La gymnastique politico-juridico-médiatique qu’on nous a servie hier soir, et dans laquelle on veut nous enfermer, nous l’avions déjà vue. Nous avions même accordé une note artistique et technique à l’athlète de l’époque, le président Abdoulaye Wade, en l’envoyant à la retraite.
Lorsque l’ancien président a voulu forcer le passage et s’offrir un troisième mandat, nous nous sommes farouchement opposés, dans la rue. Lorsque le Conseil constitutionnel a bien évidemment validé la volonté du président sortant, nous lui avons barré la route, calmement, dans l’isoloir.
Le Président de la République en exercice, Macky Sall, qui nous avait promis de réduire son mandat de 7 à 5, s’il était élu, vient, pour sa part, de se voir « interdire » cet engagement par le Conseil constitutionnel. Ses partisans, les alliés et les transhumants jubilent. Normal ! On rallonge la table. Nous prenons note et date.
Ma conviction est que si le Président Macky Sall voulait vraiment réduire son mandat, comme il l’avait promis, il pouvait le faire. A quelle rares exceptions près, les Conseils constitutionnels vont toujours dans le sens des Présidents de la République. Donc, personne n’est surpris. Tout le monde dans ce pays s’attendait à cette décision des 5 sages. Le président Macky Sall savait. Nous savions aussi.
Mais il faut tout de même souligner une énorme bizarrerie. Le Conseil constitutionnel interdit aux électeurs de changer une disposition que le texte fondamental leur offre la possibilité de modifier par référendum. Il est écrit noir sur blanc que l’article 27, relatif au mandat du PR, est modifiable par voie référendaire. Mais les juges constitutionnels nous disent : En fait, NON. Pas de référendum qui tienne. Il faut aller au bout des 7 ans. Alors, à quoi sert la phrase « Cette disposition ne peut être révisée que par voie référendaire » ? Il n’a jamais été écrit « il faut réviser, mais pour l’avenir ». Rien dans nos textes n’empêche l’effet rétroactif dans le cas d’espèce. Le Président et les juges ont préféré éviter l’article 103 pour n’évoquer que l’article 51.
Le Président, dans son discours, nous dit qu’il voulait bien mais qu’il ne peut pas.
S’il tient vraiment à respecter sa promesse, il peut le faire. Il lui suffira de démissionner après 5 ans d’exercice et de se représenter devant les Sénégalais. La Constitution prévoit ce cas de figure dans ses articles 31, 39, 40 et 41. Le président de l’Assemblée nationale assurera l’intérim et est tenu d’organiser l’élection présidentielle dans un délai compris entre 60 et 90 jours. Ce n’est vraiment pas long. Et cette fois-ci il ne pourra pas dire que le Conseil constitutionnel ne le lui permet pas. Mais ça, il ne le fera bien évidemment pas.
Ma conviction est que le PR Macky Sall n’a réellement aucune envie de réduire son mandat. Mais l’histoire a la fâcheuse tendance à se répéter et les mêmes faits produisant les mêmes effets, le camp présidentiel devrait voir les nuages qui s’amoncèlent au loin. Les électeurs ont de la mémoire. « Mêmes chiens yi, mêmes chats yi » disent les rappeurs de Keur Gui.
En attendant, nous pouvons refuser de nous laisser distraire, plus que nous ne l’avons été pendant 2 ans, et choisir de vaquer à nos occupations, en attendant 2019. Le palais et le Conseil peuvent agir comme bon leur semble. Demain il fera jour, Inch’Allah !
PS : Le référendum « nettoyé » du 20 mars ? Je ne me sens pas lié.
Abdou Khadre Lo