C’est à partir de 2008, trois ans avant sa chute, que des responsables libéraux ont commencé à défier le secrétaire général du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), Me Abdoulaye Wade. Des membres du comité directeur du PDS osaient dire « NON » à leur mentor et le défier publiquement. Et Macky Sall fut l’un de ces contestataires qui a restitué tous ses mandats gagnés au PDS dont son siège de député et la présidence de l’Assemblée nationale. Mais aujourd’hui, Macky Sall, président de la République vit la même situation que Wade, moins de deux ans avant la fin de son mandat.
Considéré comme le « Dieu » du parti Alliance Pour la République (APR) depuis sa création, Macky Sall trône seul à la tête d’un parti sans structure et sans véritable responsable. Il est le seul à avoir un titre dans l’APR, celui de président. Il est aussi le seul juge, celui qui prend des décisions et sanctionne. Et il est le seul maître à penser, celui qui conceptualise, ébauche et réalise. Toute gloire lui revient, à lui seul et personne d’autre. Quand l’APR parle de Macky, c’est une bible d’éloges qui lui est consacrée. Mais toute gloire à son apogée…
L’ancien chef de cabinet du président, Moustapha Diakhaté, a eu le courage de dire NON au troisième mandat de Macky. Il a été viré comme un malpropre et descendu en flammes par les sbires du parti. Tout comme l’ancien directeur général des Sénégalais de l’Extérieur, Sory Kaba, qui a été défenestré du parti pour avoir abondé dans le même sens que Moustapha Diakhaté. Et ils ne sont pas les seuls puisque des alliés de Benno en ont aussi fait les frais comme Moussa Diop, président d’Alternative générationnelle (Ag/Jotna).
Mais depuis les élections locales qui ont vu des listes parallèles dont certaines ont été commandées par le chef de l’APR et d’autres confectionnées après un sentiment d’indignation et de réprobation face aux investitures, le « Patron » de l’APR n’est plus aussi écouté et suivi. Les moutons de Panurge sont devenus des révoltés du Macky. Des voix s’élèvent pour dire NON au grand chef. Même les jeunes du parti osent contester et critiquer les décisions du Chef du parti. A quelques mois des législatives, tous les coups sont permis.
A Louga, le maire Abdoulaye Diop, par ailleurs ministre du gouvernement de Macky a récusé les commissaires politiques de Benno Bokk Yaakaar envoyés par le « Patron ». Selon Moustapha Diop, Aminata Mbengue, la présidente du HCCT et membre de la conférence des leaders de Benno « n’est pas légitime » et qu’il est le « seul plénipotentiaire et mandataire de Benno Bokk Yaakaar dans la capitale du Ndiambour ». Moustapha Diop qui « réclame le respect » estime que la « légitimité est avec lui ». La sortie du ministre Moustapha Diop est un acte de défiance à l’encontre de Macky Sall. Et il n’est pas le seul au sein de ma mouvance présidentielle.
Dans la capitale du Rail, des voix s’élèvent au sein de la mouvance présidentielle, pour critiquer les actes posés par Macky Sall lors des dernières élections locales. L’absence de Habib Niang et Abdoulaye Dièye dans les listes de la coalition BBY de Thiès continue de susciter beaucoup de réactions même en dehors de la sphère politique à Thiès : « Sans Abdoulaye Dièye et Habib Niang, Macky Sall a fait une erreur de Casting à Thiès » selon des membres de la coalition…
A l’approche des législatives, certains responsables de la mouvance présidentielle ne veulent pas être laissés en rade lors des investitures pour les législatives et commencent déjà à faire entendre leur mécontentement. C’est le cas de plusieurs responsables à Dakar, Thiès, Tamba et Kaolack. Et les prochains jours s’annoncent rudes pour Macky qui risque de voir son parti émaillé de violences et d’acte de défiance. Et après les législatives, son parti va exploser car les ambitions des uns et des autres vont se heurter à l’appétit d’ogre de Macky Sall qui veut encore avaler un mandat de trop…
La Rédaction de Xibaaru