore touchés par la pénurie du kérosène.
Le Smcady avait alerté depuis plus d’un mois
La guerre en Ukraine a fait fluctuer le prix du baril de pétrole et donc logiquement fait augmenter le prix du carburant que l’on met dans les avions, c’est-à-dire le kérosène. Selon des sources proches de l’Aibd, l’alerte d’indisponibilité du Kérosène découle d’une situation qui perdure sur le jet depuis un mois. « Il y a quelques semaines, l’on a failli connaître cette même pénurie de jet et les autorités en avaient été informées », confient des sources proches des majors qui ont leurs dépôts à l’Aibd.
Une situation « étouffée » mais la tension ne pouvait être tue. Bés bi est en mesure de dire que c’est dos au mur que la Smcady a voulu dégager ses responsabilités en décidant de communiquer son Notam (Notice to airmen), un message destiné aux navigants aériens pour alerter la rupture du Kérosène. Et bien sûr, les compagnies et aéroports subiront naturellement des perturbations.
« La conséquence de cette rupture est que les compagnies vont devoir modifier leurs plans de vol selon la disponibilité du kérosène, réduire leur déplacement en direction de Dakar, diminuer même les bagages des passagers pour équilibrer le poids de l’avion. Ces éventuels changements pourraient déboucher sur une hausse du prix des billets d’avion », explique un expert de l’aéronautique. Et pour le Sénégal, il peut y avoir des conséquences aussi sur le taux de fréquentation de l’Aibd, considéré comme un hub aérien sous régional qui engrange annuellement 3 millions de passagers, 80 mille mouvements d’avions commerciaux, 50 mille tonnes de volume de fret et plus de 300 destinations.
Total, Vivo et Ola, ces majors à sec
Cette pénurie du jet va durer deux semaines, selon la Smcady. Elle est due aux contraintes d’importations accentuées par la guerre en Ukraine. « Et il se trouve que le jet russe, du reste le plus cher, est devenu rare. Et notre pays n’a pas de stock de sécurité, même si les textes prévoient une durée de 30 jours », apprend-on des proches du Comité national des hydrocarbures.
Mais pour comprendre la sensibilité de cette question, il faut expliquer le fonctionnement même de la Smcady. Total détient 50% de l’avitaillement des avions, Vivo Energie 25% et Ola 25% dans leurs dépôts à l’Aibd. Et encore, la Sar, en arrêt métal depuis quelques mois, ne fait pas de jet. La semaine dernière, le baril de Brent a franchi les 139 dollars, du jamais vu depuis 2008.