Le Gouvernement du Sénégal fait renaître des cendres de l’affaire Adji Sarr, Ousmane Sonko que les Sénégalais avaient commencé à ranger aux oubliettes. Et ce n’est pas de manière fortuite que le Gouvernement l’a fait. C’est, selon Me Sidiki Kaba, ministre des Forces armées, pour rétablir la vérité des faits après que l’opposition et la société civile prennent l’Etat pour responsable des violences qui ont eu lieu suite à l’interpellation de Ousmane Sonko.
« C’est important de livrer la part de vérité de l’Etat parce qu’il nous faut éclairer l’opinion sur ces évènements parce que nous avons entendu plusieurs narrations et récits laissent entendre que l’Etat endosse l’entière responsabilité des morts, des pillages, des blessés », a d’emblée déclaré le ministre des Forces armées pour camper le débat.
Poursuivant, il a situé le contexte dans lequel ces évènements se sont produits. Ils se sont déroulés, selon lui, dans un contexte de Covid-19 qui a eu des effets réticents sur l’ensemble des systèmes économiques du monde. Le Sénégal n’est pas un pays isolé et il avait quatre défis à relever. Lesquels étaient le défi sanitaire, le défi alimentaire, le défi économique et le défi sécuritaire. Et cela avait conduit le Gouvernement a adopté l’état d’urgence et des restrictions de certaines libertés pendant un certain temps.
Mais, constate-t-il pour le regretter, cela a été perturbé par un fait. Il s’agit de la plainte de la masseuse Adji Sarr accusant Ousmane Sonko de faits de viols répétitifs et de menaces de mort. « L’appel à la résistance du mis en cause, qui a refusé de déférer à la convocation, a eu un écho et, il y a eu des manifestations dans la rue. Lesquelles ont occasionné plusieurs dégâts », a expliqué le ministre des Forces Armées, rassurant que cette affaire sera tirée au clair.
« La justice en toute indépendance et impartialité rendra son verdict »
À l’en croire, la Justice est en train de suivre son cours. « Cette affaire a pu cacher la véritable affaire. La véritable, c’est cette plainte qui oppose deux sénégalais qui sont d’égale dignité et la justice en toute indépendance et impartialité rendra son verdict selon les éléments de preuves mis à sa disposition. Donc, laissons la justice continuer son travail et nous aurons la vérité le jour où elle rendra sa décision. On a voulu faire porter l’entière responsabilité des faits à l’Etat or, cette plainte et ce refus de déférer devant la Justice sont les éléments déclencheurs de ces évènements. Maintenant, il y avait un terreau qui a été lié à la situation de mal vivre d’une certaine population à cause de la pandémie », a soutenu Me Sidiki Kaba.
Dans le même sillage, le ministre a battu en brèche ce qu’il considère comme de grandes accusations qui ont été portées contre l’Etat du Sénégal. Il trouve que c’est excessif de dire que le Gouvernement du Sénégal est illégitime et que le président Macky Sall a un mandat illégitime. Cet argumentaire, à son avis, ne devrait pas être fait d’autant qu’il n’est pas fondé. Etayant ses propos, il revient sur les différentes élections qui, rappelle-t-il, ont été remportées haut la main par Macky Sall et ses alliés. Et, ajoute-t-il, toutes ces élections se sont déroulées de façon « honnête, sincère et transparente ».
« Les forces de l’ordre ont fait preuve de tenue, de retenue et de sang-froid »
S’agissant du bilan qui a été fait à la suite de ces évènements, c’est-à-dire les 13 morts et les 590 blessés, le ministre indique qu’il a été fait précipitamment. C’est un bilan partiel qui, de l’avis du ministre, n’a pas recueilli l’avis de l’Etat. Selon lui, ce rapport veut jeter l’anathème sur les forces de l’ordre en les indexant comme étant les responsables de ces actes de violences. Ce que rejette le ministre des Forces Armées.
À son avis, on ne peut pas soutenir que ce sont les forces de l’ordre qui sont à l’origine de ces violences. « Ces dernières ont même reculé et parfois, on a même entendu qu’elles ont fui. Si on n’était pas dans un Etat démocratique, cela ne serait pas possible. Cela ne se produirait pas dans un État de dictature. Les forces de l’ordre ont fait preuve de tenue, de retenue et de sang-froid. Si elles avaient agi autrement, nous aurions eu un bain de sang. Elles ont, par moment, reçu des pierres, elles ont été piétinées mais elles sont restées calmes », a fait savoir le ministre des Forces Armées.
« Le Sénégal n’est pas l’enfer des droits de l’homme »
De même il a nié les actes de tortures qui seraient infligés à certains citoyens lors de ces derniers évènements violents. D’après M. Kaba, des actes de tortures n’ont jamais existé. Car, poursuit-il, au Sénégal, on a institué la présence de l’avocat dès l’interpellation. Il s’ ajoute que la personne placée en garde à vue peut requérir un médecin pouvant constater s’il a des blessures ou pas. De même, Sidiki Kaba a déchiré le rapport d’Amnesty International qui fait état de la restriction des libertés de marche au Sénégal. Il a révélé que plus de 2000 demandes de marche ont été autorisées. « Il n’y qu’à peine quelques demandes qui ont été rejetées et, elles sont moins de 4% », a martelé Sidiki Kaba, ajoutant que sur cette question, l’Etat du Sénégal n’a pas de leçons à recevoir d’ailleurs « Le Sénégal n’est pas l’enfer des droits de l’homme ».