« Antoine Diome a fait une mauvaise appréciation de ladite loi » Les juristes tirent sur le ministre

L’enseignant chercheur à la Faculté des sciences juridiques et politiques à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Serigne Thiam rame à contre-courant du communiqué du ministre de l’Intérieur portant sur les menaces de dissolution du Pastef, si toutefois il recevait des subsides provenant de l’étranger. Expliquant la notion d’étrangers dont fait cas la loi n°81-17 du 6 mai 1981 relative au financement des partis politiques, il a estimé que le ministre Antoine Félix Abdoulaye Diome a fait une mauvaise appréciation de ladite loi et qu’il faudrait qu’il revienne à de meilleurs sentiments.

«A mon humble avis, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome a fait une fausse appréciation, une appréciation non conforme par rapport à la réalité de la loi sur le financement des partis politiques. Parce que, quand il rappelle la règle selon laquelle les partis politiques ne peuvent recevoir des cotisations, des dons et des legs que provenant des adhérents, il oublie qu’il peut y avoir des adhérents d’un parti politique qui sont à l’extérieur. Il fait une confusion par rapport à la condition de la Nationalité. Je rappelle qu’être un national ne signifie pas être sur le territoire du Sénégal. Tous les Sénégalais de la diaspora sont des nationaux, tout comme ceux qui sont à l’intérieur du territoire. Comme quoi que tous les étrangers qui sont à l’intérieur du territoire ne sont pas considérés comme des nationaux. Du coup, je pense qu’il s’est trompé d’analyse sur ce point. A ce niveau, ce communiqué loin d’être positif, sera très mal apprécié et il dénote encore une ambition plus ou moins cachée de briser l’élan des partis politiques qui peuvent avoir un assentiment national. Le Pastef, qu’on le veuille ou pas, est un parti politique d’envergure qui a un avenir probant. Sur ce, viser le financement des partis politiques par rapport à des dons, des legs et des participations de Sénégalais qui sont à l’étranger, et vouloir parler de dissolution, c’est trop vite aller en besogne. La dissolution d’un parti politique ne répond pas par rapport au financement extérieur. Conformément aux cahiers des charges, si on veut dissoudre les partis politiques, il faudrait vraiment une violation flagrante des conditions qui leur ont été données lors de leur demande d’existence. Je rappelle que le lundi 17 septembre 2011, Leeral.net avait dit que la diaspora avait payé la caution du candidat Macky Sall pour les élections de 2012, en raison de 65 millions. Lui-même, sur les plateaux de télévision, avait rappelé tous les soutiens qu’il avait eus provenant des Sénégalais de l’intérieur et de l’extérieur et des bénévoles qui ont eu à participer aux activités de son parti. Donc, si Macky Sall revient aujourd’hui avec son ministre de l’Intérieur pour dire qu’ils peuvent dissoudre un parti politique qui essaie de s’organiser, par rapport à ses activités, qui demande à ses adhérents de participer, à mon avis, ce n’est pas quelque chose dont ils devaient s’alarmer. D’autant plus que tous les partis politiques qui existent au Sénégal fonctionnent de la même manière. Donc, le ministre Antoine Diome a fait une fausse lecture, une fausse appréciation de la loi gouvernant le financement des partis politiques, c’est à dire la loi n°81-17 du 6 mai 1981 relative au financement des partis politiques. Il faut qu’il sache raison garder et ne pas créer des polémiques ».

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