Le fait n’a pas échappé à la vigilance de l’association Action pour la justice environnementale (AJE), qui exprime ses vives inquiétudes autour de la présence, dans les eaux intérieures sénégalaises, d’un navire méthanier et d’une centrale électrique flottante dénommée Karpowership.
Rappelant le respect de certaines procédures imposées par le code de l’environnement, l’AJE dans un communiqué exploité par le site spécialisé Africapetromine, écrit : « Cette inquiétude est d’autant plus grande que ces installations sont situées à quelques encablures du Port Autonome de Dakar et de l’Ile de Gorée, lieux stratégiques à la fois pour l’économie du Sénégal et pour le patrimoine culturel mondial ».
« AJE croit fermement que le besoin de développement ne devrait et ne saurait prendre le dessus sur l’impérieuse nécessité de protéger notre patrimoine environnemental et culturel. Ainsi, si l’utilité du projet ne fait l’ombre d’aucun doute, il reste que sa mise en œuvre devrait obéir aux procédures environnementales et sociales en vigueur dans notre pays, alerte l’organisation ».
Pour alerter les autorités de l’Etat, l’association a adressé des correspondances à Sophie Gladima, ministre du Pétrole et des énergies, et à son collègue de l’Environnement et du développement durable, Abdou Karim Sall. Un courrier dans lequel AJE formue plusieurs interrogations : « Ce projet d’installation d’une centrale électrique flottante connectée à un méthanier a-t-il fait l’objet d’une étude d’impact environnemental et social (Art L48 du code de l’environnement) ? Si oui, est-il possible d’en disposer ? Le ministère de l’Environnement a-t-il délivré les autorisations prévues à l’article L13 du code de l’environnement ? Existe-t-il un Plan d’Opération Interne (POI) « propre à assurer l’alerte des autorités compétentes et des populations avoisinantes en cas de sinistre ou de menace de sinistre, l’évacuation du personnel et les moyens de circonscrire les causes du sinistre » (article L56 du code de l’environnement) ».
Africapetromine, dans sa publication toujours, rappelle que la centrale électrique flottante connue sous le nom de « Karadeniz Powership Ay?egül Sultan » ou Karpowership, est mise en service depuis octobre 2019. D’une capacité de 235MW, elle devrait fournir jusqu’à 15 % de l’électricité du Sénégal avec 220MW de puissance au réseau sénégalais. Pour lui assurer un approvisionnement permanent en énergie, cette centrale serait connectée à une unité flottante de stockage et de regazéification, un navire méthanier arrivé au Sénégal depuis le 31 mai 2021.