Dans un Etat de droit, nul n’a le droit d’encourager ou de promouvoir la violence dans le but de déstabiliser les Institutions. Alors, il a été remarqué que, depuis la convocation suivie de l’arrestation de Ousmane SONKO, leader du Pastef-les Patriotes, notre pays traverse une crise sans précédent. Ont été constatées des vagues de manifestations qui ont secoué plusieurs localités avec comme corollaire des pertes en vies humaines. Ont été également relevés, beaucoup de dégâts matériels, installant ainsi le Sénégal, le dernier verrou de sécurité du Sahel, dans le chaos. Des images malheureuses circulent dans les média ainsi que dans les réseaux sociaux montrant des biens publics saccagés et emportés, des symboles de la République attaqués, des maisons d’innocents citoyens incendiées, des magasins pillés et vidés. Sans oublier les scènes de vols, d’agressions physiques, qui ramènent à la surface de nos esprits, les tristes images dans certains pays africains dont l’unité nationale et la cohésion sociale sont en lambeau, parce que tombés aujourd’hui dans un gouffre politico-social. Jusqu’ici, le bilan des pertes en vie humaine enregistré est très lourd. Quatre morts disent certaines sources, tous des jeunes de classe sociale moyenne. Ces derniers, dans l’inconscience juvénile, ont voulu porter un combat dont ils ignorent eux-mêmes les fondements. Paix à leur âme. Mais, la triste vérité est que, tout comme les martyrs du «23 Juin», leurs familles éplorées resteront les uniques perdantes dans une affaire purement privée et personnelle, devenue par la maladresse des instructeurs du dossier, une affaire d’Etat. Comment en est-on arrivé là ? Tout est parti d’une histoire de mœurs dans un salon de massage qui a atterri sur la place publique. Il s’agit d’une histoire de viol dans laquelle, le leader du Pastef-les Patriotes est accusé. Se démarquant de son attitude courageuse dans l’affaire des 94 milliards, dans laquelle, il était le premier à saisir la justice, l’accusé a fait une glissade en étalant le dossier sur le terrain politique. Une manière peut-être pour lui, de se soustraire à la Justice. Au regard de ses nombreuses sorties ainsi que ses proches, et des conséquences, l’on peut dire, sans risque d’être démentis, que ce dossier de mœurs a été l’élément déclencheur de ces manifestations des populations qui expriment un «y’en a marre» social. D’une affaire de viol, on est passé à l’appel à l’insurrection, à un mortel combat, à une accusation de trouble à l’ordre, à libérer Ousmane Sonko, à Macky dégage… et à quoi encore demain ? La bataille pour la libération d’Ousmane SONKO a provoqué une violence physique et verbale jamais vue dans ce pays depuis 1960. La furie des manifestants n’a rien laissé sur son passage. Les Sénégalais ont assisté à des scènes de guérilla de rue d’une violence inouïe et d’une terreur inégalable que le pays n’a jamais connues depuis sa fondation. De tels écarts dans les comportements, les excès dans les discours de l’élite politique (opposition comme pouvoir) ne peuvent être cautionnés, au regard des acquis que nous avons obtenus de hautes luttes en matière de démocratie, de défense des libertés et de civilisation. N’est ce pas le Sénégal est considéré comme l’un des pays les plus stables de la sous-région ? Nous invitons notre élite politique à s’engager dans le sens de la stabilisation de notre pays et du renforcement de la cohésion sociale. Car, il est évident que personne ne bénéficiera de l’escalade de violence, ni de l’effondrement de cette Nation. Et aujourd’hui, il serait inacceptable que ce pays sombre dans l’irréparable de la seule faute de l’inconscience d’une classe politique pourtant arithmétiquement minoritaire comparée au reste de la population sénégalaise. Ces événements ne cachent-ils pas d’autres projets cachés sous la table, au regard de la réaction de certains acteurs politiques et de la Sociétés civile à la suite de la sortie du ministre de l’Intérieur ? D’aucuns estiment qu’à la place du ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome, c’est plutôt le président Macky Sall qui était attendu pour tenir un discours d’apaisement. Quelle que soit la personne qui parle, le plus important c’est que cette volonté d’apaisement soit partagée par tous les acteurs politiques et les citoyens de manière générale. Par ailleurs, l’on se demande, quelle suite faudra-t-il donner à ces actes de violence et criminels perpétrés un peu partout dans le pays ? A titre d’exemple, combien de sénégalais employés d’AUCHAN sont en chômage technique depuis le début des manifestations ? La plainte de la citoyenne Adji Sarr, va-t-elle finir ses jours, dans la poubelle de la Section de recherche ? Ses droits doivent-t-ils être relégués au second plan, parce qu’elle est issue d’une famille démunie, de pécheurs des Iles du Saloum ? Veut-on ériger l’impunité en règle dans ce pays? Faudra-t-il, au nom de l’apaisement, stopper le chrono judiciaire, parce qu’il s’agit d’un homme politique ? Que faut-il faire des autres sénégalais poursuivis ou condamnés pour viol et qui sont en train de purger leur peine ? Faudra-t-il les libérer tous parce qu’il y a la jurisprudence Sonko/Adji ? Ou bien, faut-il bâtir un Sénégal nouveau, sans Tribunaux ? Imaginer si la Justice avait jugé et blanchi Ousmane Sonko, l’immense fierté qui habiterait sa famille, ses proches, ses amis et ses militants. Et, il n’est pas tard pour s’engager sur cette voix, car seule la justice pourra trancher ce contentieux. LA COLERE DES CITOYENS Aujourd’hui, l’affaire Sonko/Adji, a permis aux populations d’exprimer leur sentiment par rapport à la gouvernance politique, sociale et économique du pays. Elles ont envoyé un message à l’Autorité pour une meilleure transparence dans la gestion du coronavirus, par exemple. Cette pandémie qui a engendré des conséquences désastreuses sur notre économie avec ses lots de drames sociaux surtout dans le monde rural et dans la banlieue. Par ailleurs, le couvre-feu a détruit le secteur informel plongeant de nombreux ménages dans une résilience atroce. Il s’agit alors, de préoccupations légitimes par rapport auxquelles le peuple interpelle le régime en place qui, il faut le dire, n’a pas jusqu’ici satisfait les attentes des citoyens, dans beaucoup de secteurs notamment la Santé, l’Education, l’Emploi des Jeunes… Toutefois, demander le départ du président de République démocratiquement élu par les Sénégalais relève de l’incohérence abjecte et d’un manque de fair play notoire. Il faut éviter d’inaugurer à travers cette affaire, l’ère des «mandats écourtés», comme on en connait dans certains pays africains où un petit regroupement peut faire tomber un régime. Exiger le départ du président, c’est créer les conditions d’une chute des prochains régimes, à la moindre manifestation de rue, même si, c’est pour exiger la baisse du prix de l’électricité. Exercer une pression politique sur un dossier judiciaire qui concerne deux citoyens, relève d’une démarche purement politicienne, d’autant plus que, les auteurs de ces agissements, ont toujours décrié et pointé du doigt, une justice sous commande. Pourquoi, exigent-ils aujourd’hui, une justice à sens unique contre la présumée victime ? Ce serait vraiment dommage pour le Sénégal et pour la postériorité, que la justice ne fasse pas la lumière sur l’affaire Sweet Beauty, comme ce fut le cas pour d’autres dossiers judiciaires dans le passé. On se rappelle l’assassinat du juge Me Babacar Sèye. Une affaire qui cache encore aujourd’hui, beaucoup de zones d’ombre, après la loi d’amnistie votée par les députés sous le régime du président Abdoulaye Wade. Chère élite politique sénégalaise, le Peuple, ne vous laissera pas brûler ce pays ! Ndeye Dimet Ndaw