Dans un entretien, Monsieur El Hadji Bassirou Sow, Coordonnateur de la Fédération Nationale des Jeunes Afro Arabes du Sénégal (FNJAAS) lance un cri de coeur sur la situation des jeunes diplômés en arabe qui sont sans emploi.Un Message fort est ains lancé au Président Macky Sall qui a promis des programmes pour pallier au problème de chomage de la jeunesse.
« Depuis 2017, le chef de l’Etat Macky Sall n’a présidé aucune activité de jeunesse ».
1) Vous êtes le coordonnateur de la Fédération Nationale des Jeunes Afro Arabes du Sénégal (Fnjaas). Pouvez-vous nous en dire plus sur cette organisation de jeunes?
La fédération a été mise en place depuis 2016 suite au constat fait que de jeunes sénégalais diplômés en arabe ne rencontrent pas de perspectives heureuses pour leur carrière. Nous avons compris qu’il ya avait urgence de mettre en place une structure pouvant les accueillir d’abord avant de réfléchir sur les moyens de trouver des solutions durables à leurs préoccupations. Il faut dire que c’était difficile de réussir un tel pari vu le contexte difficile qui prévalait à l’époque, avec des mouvements créés sans finalité. Quand nous avons mis en place cette structure, nous voulions d’abord adopter une démarche autre que celles trouvées sur place. Après de rencontres initiées dans le but de recueillir les avis des ceux qu’on avait trouvé sur place, on avait mis en place le bureau du comité de pilotage et après quoi, on a convoqué une assemblée générale présidée par le Ministre de la Jeunesse de l’époque Mame Mbaye Niang, c’était le 31 août 2016 au Cices, en présence de 1200 jeunes arabophones. Après cette étape, on était convenus de mettre en place des bureaux départementaux de notre structure qu’est la Fnjaas, tout en rencontrant des leaders émérites dans le domaine de l’enseignement arabe. On peut citer feux le Ministre Bamba Ndiaye et l’imam Ahmed Iyane Thiam (paix à leur âme) pour bénéficier de leur expérience. Je dis rappeler que c’est à la fin de l’année 2017 que tous les bureaux départementaux de la Fnjaas ont été installés. Seulement, c’est en début d’année 2018 que notre structure nationale a initié ‘’le kalima d’Or’’ son plus important projet qui a permis à la fédération de faire une tournée nationale de concours de récital de Coran et dont la finale était prévue le 3 mars 2018 au Grand Théâtre de Dakar et présidée par le Ministre de l’Education Nationale de l’époque Serigne Mbaye Thiam. Il faut se réjouir du fait que de brillants apprenants ont été connus du public pour la qualité de leur maitrise du Coran.
En 2019, l’idée nous était venue de procéder au renouvellement de quelques bureaux départementaux, en mettant en place un nouveau plan d’actions qui prend en charge les problèmes de tous les arabisants et aussi dans le but d’apporter des solutions durables à leurs préoccupations.
1) Depuis le mois de novembre 2020, on vous aperçu dans les localités de Cambérène, Kolda, Tambacounda et Louga, dans le cadre d’une tournée nationale. Pour vous nous faire l’économie de cette tournée ?
Permettez-moi d’abord de remercier les chefs religieux à qui nous avons rendu visite et qui nous ont réservé un bon accueil. Ces remerciements vont aussi à l’endroit des autorités et autres responsables qui ont prêté une oreille attentive.
Effectivement, nous sommes en tournée nationale et nous avons déjà visité les régions que vous venez de citer. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre des programmes ‘’Un arabisant, un projet’’, ‘’un arabisant, un financement’’. Le prétexte es connu de tous pour l’avoir expliqué et réexpliqué partout où nous sommes allés. Tout le monde sait qu’avant l’avènement du Président Macky Sall à la tête du Sénégal, les arabisants ont toujours éprouvé des difficultés de tous ordres. C’est pourquoi, nous avons bien accueilli les nombreuses initiatives qu’il a prises en voulant satisfaire nos doléances. On peut citer l’instauration du Baccalauréat Arabe, mais après 6ans, nous avons constaté que plus de 12 000 jeunes diplômés en arabe rejoignent le marché du travail. Ensuite, le Ministère de l’Education Nationale, fait noter la participation pour le Bac Arabe de 5154 candidats chaque année, soit 25000 arabisants au total et ceci depuis 2016, sans compter leurs devanciers bénéficiaires du Bac de l’ancienne école. A cela, s’ajoutent les nombreuses difficultés causées par la pandémie du Covid 19 qui a fait que nombre de ces jeunes arabisants se sont retrouvés au chômage. Au constat de tout cela, le bureau de la fédération s’est réuni pour peaufiner des stratégies urgentes à mettre en oeuvre pour redresser le blason de ce que doivent être nos pensionnaires. C’est ainsi que deux commissions ont été installées : la commission sociale dont la mission est d’accompagner les impactés de la maladie à coronavirus et la commission chargée des projets et formations pour dérouler des stratégies : d’où le programme ‘’un arabisant, un projet dont l’objectif est de faciliter aux jeunes arabisants des moyens de leur trouver un emploi. L’autre aspect est de les orienter vers les structures de l’Etat pour pouvoir bénéficier des offres du service public comme la DER. L’autre objectif est de faire un diagnostic et un mémorandum de 19 points à rendre au chef de l’Etat pour qu’il veille à la situation des arabisants dans le cadre de la formation, l’emploi et l’insertion. C’est ce qui explique la publication du communiqué du Conseil des Ministres du 27 septembre 2020 où d’importantes directives ont été données à l’endroit des arabisants. Revenant sur l’organisation de la tournée qui s’est déroulée malgré que nos moyens sont trop limités, on se réjouit du fait que nous sommes allés voir nos jeunes pensionnaires dans les régions pour les sensibiliser et établir des stratégies de communication ave eux sur l’opportunité qu’ils sont en droit d’attendre de l’Etat. C’est ce qui explique qu’aujourd’hui, 100 arabisants bénéficient du financement de la DER. Maintenant, le nouvel objectif est de ficeler un programme de financement de 840 arabisants d’ici la fin de l’année. Nous félicitons à cet effet le Délégué Général Papa Amadou Sarr dont nous pensons que la structure est bien en mesure d’apporter des solutions au chômage des jeunes.
2) Le pays est marqué ces deniers jours par de chaudes manifestations, allant jusqu’à inciter le chef de l’Etat à faire une adresse la nation. En tant que leader d’une structure de jeunes, quelle lecture en faites vous ?
D’abord, nous estimons qu’on est dans une situation difficile qui fait appel à beaucoup de consensus. Assister impuissant à des scènes où de jeunes sénégalais perdent la vie n’est pas chose aisée. C’est incompréhensible, mais avant toute chose, nous présentons nos condoléances aux familles éplorées e souhaitons prompt rétablissements aux nombreux blessés. Toute cette situation est résumée dans le proverbe arabe qui stipule que nul ne peut repousser ce qui doit arriver. Secundo, chacun doit avoir sa propre lecture de la situation, mais personnellement, je pense que l’absence d’associer les jeunes aux prises de décision peut être considéré comme un handicap majeur. Ensuite, le fait d’ignorer de manière générale les difficultés des jeunes peut être source de problème sans oublier les méfaits du coronavirus qui a fini de bouleverser notre fonctionnement quotidien. Aussi, il faut déplorer le fait que 70% de la population est jeune e qu’po ne les associe aucune aux prises de décision, même pour des choses qui les concerne directement. Là aussi, on est au regret de constater que ceux qui ont plus de 70 ans dictent encore leur loi aux jeunes cadres et intellectuels.
Aujourd’hui, quelle est la structure de l’Etat (direction nationale, parti politique, ou même ministère) où tu peux voir un jeune prendre des décisions ? Il n’y en a assurément pas, car, tout vient d’en haut et tout est dicté.
Il y a comme une sorte de vide entre le chef de l’Etat et sa jeunesse, cela me fait extrêmement mal. Imaginez que depuis 2017, jusqu’à l’heure où nous parlons, le chef de l’Etat Macky Sall n’a présidé aucune, aucune et aucune autre activité de jeunesse. Ce n’est dans l’APR ni dans l’opposition, encore moins dans les universités. Donc, le vide s’agrandit forcément entre lui et les jeunes de ce pays. C’est ce qui explique que beaucoup d’entre eux ne le connaissent pas outre mesure. Et tant que ce vide perdure, ces genres de situation ne sont pas loin d’être renouvelés, et pourtant, il a beaucoup investi pour la jeunesse. Mais cela n’a pas trop d’impact chez les jeunes qui ne le connaissent même pas. Par ailleurs, il est important de savoir que ceux à qui il a donné des responsabilités ne l’aident pas trop. Imaginons qu’un leader comme moi qui dirige plus de 4000 jeunes éprouve toutes les difficultés pour avoir une information ou une orientation, encore moins une audience d’une direction ou même d’un ministère. D’ailleurs, on a tous entendu le Président du CNJS, M. Khadim Diop décrire une situation pareille, à plus forte raison pour un jeune qui n’est pas responsabilisé et qui vacille entre les structures. Pour ces genres de situation, je reste convaincu que seul le président est en mesure de trouver une solution.
3) 4) Le Président de la République a annoncé recevoir prochainement les mouvements de jeunesses avant de tenir le 10 avril prochain, le premier conseil national de l’emploi et de l’insertion des jeunes. Quelles en sont vos appréhensions ?
Je dois révéler mes craintes de voir ce qui se faisait se renouveler encore une fois. C’est à dire que les 70 ans continuent de diriger encore et toujours les jeunes. Parce qu’on a entendu encore le même Khadim Diop leader du CNJS dire que lorsqu’on mettait en place le CNIEj, il n’a pas été impliqué du tout. Tout comme nous qui dirigeons un groupe de plus de 4000 jeunes, on en est au même niveau d’informations que tout le monde. Mais, si les informations que nous glanons sont avérées, alors là, le Président doit encore revoie sa méthode. Je ne vais m’épancher sur cette question, parce qu’on peut bien faire partie des structures qui seront invitées au palais. Si c’est le cas, nous avons par devers nous des réflexions, des idées et des documents déjà ficelés. Nous avons en définitive de bons arguments. Il y a aussi des jeunes qui, si le Président les écoute, peuvent apporter des solutions, mais le problème est de savoir s’ils auront la possibilité d’être écoutés.
4) Faites vous partie de ceux qui seront reçus au Palais ?
Oh, nous avons bon espoir. Si on en fait partie, je juge que c’est chose normale, parce qu’une structure qui porte l’avenir de 12000 jeunes et qui initie des projets jamais vus depuis 1960, parmi les jeunes diplômés en Arabe et les difficultés qu’ils rencontrent quotidiennement, j’estime que nous devons faire partie des jeunes et leaders de groupements de jeunesses à être reçus en premier. Mais nous laissons l’initiative au chef de l’Etat quia le dernier mot et on reste à son écoute.
5) Quelle lecture faîtes vous de l’actualité politique nationale ?
Comme Dieu SWT l’a dit dans le Coran, « Qu’on ne fasse pas de privation au détenteur de la vérité ». Ensuite, n’oublier pas que je suis militant de première heure dans le parti du Président de la République, mais le contrat qui me lie Macky Sall est de voir comment venir à bout des difficultés des diplômés en arabe. Toutes nos initiatives sont en effet orientées vers comment trouver des solutions aux préoccupations des arabisants. Nous y travaillons quotidiennement pour qu’avant le départ de Macky du pouvoir, tous les droits des arabisants soient restaurés. Les hommes passent mais les institutions demeurent.
Votre dernier mot
J’en appelle à plus de sérénité et de calme pour une sociale apaisée. Mais aussi, je réaffirme mon soutien indéfectible au chef de l’Etat le Président Macky Sall, tout en le félicitant pour la posture remarquable prise pour apaiser la tension et dont je l’invite à persévérer davantage. Nous le félicitons surtout pour l’appel d’ouverture qu’il a lancé et nous attendons qu’il reçoive la jeunesse de son pays, mais surtout nous lui demandons de veiller à ne laisser personne s’interposer entre lui et les jeunes forces vives de la nation. Même le Prophète Mohamed (PSL) mettait au devant les jeunes à chaque situation conflictuelle, simplement parce qu’il savait l’importance de la jeunesse dans la vie d’une nation.