FSF : UN VRAI DEAL A MILLIARDS SOUS UN FAUX CONSENSUS

A qui sert-il de revendiquer un leadership qui commande un maintien à la tête d’une institution, comme si l’on était indispensable à l’existence même de cette organisation, alors que l’on a contribué à la rendre exsangue, par une incompétence avérée doublée d’un pillage méthodique de ses ressources, au profit d’une mafia qui l’a prise en otage ?

Le faux consensus qui semble vouloir plébisciter Augustin Senghor à la tête de la FSF, pour un ultime mandat (re)vendu encore comme le dernier procède d’une volonté manifeste de perpétuer un système prédateur en place, pour cacher l’étendue du désastre de la gestion financière de cette organisation, et son bilan catastrophique, en termes de réalisations d’infrastructures et surtout, de résultats sportifs.
La reconduction d’Augustin Senghor est devenue un formidable enjeu pour la survie de toute une bande de fossoyeurs du football national dont certains trônent à la tête d’associations polarisée par la Fédération.

Pour s’en convaincre, il suffit juste de constater combien il est difficile voire impossible d’avoir sous la main un quelconque état financier de la Fédération. D’autres parts, les quelques bribes d’information qui nous en parviennent nous heurtent par la gravité de la légèreté dans la gestion des fonds qui circulent dans le football.
Tout dans la programmation budgétaire de la Fédération est orientée non pas pour le développement du football et l’émergence d’une élite dans ce domaine, mais pour pérenniser un festin honteux au détriment des véritables bénéficiaires des ressources dilapidées par les dirigeants de la structure.

J’en veux pour preuve les sous-disciplines laissées en rade tels que le handifoot, le futsall et le football scolaire, mais aussi le football féminin livré à lui-même.
De bilan et de perspective, nulle réalisation dont peut se prévaloir Augustin Senghor et son équipe : le stade Léopold Sédar Senghor est un champ de patates, celui de Lat- Dior n’est pas homologué pour les compétitions internationales. Et que dire du stade Demba Diop, devenu un nid de reptiles et de voyous en plein cœur de Dakar ?
Et pourtant, en regardant les rapports financiers lors des assemblées générales et quelques données financières disponibles dans le site de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), l’estimation des produits encaissés sur la période de 2009 à 2020 se chiffre à + (plus) de 35 Milliards de F CFA.

Sur la fourchette 2018 (Coupe du Monde) à 2020, juste 3 ans, +14 Milliards F CFA ont été reçus et sont composés de :
· Subventions FIFA (56 %)= 7 Milliards 957 millions de FCFA.
· Sponsors et Partenaires (29 %) = 4 Milliards 151 millions F CFA.
· Subvention CAF (7 %) = 1 Milliards 18 millions F CFA.
· Autres revenus (7 %) = 1 Milliards 46 millions F CFA.

Il convient de se poser la question de savoir où sont passées toutes ces recettes. La reddition des comptes aurait dû être en la matière le seul argument de campagne suffisant pour légitimer une candidature d’Augustin Senghor. Un grand homme politique disait qu’on se faisait élire sur un programme, mais qu’on se faisait réélire par son bilan.

Quant à Augustin Senghor, il pose sans honte ni gêne une candidature sous le seul et saugrenu prétexte d’une carrière à la CAF que desservirait son renoncement à plonger encore plus profondément le football sénégalais dans les abîmes de la honte.
Du programme de budget prévisionnel en 2021, nous lisons comme par hasard que 2 milliards sont prévus en projets, en sus du budget ordinaire, et, après 7 mois, quels projets sont réalisables sur 2021 en ce moment ? Que de la démagogie !

Le seul argument brandi par son camp repose sur l’éventualité d’une accession à la Présidence de la CAF, dont le Sénégal serait privé si M. Senghor ne rempilait pas. Depuis quand le sort du football sénégalais passe t’il en dernier lieu, et que la promotion d’une personne qui trône à sa tête depuis douze ans et l’a mis en faillite irréversible est-il prioritaire ?

Les ressources cumulées reçues par la Fédération de Football depuis le magistère de Senghor auraient seules suffi à réaliser toutes les infrastructures nécessaires à la vulgarisation de ce sport populaire pour sa pratique dans les meilleures conditions, et son développement qui, aujourd’hui, aurait dû servir de rampe de lancement à l’impulsion des projets pour l’emploi des jeunes, avec toutes ces retombées économiques et les activités polarisées par sa pratique.
Au contraire, Augustin Senghor a non seulement patrimonialisé la gestion du football, mais il a subrepticement caché son échec lamentable sous le manteau des résultats obtenus par l’équipe nationale, notre vitrine, qui a longtemps servi de faire valoir au prestige de notre football. Aujourd’hui tout le monde sait que c’est l’arbre qui cache la forêt du désastre de la gestion de notre football, et la preuve la plus parlante en la matière est justement l’absence de trophée continentale glanée par cette fédération aux abois.

Augustin et ses affidés ont vampirisé les ressources du football et n’ont d’autre issue que la fuite en avant pour cacher leurs pratiques qu’un consensus qui sonne comme une conspiration renouvelée contre le football sénégalais devra valider
Ils ne sont pas prêts de reculer ou de changer de méthode ou de pratique. Pour s’en convaincre, jetons un coup d’œil sur leur projet de budget pour 2021. Au regard de budget prévisionnel de 2021 contenu dans le rapport financier ci-joint, nous constatons que :
· Les produits sont estimés à 5 011 500 000 F CFA,
· Les charges à 4 120 700 000 F CFA,
· Le résultat prévisionnel (bénéfice) de 890 800 000 F CFA sur l’exercice.

Ce qui laisse supposer que le total des produits prévisionnels est de 7 milliards 11 millions F CFA.

Ces 7 milliards prévisionnels dus au titre de la qualification en CAN et à la probable coupe du monde décalée en 2022 sont la véritable raison de la candidature d’Augustin Senghor. C’est l’enjeu principal qui fait courir cette équipe prête à tout pour réaliser un coup de Jarnac sur le dos du football national.

Voilà donc les ressorts qui font agir ces hommes qui ont cyniquement choisi de s’entendre pour un partage renouvelé des ressources du football sénégalais, devenu une rente taillée sur mesure pour des jouisseurs en recherche de prestige et de privilèges, au point de se départir de toute la solennité de leurs hautes fonctions pour se transformer en directeur de campagne, ou cautionner une entente pour une candidature unique dans une affaire dont ils sont à la fois juge et partie.
La candidature d’Augustin Senghor n’est donc pas une candidature pour le développement du football, elle est celle de la prise en otage renouvelée de notre sport national. Quiconque y adhère en fait partie et, pire encore, donne la preuve que le complot a été fomenté en sa présence. Et que donc, il y trouve son intérêt.

Il nous faut un sursaut national pour sauver notre football, le 7 aout ! Le peuple sénégalais est averti.

ABDOULAYE SEYNI NDIAYE
EXPERT EN MANAGEMENT SPORTIF ET FINANCIER

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