Programme FOWARD, conflit d’intérêts à la FSF: enquête sur la gestion de Me Augustin Senghor.

On en parle peu, mais la gestion de la Fédération senegalaise de footbal (FSF) est une » vraie nébuleuse ». En quête d’un 4e mandat à la tête de la FSF, Me Augustin Senghor gagnerait à être plus transparent. Voilà une discipline qui, en dépit des milliards qu’elle récolte, reste le parent de pauvre en matière d’infrastructures sportives digne de ce nom. En effet, la FSF, dans son rapport financier de 2019, avait décliné plusieurs projets d’infrastructures qui doit être financés dans le cadre du programme FOWARD de la Fédération international de football. (Ce programme fournit toutes les ressources et structures nécessairespour soutenir les associations membres et les confédérations)..

Programme FOWARD, conflit d’intérêts à la FSF: enquête sur la gestion de Me Augustin Senghor.

Parmi ces projets, il y a la réalisation de la 2e de l’hôtel fédéral, la réhabilitation du stade Demba Diop, la réhabilitation du siège de la FSF, la constitution et équipements de 14 sièges des ligues régionales, l’installation d’un gazon synthétique à Thiès, l’augmentation de la capacité d’hébergement au Centre de développement technique (CDT). Mais à ce jour, seul le projet du stade Maniangue Soumaré de Thies a débuté. Avec beaucoup de retard. Lors de sa visite de chantier, le vendredi dernier que le président de de la FSF, Augustin Senghor, a annoncé la pose du gaz synthétique dans les prochains jours et la fin des travaux en juin 2021. Or, avec ses propres moyens, la FSF pouvait prendre en charge certains investissements. Dans le rapport financier de 2018 consulté par Guestuinfo, la FSF avait affiché un budget de près de 7.704.055.177 FCFA. Après ses dépenses qui s’élèvent à 4.950.834.934 FCFA, il lui restait dans ses caisses la somme de 2.753.160.243 FCFA. Sans parler des retombées financières issues de la participation des Lions de football lors du Mondial 2018 en Russie (1,100 milliards F CFA) et de la CAN 2019 en Egypte (2 milliards). Comment tout cet argent a été utilisé ? Pourquoi les projets engagés par la FSF tardent à voir le jour ?

Mais le cas le plus préoccupant, c’est celui du stade Demba Diop. Depuis le drame survenu en août 2017 ayant entrainé la mort de 8 supporters de Mbour, rien n’a changé dans ce stade, fermé depuis lors. Aujourd’hui, Demba Diop n’est que l’ombre de lui-même. Que dire du stade Léopold Sedar Senghor ? Fermé, lui, aussi pour cause de travaux, le plus grand stade du pays ne peut plus recevoir de matches internationaux. Ce, au grand dam des Lions du football obligés de se rabattre sur le stade Lat Dior de Thiès. Et pourtant, lors des assises de la FSF tenues le 28 novembre 2020 au Centre de développement technique Jules François Bocandé de Toubab Dialaw, Me Augustin Senghor avait évoqué la situation de FSF qui « se trouve dans une meilleure santé financière« . « Elle (FSF) est maintenant une fédération qui investit dans les infrastructures, dans les projets grâce aussi au programme Fifa. Nous en profitons d’ailleurs pour remercier Gianni Infantino et sa Secrétaire générale, Fatma Sa­moura Diouf. Nous sommes devenus une fédération bâtisseur.», avait déclaré le président de la FSF.

« Faux! », rétorque une source bien informée qui dénonce un « leurre » de la part de Me Augustin Senghor. « Aucun de ces projets n’a été réalisé. Sur les 14 ligues fédérales, une seule a reçu une première pose, celle de Kaffrine, ville du ministre Abdoulaye Sow qui est 2e vice-président de la FSF. Pourquoi on ne démarre pas par Saint Louis qui en a le plus besoin? », se demande notre interlocuteur, qui a requis l’anonymat. Ce dernier est d’autant plus révolté qu’il n’y a aucune obligation de reddition des comptes des fédéraux vis-à-vis de la tutelle. « Je ne peux pas comprendre que lorsque l’équipe nationale a besoin d’argent, c’est le ministre des Sports qui finance, et que la FSF ne puisse pas rendre compte au ministère sous prétexte que les fédérations ont une autonomie de gestion. Il faudrait que l’on revoit les textes, car c’est l’État qui a délégué ses pouvoirs à la FSF. Donc, il doit avoir un droit de regard sur sa gestion », argumente notre source.

« Ma famille d’abord… »

Mais ce n’est pas tout. Il est aussi reproché à Augustin Senghor son manque de transparence dans l’attribution des marchés dont certains relèvent d’un conflit d’intérêts. C’est le cas du marché de la clôture du Centre de développement technique Jules François Bocandé. Selon nos informations, ce marché a été confié à Mbaye Mbow, President section football US Gorée. Club que dirige Augustin Senghor, lui-même. Quant au marché relatif à d’hébergement des Lions de football, il est confié à son beau frère, Aimé Sene, patron des hôtels « Fleur de Lys ». L’homme d’affaires et propriétaire de HERTZ(société de location de voitures), est, en fait, l’époux de la sœur du président de la FSF. Me Augustin Senghor n’a pas oublié de… servir son propre frère, qui dirige l’hôtel « Goodrade » situé sur la VDN. Car, cet hôtel abrite régulièrement les conférences de presse du coach Aliou Cissé, a l’occasion de la publication des listes des joueurs sélectionnés.

Guestuinfo a tenté de joindre Me Augustin Senghor, à plusieurs reprises, en vain. Idem pour le vice-président de la FSF, Abdoulaye Sow, par ailleurs ministre de l’urbanisme, du logement, de l’hygiène publique, Victor Ciss, le secrétaire général de la FSF. Mais tous sont aux abonnés absents.

Nous y reviendrons !

Daouda Gbaya (Guestuinfo.com)

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