En deux mandats, le Président Macky Sall a réussi à faire fleurir de nombreuses infrastructures. Ces réalisations du locataire du Palais ne laissent pas indifférents partenaires et investisseurs qui se bousculent aux portes du pays. Mais le chef de l’Etat n’a toujours pas édifié les sénégalais sur la lancinante question du 3e mandat. Si au sein de Benno Bokk Yakaar l’on se concentre sur les élections législatives du 31 juillet 2022, le commandant en chef n’a qu’une seule et unique sortie pour la présidentielle de 2024.
Élève de l’ancien président Abdoulaye Wade, Macky Sall a bien retenu les leçons de son mentor politique. Si le Pape du Sopi est l’homme des grandes réalisations, l’actuel chef de l’État est l’homme des grands défis. L’histoire retiendra que c’est sous son magistère que Diamniadio est devenu une nouvelle ville moderne. Le « Stade Me Abdoulaye Wade » est la dernière infrastructure qui est sortie de terre pour faire de cette partie du pays la ville du futur.
Ces réalisations ont permis à Macky Sall de se forger un bilan très solide. Mais elles sont insuffisantes pour permettre au locataire du Palais d’exercer ses fonctions au-delà de 2024. En effet, le chef de l’Etat est le seul candidat qui est disqualifié d’office pour la course présidentielle. En français simple, Macky Sall n’aura pas de troisième mandat. Même si certains souhaitent le voir avoir un autre mandat pour finir les projets qu’il a entamés, Macky Sall n’ira pas au-delà de cette date.
La Constitution, qui est la Bible et Coran de la nation, est claire sur la question des mandats. « La durée du mandat du Président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». L’article 27 disqualifie ainsi Macky Sall qui boucle son second mandat en 2024. En bon républicain, le patron de Benno Bokk Yakaar ne peut pas aller outre la Constitution. Quand cette échéance arrivera à terme, le chef de l’Etat sera obligé d’organiser des élections libres et transparentes qui permettront de lui trouver un successeur.
S’il est tenté d’aller outre cette disposition, il le paiera cher. Il sera chassé du pouvoir. Toutes les nombreuses réalisations qu’il a eu à faire ne le sauveront pas d’une escalade de violence. Il a beau être un homme de défi, mais il ne fait pas l’unanimité. Sa gestion et celle de ses ministres sont décriées de jour en jour. Et après les événements de mars 2021, le locataire du Palais doit avoir une idée de ce que les jeunes sont capables pour dire non à un tel projet.
Ce que les sénégalais n’ont pas accepté pour Abdoulaye Wade, ils ne l’accepteront pas pour Macky Sall. Le chef de l’Etat a des options limitées. Pour maintenir la stabilité dans le pays il devra se plier à la volonté du peuple et suivre les directives de la Constitution en 2024. C’est la seule voie qui permettra à notre pays d’éviter le scénario qui se joue actuellement dans la sous-région.
Il est tout à fait vrai que le Sénégal n’a jamais connu de coup d’état depuis les indépendances. Mais le Sénégal d’hier n’est pas le Sénégal d’aujourd’hui. Les Sénégalais savent voter et ne se laissent pas faire. Les émeutes de mars 2021 ont fait 14 morts. Et pourtant aucun signe ne prédisait une telle hécatombe. Et le président de la république devrait tirer des conséquences pour éviter d’affronter des situations conflictuelles.
Mais en attendant d’arriver en 2024, le Président doit réussir le pari de ne pas perdre sa majorité à l’Assemblée nationale. Contenir l’avancée de la coalition Yewwi Askan Wi qui fonce tout droit sur lui. Mais aussi maintenir le Sénégal sur le cap de l’émergence.
Aliou Niakaar Ngom pour Xibaaru