Le élections locales de cette année ont écrit un scénario inédit, improbable et qui n’arrivera pas de sitôt. En effet, le couple Baldé, Abdoulaye et Ndèye Fatou Diop Faye, brigue mutuellement la mairie de Ziguinchor et celle de Gorée. Si le premier est un politicien rompu à la tâche, son épouse est une novice et compte détrôner Me Augustin Senghor, qui a passif de 20 ans dans l’île. Leral a réussi à tirer les vers du nez cette native de Gorée, qui a passé toute son adolescence à Paris, avant de rentrer au bercail.
Des couples politiciens, on en a vu au Sénégal depuis très longtemps. Mais un qui brigue les mairies simultanément, de mémoire, c’est du jamais vu. En effet, Ndeye Fatou Diop Faye, épouse d’Abdoulaye Baldé, le maire sortant de la commune de Ziguinchor, veut prendre celle de Gorée, gérée par Augustin Senghor depuis 20 ans.
Situation inédite et cocasse
« C’est vrai assez inédit comme situation, mais c’est la vie. Quoi de plus normal ? j’ai épousé un homme politique et l’état de délabrement très avancé de Gorée nous interpelle tous. En tant que native de cette île, où j’ai fait toutes mes humanités avant de partir en France pour études, il est de mon devoir de rendre la monnaie à cette terre. Maintenant, notre couple vit bien la situation, car c’est juste une quinzaine de jours et chacun travaille de son côté. Cependant, on reste accrochés au téléphone, après nos sorties respectives pour rendre compte de la journée« , explique la candidate de l’Ucs à Gorée.
Une tête bien pleine
Pourtant, rien ne prédestinait Mme Baldé à la politique, d’autant qu’elle est diplômée de l’Académie audiovisuelle de Paris en 2008, en même temps que présentatrice, animatrice chroniqueuse à la télé. Elle aussi testé la haute couture en devenant l’assistante de Jean Luc Amstel, qui travaillait avec les grandes maisons comme Yves Saint Laurent, Christian Dior ou Charer.
« Néanmoins, j’ai écrit mon premier moyen métrage qui s’appelle ‘Décalage » dont le pilote a été déjà tourné. J’avais des projet de cinématographie et il faut savoir aussi que je suis hôtelière, opératrice économique« , révèle-t-elle.
Même si elle raconte avec force détails sa première rencontre avec son futur époux à Paris, elle ne pensait pas qu’elle le reverrait un jour d’autant qu’elle avait demandé une photo souvenir, tant l’homme le fascinait. « Cela veut dire que je ne pensais plus le revoir et l’idée de mariage encore moins d’échange de coup de fil ne m’a effleuré. Mais, c’est Dieu qui décide », dit-elle fataliste.
Compréhension et confiance totale
« Vous savez, c’est très difficile d’être avec un personnage public, dans tous les domaines. Moi, j’ai une assez grande maturité et un degré de compréhension par rapport à sa situation. Dès fois, je vois des choses aux côtés des femmes, mais je souris. Il comprend, mais ne le manifeste pas. C’est un homme politique et on le doit le « partager » avec toutes les femmes, les jeunes femmes, les mamans. Il ne faut oublier que certaines personnes confondent l’amour au fanatisme. Il est aimable et on se comprend dès le regard. Notre couple va bien, il est dans son travail et pareil pour moi », dédouane-t-elle son époux.
Elle l’encense même: « On est très fusionnels, c’est comme si c’est mon âme sœur et vice versa. Les gens autour de nous s’en sont rendus compte car il y a des attitudes qui ne mentent pas. C’est quelqu’un qui est très solide, il a un mental d’acier ».
Volonté de gagner Gorée
Décidée à battre le maire sortant, elle revient sur sa motivation: « Quand j’ai vu l’école Léopold Angrand, où j’ai fais mes humanités et qui a formé tant de cadres dont le maire sortant, c’était un choc. Les élèves n’ont pas de bibliothéque, la cour de la récréation est devenue un dépotoir d’ordures, les enseignants se plaignent de mauvaises de conditions de travail. Pour la santé n’en parlons, les populations vivent dans une insécurité totale. L’île n’a qu’une sage femme qui ne passe pas les nuits. Elle prend la chaloupe pour travailler et rentre avant la dernière rotation. On ne peut même lui trouver un logement, c’est pourquoi Gorée enregistre un taux de mortalité infantile qui dépasse l’entendement. Et jusqu’à présent, des femmes accouchent à la bougie car la structure de santé ne possède pas de groupe électrogène. Gorée est une petite commune, mais possède un ratio de chômage extraordinaire ».
Elle fait le tour des maux de l’île en citant l’éducation laissée en rade, des guides avec une situation précaire, entre autres préoccupations. Surtout les femmes qui sont la plupart des vendeuses.